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Îles (8) : eau douce - fleuves-lacs

iles 8 - fleuve - carte Ile aux Coudres - BNF Gallica.jpg

Kim Ki-duk, Pierre Perrault, Darius Milhaud, Île-aux-Coudres

publié le par Yannick Hustache

Tout au long de l'été, chaque vendredi, PointCulture vous emmène en expédition littéraire, musicale et cinématographique sur les îles. Au centre, la montagne. D'Islande au Pacifique, des Hébrides au golfe du Mexique, du Sri Lanka aux portes de Sumatra, en passant par les îles Éoliennes, tournez volcans devenus vieux, tournez fières montagnes...

Sommaire

Pierre Perrault [et Michel Brault] : Trilogie de l’Île-aux-Coudres (1963-1968)

L’Île-aux-Coudres est une île située sur le fleuve Saint-Laurent au Québec. À l’été 1956, intéressé par le collectage de chansons populaires, Pierre Perrault découvre la région de Charlevoix (en aval de la ville de Québec) en compagnie de Yolande Simard, sa femme et collaboratrice, qui y est née. Avec Jacques Douai, Perrault y interviewe des habitants qui ont de nombreuses anecdotes à raconter qui feront la matière de la série d’émissions radio Au pays de Neufve-France puis de la série télévisée documentaire du même nom. Au début des années 1960, il rencontre le cinéaste Michel Brault, qui lui propose de tourner le film que Perrault prévoit de consacrer à la pêche au béluga (marsouin) selon les modus operandi du cinéma direct (caméra légère, son direct). De 1962 à 1968, dans un contexte où le cinéma québécois est à la pointe du cinéma documentaire mondial, Perrault tournera trois longs et un court métrage à l’Île-aux-Coudres. Les trois films travaillent la question de la mémoire et de l’histoire populaire et partent – en cinéma – à la recherche du passé, en compagnie des derniers témoins d’une technique de capture des bélugas abandonnée depuis 1924 (et recréée, revécue une dernière fois, Pour la mémoire du monde en 1963) ou de la construction de goélettes en bois, déjà supplantées alors par des bateaux en métal, moins chers et plus rapides (Les Voitures d’eau, 1968). Pour Le Règne du jour (1967), Perrault part avec un couple d’habitants de l’île – et personnages principaux de son premier opus – à la recherche de leurs ancêtres en France. [PD]



Darius Milhaud : Paris, Suite pour quatre pianos, 1948 (Montmartre – L’Île Saint-Louis – Montparnasse – Bateaux-mouches – Longchamp – La Tour Eiffel)

Durant longtemps, l’Île Saint-Louis, petite île de la Seine côtoyant l’Île de la Cité qui abrite la Cathédrale Notre-Dame, fit office de pâturages pour les vaches, de terrain de tir à l’arc et de pré de séchage pour les lavandières. Sans pont, on y accédait uniquement en barque. En 1614, Louis XIII chargea l’entrepreneur Christophe Marie de travaux d’urbanisme dans la ville de Paris et sur cette petite portion de terre. Le chenal qui coupait l’île Saint-Louis en deux fut comblé, des habitations et de grands hôtels furent érigés, des quais entourèrent le tout et des ponts facilitèrent son accès. La réplique de Dorante, dans Le Menteur de Corneille, fait allusion à cette opération d’envergure :

« Paris semble à mes yeux un pays de romans.

J'y croyais ce matin voir une île enchantée :

Je la laissai déserte, et la trouve habitée ;

Dorante (Corneille, Le Menteur – 1644) »

Pendant l’occupation allemande, le compositeur Darius Milhaud avait dû émigrer aux États-Unis pour échapper au double danger que constituait sa judéité et son statut de « compositeur dégénéré », c’est-à-dire de musicien composant de la musique jugée décadente par les nazis. Milhaud avait adopté un style où intervenaient des jeux complexes de rythmes et de tonalités superposées (polyrythmie, polytonalité), qui détonnait avec les musiques plus conventionnelles chères aux oreilles nazies.

À son retour en France à la fin de la guerre, il composera une suite pour quatre pianos, évoquant en six tableaux les atmosphères typiques de Paris. La pièce L’Île Saint-Louis est la deuxième. Encadrée par Montmartre et son univers en ébullition, et l’énergique Montparnasse, sa musique contraste par son tempo lent. Elle s’écoule paresseusement dans un doux balancement en trois temps, comme une pause dans la visite de la Ville Lumière. (NR)


Printemps, été, automne, hiver... et printemps - Kim Ki-duk (Corée du Sud, 2003 )

À une période indéterminée de l’histoire de la Corée moderne, un vieux moine et son (jeune) disciple vivent en quasi-autarcie dans un temple bouddhiste posé au milieu d’un lac, au fin fond d’une vallée isolée. Seule une barque les relie au reste du monde. Découpée en cinq saisons qui sont autant de moments clés dans la vie des deux hommes et retracent le cheminement et les errances du disciple dans sa patiente initiation à l’idéal bouddhiste. Enfant (printemps), le jeune adepte fait preuve de cruauté envers des animaux et finit par en éprouver du regret. Devenu adolescent (été), il découvre l’amour et la sexualité avec une jeune femme pour laquelle il s’enfuit du temple. En fuite pour le meurtre de sa compagne (automne), le disciple, devenu adulte, revient au temple où son maître lui intime de réaliser une gravure sur bois. Une fois celle-ci terminée, le maître se suicide tandis que le disciple est emmené par la police. Le même revient sur les lieux des années plus tard (hiver) en tant que nouveau maître. Une femme et un jeune enfant le rejoignent, avant que la mère ne meure accidentellement noyée dans les eaux glacées du lac. L’enfant devient à son tour disciple, et se laisse aller à de coupables élans de cruauté envers des animaux…

Film moral, mais non moralisateur, même si la place laissée aux femmes dans ce film peut poser question, allégorie du déroulé de l’existence et du théâtre douloureux des passions humaines, le film de feu Kim Ki-duk est d’une beauté sans pareille dans le chatoiement perpétuel des couleurs épousant le cycle des saisons, et dans le contraste entre le dépouillement relatif de sa mise en scène et l’omniprésence de l’élément liquide. (YH)


Une médiagraphie de l'équipe rédactionnelle de PointCulture : Philippe Delvosalle, Nathalie Ronvaux et Yannick Hustache.

Un feuilleton estival en 8 épisodes

image de bannière : Jacques-Nicolas Bellin (1703-1772) : Carte du fleuve Saint-Laurent [dont l'Île-aux-Coudres] - source : BNF / Gallica