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Dracula, pourquoi pas ?

bannière médiagraphie Dracula - Nosferatu
À l’occasion des représentations de "Dracula, Lucy’s Dream", les 9 et 10 février prochains, PointCulture s’associe au 140 pour revenir sur l’histoire du mythe créé par Bram Stoker il y a 125 ans. Un mythe qui s’est vu adapté bon nombre de fois, au gré des traductions ou des adaptations cinématographiques et radiophoniques.

Sommaire

Pour reprendre les mots du cinéaste belge Olivier Smolders (dans son livre récent Nosferatu, contre Dracula) : « Peu de personnages de fiction auront été à ce point écartelés entre deux mondes, l’art sublime et la culture de masse, l’opéra magnifique et les plus douteux films de genre. »

Voici donc une médiagraphie non-exhaustive mais saignante à déguster à pleines canines.

Bon spectacle et bonne lecture !



Friedrich Wilhelm Murnau : Nosferatu le vampire (Allemagne, 1922)

Dans cette adaptation non autorisée du livre de Bram Stoker (changeant entre autre les noms des personnages pour ne pas payer de droits d’auteur), Hutter, un jeune clerc de notaire allemand fraichement marié se rend en Transylvanie pour régler la vente du château du comte Orlok. Un vieil homme sinistre, qui, fasciné par le portrait de la jeune épouse de son visiteur, Helen, débarque à Wisborg - la ville imaginaire où vit le couple, et où l’attendent ses serviteurs (dont un Hutter envouté). Son arrivée coïncide avec le déclenchement d’une fulgurante épidémie de peste et d’une vague d’actes malfaisants. Comprenant que seul son sacrifice permettra d’arrêter le vampire (et de libérer son mari de son emprise), Helen retiendra le prédateur auprès d’elle, bien incapable de résister au plaisir de mordre une victime en apparence consentante. Au point d’en oublier l’aube et ses rayons de soleil mortels. Un chef d’œuvre « optimiste » du cinéma expressionniste qui voit l’amour triompher des plus terribles oppressions. [YH]


Tod Browning : Dracula (États-Unis, 1931)

Tourné en 1931 par l’Américain Tod Browning, Dracula est l’adaptation d’une pièce de théâtre, elle-même inspirée par le roman de Bram Stoker de 1897. Ce film crée l’archétype du vampire dans l’histoire du cinéma, grâce au personnage joué avec brio par l’illustre Bela Lugosi. Les décors gothiques sont superbes et font frissonner, de même que les ambiances. C’est un film très silencieux, tourné à l’aube du cinéma parlant, et avec juste deux airs musicaux, l’un pour le générique de début, l’autre lors d’un concert auquel assiste Dracula. Philip Glass composera une musique pour le film en 1999. Cette version est fort courte avec juste 75 minutes – une version de 85 minutes a existé mais certaines scènes ont été censurées en 1936 à l’époque du Code Hays (régulant la production de films en listant ce qu’il est convenable de montrer ou non à l’écran). [ASDS]


Orson Welles : Dracula (dramatique radiophonique – États-Unis, 1938)

« The Mercury Theatre on The Air presents Orson Welles as Count Dracula in his own version of Bram Stoker’s great novel Dracula ! » En 1938, le futur géant du cinéma est âgé de 23 ans et n’a pas encore réalisé son premier film Citizen Kane (1941). Au théâtre, il vient de mettre en scène une version de Macbeth jouée par des acteurs afro-américains et de fonder à Broadway le Mercury Theatre. En juillet 1938, avec Dracula, il lance sur les ondes CBS Radio l’émission hebdomadaire dont il sera à la fois le producteur, le metteur en ondes, le présentateur, le narrateur et l’acteur – et qui rentrera dans l’histoire le 30 octobre de la même année par certains effets de panique (bien réels) suscités par sa mise en ondes très réaliste de l’invasion martienne de La Guerre des mondes de H.G. Wells. Sa version de Dracula est à la fois un exercice virtuose de densification d’un roman-puzzle de 450 pages en une heure d’antenne et un recours à toutes les possibilités de l’art radiophonique de l’époque (effets sonores, bruitages) [PD]

Terence Fisher : Le Cauchemar de Dracula (Royaume-Uni, 1958)


Terence Fisher : Le Cauchemar de Dracula (Royaume-Uni, 1958)

De 1958 à 1974, la Hammer Film Productions a produit sept films* ayant pour figure centrale le comte Dracula. Ces productions britanniques mêlant horreur et fantastique ont eu un impact durable sur la culture populaire en renouvelant la perception du mythe : de riches costumes, des décors extravagants et inquiétants, des couleurs flamboyantes s’opposant à des tonalités terreuses par des jeux de lumière subtils et l’interprétation des deux acteurs-phares Peter Cushing (Van Helsing) et Christopher Lee (Dracula). Dès le début, Dracula a ravi le public et enragé la censure, notamment à cause de l’érotisme latent ou suggéré de certaines scènes : des jeunes femmes légèrement vêtues dans la nuit (esclaves ou futures victimes) s’offrent malgré elles au fameux baiser du vampire… Le regard magnétique, Dracula contrôle ses proies féminines, les amenant jusqu’à lui pour leur dévoiler la blancheur de leur gorge… et leur infliger une morsure dans le creux du cou. Les belles succombent à l’assaut de ses canines dans un râle équivoque. [MR]

*En réalité, la franchise « Dracula » compte 8 productions mais dans le deuxième film – Les Maîtresses de Dracula – le comte n’apparaît à aucun moment... Ce sont d’autres vampires qui sortent les crocs !


Werner Herzog : Nosferatu, fantôme de la nuit (Allemagne-France, 1979)

En 1979, pour son septième long métrage, Werner Herzog signe un film qu’il considère moins comme un strict remake du film muet de Murnau que comme un retour au roman de Stoker (les personnages de Dracula retrouvent leurs noms initiaux) et un hommage (dans un autre contexte social, artistique et cinématographique) au cinéma expressionniste allemand. En 1974, apprenant que Lotte Eisner, historienne du cinéma et grande « redécouvreuse » de l’expressionnisme (via son livre L’Écran démoniaque, 1952) était gravement malade, Herzog entreprend de lui rendre visite à pied, marchant 800 km de Munich à Paris – ce qui souligne, si besoin en est, à quel point il s’inscrit dans un héritage qui le lie à une génération de grands-parents plutôt que de parents. Pour son Nosferatu, Herzog retrouve son « meilleur ennemi » l’acteur Klaus Kinski, convoque Bruno Ganz et – co-production française oblige – Isabelle Adjani dans le rôle de Lucy. Tourné en décors naturels dans une mise en scène de haute précision, mis en musique par Popol Vuh, le film propose un vampire triste, presque doux très humain. [PD]


Francis Ford Coppola : Bram Stoker’s Dracula (États-Unis, 1992)

Quand Francis Ford Coppola s’attaque au mythe de Dracula, il réalise un film flamboyant, aux costumes et décors inspirés par l’Art nouveau, tout en y insufflant des atmosphères gothiques et un érotisme latent, lié à la sexualité réprimée de la fin du 19e siècle. Gary Oldman est un vampire troublant, aux deux visages, celui d’un vieil homme mystérieux et quasi momifié mais aussi celui d’un séducteur à l’extrême sensualité, très différent du standard créé par Bela Lugosi. La composition de Wojciech Kilar soutient les images avec une musique qui capture parfaitement le côté horrifique et en même temps pathétique du personnage mais des passages traduisent aussi la volupté et l’extase, comme dans la scène où Dracula attaque Lucy après l’avoir hypnotisée et soumise. [ASDS]


Guy Maddin : Dracula, pages tirées du journal d’une vierge (Canada, 2002)

Objet ultra poétique, ce film improbable provoque la rencontre entre le roman, le Canada's Royal Winnipeg Ballet et la musique de Mahler. Guy Maddin fait de son Dracula une métaphore des désirs de la femme face à la place qu’on lui réserve dans une société enclavée. Le prince de la nuit devient ici l’objet des fantasmes qui permet à la condition féminine de s’émanciper, n’étant plus que séduction, érotisme et liberté alors que les hommes n’y sont que domination, vengeance et meurtre. Même si on retrouve la trame narrative de Stoker remaniée « à l’efficace », cette œuvre est autant un hommage au film muet dans son ensemble qu’à l’expressionnisme allemand dans ses cadrages, les plans en iris, certaines perspectives tronquées et volontairement baroques. Il s’y déploie une maestria moderne où se conjugue la dramaturgie, l’esthétique et les corps qui virevoltent ou s’entrechoquent. C’est incontestablement beau et évocateur. [JJG]


Steven Moffat & Mark Gatiss : Dracula (mini-série télévisée, Royaume-Uni 2020)

Tout auréolé du succès de l’adaptation de Sherlock Holmes en 2010, le duo Steven Moffat et Mark Gatiss décide de se frotter à Dracula, autre personnage important de la littérature britannique. Mini-série de trois épisodes où les deux acolytes rendent hommage à l’œuvre de Bram Stoker tout en se permettant de nombreux écarts à la fois horrifiants, oppressants et même parfois drôles. Ces incartades entre le château du vampire (le même que dans la version de Murnau), la traversée vers l’Angleterre et un saut vers notre époque contemporaine n’extirpent en rien l’essence même du personnage du Comte. Jeu de séduction, dimension sexuelle et réflexion autour de la vie et de la mort. Ensemble interprété tout en élégance et finesse par l’acteur danois Claes Bang (cf. The Square) [StS]

pas encore édité en DVD - pas en collection à PointCulture


Une médiagraphie réalisée en janvier 2023 par Anne-Sophie De Sutter, Philippe Delvosalle, Jean-Jacques Goffinon, Yannick Hustache, Marc Roesems et Stanis Starzinski pour le Théâtre 140.


Téléchargement pdf : Dracula, pourquoi pas ?

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