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Focus

PointCulture Namur : Vlek – les dix premières années du label

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Une carte blanche au Delta de Namur, trois concerts, une exposition et une rencontre, l’occasion de revenir sur les dix ans d’existence du label Vlek.

Plutôt que d’un bilan, c’est plutôt d’une actualité bien remplie qu’il s’agit ici. Le label poursuit son travail d’édition artisanal avec un nouveau disque présentant la musique électronique pastorale de Christoph Waelkens, qui sortira en février. Il fait suite à l’excellent album d’Accident du travail (Julie Normal aux ondes Martenot et Olivier Demeaux à l’harmonium et aux machines) sorti en fin 2019. D’autres projets comme les disques de Sage Alyte (le duo de Roxane Métayer et David Jarrín-Zabala) et Anaïs Tuerlinckx sont en préparation.

Avec une trentaine de productions en dix ans déjà, le label démontre son endurance et sa persévérance. Il mise depuis ses premières sorties sur un fonctionnement patient, dont le volume d’activité lui permet de soutenir une vitesse de croisière praticable. Aujourd’hui entièrement menée par deux personnes – Thomas Van de Velde et David Maurissen (et des collaborateurs attitrés) – depuis le départ du troisième fondateur Julien Fournier, l’opération a été pensée de manière rationnelle, depuis le nombre d’exemplaires pressés jusqu’au circuit de distribution, en passant par le partage des tâches de chacun. Chaque étape accompagnant le trajet d’un disque est clairement réfléchie, comme la manière d’utiliser des plateformes comme bandcamp, ou de trouver des solutions créatives pour éviter les frais exorbitants réclamés par la poste belge (un sujet épineux qui peut rapidement poser des problèmes insolubles à un label spécialisé en vinyles).

Le choix des artistes a suivi la vie du label et son inscription dans la scène belge. Interprété à ses débuts comme un label de musique électronique, pour ses premières productions – une bande de connaissances comprenant Cupp Cave (aka KingFisherg, Sineshine, Ssaliva), Hermutt Lobby, Squeaky Lobster, etc –, Vlek s’est progressivement décroché de toute catégorisation en explorant d’autres territoires, au coup par coup, parfois dans des directions plus pop (Baleine 3000, Lawrence Le Doux, etc.), parfois plus expérimentales (Aymeric de Tapol, Yann Leguay, etc.). Le lien entre tous ces musiciens est qu’ils sont proches du label et de ses créateurs. Fait assez rare pour les labels indépendants contemporains, Vlek est fidèle à ses artistes, qu’il accompagne souvent au fil de plusieurs productions, traçant leur parcours et documentant leur évolution.

Le label élargit aujourd’hui son répertoire à deux artistes/groupes français inscrits dans les activités de la scène bruxelloise : Raymonde (originaire de Lyon) et Accident du travail (originaires d’Alsace, via Paris et Rome). Le premier pratique une musique électronique qu’il décrit comme exotique, à la recherche d’un folklore technologique. Comme dans la Fourth World Music de John Hassel, samples et loops suggèrent d’autres contrées et d’autres climats, mais sans jamais se laisser circonvenir ni localiser. Les seconds accompagnent les sonorités éthérées des ondes Martenot dans des compositions flottantes gracieusement intoxicantes. Ici comme pour les autres parutions, chacun a été approché directement par le label. Pas de démos envoyées par courrier pour Vlek, il faut d’abord qu’une relation de confiance s’installe, dans la durée de préférence, pour que chaque sortie soit réellement assumée par les deux parties.

New England Digital, de Christoph Waelkens (qui joue au Delta le 1er février), le Vlek30, est encore une fois une variation inattendue sur la musique électronique. Le Bruxellois y évoque les premières heures de la colonisation de la Nouvelle Angleterre à travers des vignettes sonores naviguant entre le pastiche et la reconstitution historique. Les sonorités (rappelant les presets classiques de la synthèse électronique comme le clavecin ou la flute des claviers FM) comme les compositions ont la rigueur (la raideur presque) de la musique d’un 18e siècle imaginaire. Le résultat est surprenant, comme si Wendy Carlos avait réalisé la bande-son de Barry Lyndon plutôt que celle d’Orange mécanique.

Impossible de parler du label Vlek sans évoquer les pochettes réalisées (à une ou deux exceptions près) par David Maurissen, détournant les techniques de la typographie (letterpress) pour des résultats graphiques somptueux. Chaque pochette est imprimée à la main, à partir d’une composition abstraite en relief, mêlant matière et objets trouvés (comme les dés à jouer du Dice Pool ep de Cupp Cave). La technique artisanale assure que chaque exemplaire est très légèrement différent des autres.

L’après-midi du 1er février, organisée à Namur par PointCulture et le Delta dans le cadre de la Semaine du son, proposera des performances de Christoph Waelkens, de Sage Alyte, ainsi que d’Anaïs Tuerlinckx, pianiste bruxelloise (résidant à Berlin) qui attaque le cadre même du piano, de manière très physique, pour produire des clusters bruitistes et des masses sonores brutalistes.


Benoit Deuxant


Carte blanche au label belge Vlek


Samedi 1er février 2020 de 14h à 18h

Rencontre avec Thomas Van de Velde et David Maurissen, co-fondateurs du label.
Animée par Thierry Dupièreux


Performances d’Anaïs Tuerlinckx, Christoph Waelkens et Sage Alyte

PointCulture Namur
Le Delta
Avenue Golenvaux 14
5000 Namur

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