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Critique

MOUNTAIN REBELS

publié le

PSARANTONIS AND THE ENSEMBLE XYLOURIS: Mountain Rebels (Raki Records, 2008)

 

 

 

 

psarantonisPsarantonis est un musicien au physique déroutant et à la voix impressionnante; tout en lui évoque le sauvage, de son énorme barbe grise à sa voix rocailleuse. Surnommé « le Roi du silence » ou « le Barde sauvage » chez lui, dans le village d’Anoghia, en Crète, il est le descendant d’une grande famille de musiciens. De son vrai nom Antonis Xilouris, il est le frère des célèbres Nykos et Yiannis Xylouris, deux musiciens qui s’étaient illustrés avant lui dans la défense et l’interprétation de la musique grecque, et plus particulièrement des « rizitika », les chants les plus anciens de la Crète, littéralement « poèmes des racines », un genre vieux de plusieurs centaines d’années et toujours pratiqué aujourd’hui par les écrivains et les chanteurs crétois. Poésie lyrique, faite autant pour être déclamée que pour être chantée, elle accompagne les célébrations et comporte des chants de guerre, des appels à la rébellion comme des chansons d’amour et des poésies érotiques. Psarantonis a commencé l’apprentissage de son instrument, la lira, dès l’âge de 13 ans et s’est immédiatement lancé dans une carrière musicale entamée en 1964 avec son premier single.

Le titre de cet album Mountain Rebels désigne autant Psarantonis et son ensemble que le répertoire qu’ils interprètent, celui des habitants de la région, les montagnards du Nord de la Crète, célèbres pour leur abord bourru, leur caractère taciturne, et pour leur résistance farouche à toutes les invasions qu’a connu leur île, des Grecs aux Ottomans, jusqu’aux Allemands pendant la dernière guerre. De toutes ces invasions, la musique crétoise a retenu le meilleur, amalgamant liturgie orthodoxe, musique des cours byzantines, instruments arabes, influences orientales et anatoliennes. Psarantonis ajoute à ces traditions ses propres compositions et son jeu très particulier de la lira, le violon crétois à trois cordes. Il en tire des accents qui lui ressemblent, rudes, râpeux, arides, mais aussi singulièrement profonds et chaleureux. Car comme le veut la tradition, l’ogre est en fait un tendre et ses chansons sont aussi délicates qu’il a l’air bougon. Hirsute et revêche, Psarantonis se lance dans des chevauchées extatiques rappelant les chants de Tuva, ou des ballades passionnées, « joie et tristesse combinées » (comme le dit le morceau «Mazi Chara Kei Lipi»). Mais il livre aussi des poèmes fragiles, délicats comme des fleurs de montagne, dans lesquels sa grosse voix ne parvient pas à masquer son émotion.

Benoit Deuxant

 

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