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Critique

MY ARCHITECT

publié le

Louis Kahn s’inscrit comme l’un des plus grands architectes du XXe siècle. En 1974, au sommet de sa gloire mais criblé de dettes, il meurt subitement dans les toilettes d’une gare de New York. Sa vie, à l’image de ses édifices, fut chargée de mystère. […]

Louis Kahn s’inscrit comme l’un des plus grands architectes du XXe siècle. En 1974, au sommet de sa gloire mais criblé de dettes, il meurt subitement dans les toilettes d’une gare de New York. Sa vie, à l’image de ses édifices, fut chargée de mystère. Près de trente ans plus tard, son fils Nathaniel Kahn revient sur les traces de ce père qu’il a si peu connu…

Mené sous la forme d’une enquête passionnante, il réalise un film émouvant dont le propos est double. Désireux de comprendre à la fois le génie de ce père absent et de percer la complexité de cet homme discret, il se penche respectueusement sur la vie même de Louis, immigré juif d’origine estonienne au physique ingrat, et découvre qu’il menait quatre vies à la fois,entre son travail, sa famille officielle, ses deux concubines et les enfants nés de ces trois unions. Tout en tentant de saisir les errements sentimentaux de son père à travers de nombreuses rencontres avec son entourage, le réalisateur s’attelle à comprendre et à mettre en perspective le travail du créateur dont la qualité tardivement reconnue pris le pas sur la quantité. Au travers de documents d’archives et de multiples entretiens avec des anciens collègues et d’autres architectes notoires (tels Philip Jonhson, Frank Gehry, I.M Pei, Robert A.M Stern), Nathaniel Kahn s’interroge sur les méandres de la création et part à la découverte de ces oeuvres monumentales influencées par l’architecture antique. Avec sa caméra, il nous offre de superbes images de ces édifices universalistes, fonctionnels et d’une grande spiritualité. Cependant, les aspects techniques et artistiques du travail de son père passent légèrement au second plan au profit d’une difficile et poignante quête intime, celle d’un fils bâtard qui traque un fantôme afin de dissiper la douleur d’une absence.

Jamais pathétique et impudique, Nathaniel Kahn nous livre ainsi un film à la fois introspectif et rétrospectif, où le particulier renvoie au général, où il est question de filiation et de création. En nous offrant ce portrait intime et sensible d’un homme hors du commun, il réalise un parcours de pardon et de deuil; se libère du poids du passé et de l’influence d’un père exceptionnel; et se construit une propre identité.

Un merveilleux moment de cinéma !

Catherine Mathy

Note : « My architect » a obtenu la Médaille d’argent du meilleur documentaire long métrage et le Prix du Public au festival international de Philadelphie 2003. Il a également été nominé pour l’Oscar du meilleur documentaire en 2004.


« Les protocoles de la rumeur » : Marc LEVIN
(USA, 2005, coul., 174’)
TJ7481
Au lendemain du 11 septembre, des rumeurs ont commencé à émerger selon lesquelles la communauté juive aurait été prévenue des attentats, voire les aurait fomentés, c’est pour cette raison que près de quatre mille Juifs employés dans les tours ne se seraient pas rendus à leur travail ce jour-là.
Ce chiffre est parti d’un communiqué de presse, décompte des survivants de l’attentat. Cette information sera mal comprise, voire sciemment détournée.
Il n’en faudra pas plus pour raviver le brasier de l’anti-sémitisme, la plus ancienne forme de fanatisme humain qui soit.
Profitant de cet état d’esprit, un livre refait surface et s’arrache comme des petits pains, Le Protocole des sages de Sion. Programme juif de conquête du monde, brûlot antisémite monté de toutes pièces à la fin du XIXe siècle par la police russe. Ce texte prête aux Juifs l’intention perfide de dominer le monde en utilisant la violence et la guerre.
Piqué au vif par la résurgence de ce racisme primaire, le réalisateur Marc Levin décide de mener sa petite enquête. Accompagné de son père, il descend dans les rues de New York pour questionner tout un chacun, qu’il soit de la communauté noire, arabe, néo-nazie ou juive. Cette confrontation est parfois digne d’un débat politique de haut niveau avec son lot de déclarations à l’emporte-pièce et d’arguments sans queue ni tête.
À la différence d’un Michael Moore, Marc Levin est plus posé, il travaille plus en finesse pour essayer d’extorquer avec agilité le ver enfoui dans la grosse pomme et nous montrer que ce vieux démon, cette réminiscence de la Deuxième Guerre mondiale est, trois fois hélas, toujours bien présent sur notre terre.
Thierry Moutoy

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