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Critique

MONDE VIVANT (LE)

publié le

Sélection du mois de mars 2008 Portraits de femmes The Piano ( Jane Campion , 1993), The New World ( Terrence Malick , 2006), Lady Chatterley ( Pascale Ferran , 2006) "C’est pourtant pour cet homme, que j’ai cru si différent du reste des hommes que je […]

 

 

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S’inspirant très librement des chansons de gestes et des contes populaires, de Chrétien de Troyes à Charles Perrault, Eugène Green redécouvre le Cinéma en tant que mode d’expression et lui insuffle une nouvelle jeunesse.

A la fois épuré et d’une grande liberté de ton, Le monde vivant laisse le langage développer la pleine mesure de son pouvoir d’objectivation et, à travers la diction blanche et résolument neutre des acteurs, il s’affranchit de tout a priori trompeur. Ainsi le spectateur peut-il découvrir un lion sous la toison d’un labrador ou voir une cotte de mailles en lieu et place d’une simple chemise. La parole devient donc cette force divine qui libère l’essence de toute chose du paraître qui les emprisonne. Elle nous fait découvrir une réalité que nous ne soupçonnions même pas.

Très loin de ce que pourrait être du théâtre filmé, poseur et intellectualisant, le film se déroule sur un ton proche de la comédie que les anachronismes voulus ne font que renforcer. Mais plutôt que d’anachronisme, il conviendrait mieux de parler d’intemporalité. Car le film se conjugue au présent, celui qui combine à la fois son passé et son devenir pour le rend vivant voire immortel.

Révélateur de l’imaginaire et du pouvoir d’abstraction de tout un chacun,ce monde vivant garde les pieds sur terre et la tête dans les nuages. La caméra alterne ainsi la captation du tangible et de l’immatériel, du concret et de l’imagé. Discrète autant que complice, elle prend part à cet exercice langagier avec beaucoup de malice et d’à propos. Aucun plan ne manque, aucun n’est superflu. Et s’il elle nous montre ce qu’elle veut bien dévoiler, c’est aussi – et surtout – pour nous parler de ce qu’elle occulte sciemment.

Avec ce film à la fois humble et ambitieux, Eugène Green ouvre grandes les portes de la liberté créatrice et laisse augurer un futur rayonnant pour l’histoire du Septième Art.

 

Michaël Avenia


Deux chevaliers partent combattre un ogre pour l’empêcher de prendre une deuxième épouse qu’il tient enfermée dans une chapelle. Dans ce combat, l’un des chevaliers périra puis renaîtra par un miracle d’amour…

Le film de « Chevalerie » est sans doute un genre particulièrement guetté par un brillant d’armure trop éclatant qui cacherait en vérité son chevalier. Tout d’abord, point n’est besoin du passé pour une quête chevaleresque, quelques jeunes gens d’aujourd’hui suffisent. Point n’est besoin de tournoi grandiose et de foule colorée, un coin d’herbe, une chapelle, un chemin vallonné feront également l’affaire. Quant au chevalier au lion, un chien lui sera tout aussi profitable, il n’est que le véhicule qui vous emporte. Ce conte venu du moyen-âge pour s’inscrire dans notre présent prend  une allure d’insolite, de silence d’où émerge une parole très littéraire mais qui nomme puissamment les choses. Puisqu’on nous dit que c’est un ogre, alors c’est un ogre et quelques poils suffiront pour le voir et s’en persuader..

Et si tous ces protagonistes n’en faisaient qu’un, toutes ces histoires n’en faisaient qu’une, c’est à dire la nôtre, cette quête qui consiste à assembler l’ogre au chevalier, la mort à  la vie, ça serait bien de cela dont nous parle le film et pas de ces chevaliers rutilants mais dont le moindre déplacement oblige Hollywood à gommer le ridicule cliquetis des armures (qui serait comme la preuve que le Graal est encore loin pour eux !)... Il y a des films de chevalerie, où enfin les chevaliers tombent l’armure, Le monde vivant est de ceux là.

Philippe Leclert, médiathécaire de Blois
Espace Cinéma

 

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