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WITH WHAT REMAINS
Helena GOUGH

  • Ref. XG640A
  • ENTR'ACTE COMPACT (GBR), 2007.

L'utilisation du bruit, de sons extra-musicaux est à présent à peu de choses près rentré dans les moeurs et la mention " contient du field-recording " n'est plus nécessaire pour expliquer ou justifier la démarche d'un musicien. Découlant bien sûr de la musique concrète, mais aussi d'autres théories musicales, de l'écologie sonore à la synthèse granulaire, l'intégration d'enregistrements " de terrain " dans la composition contemporaine est aujourd'hui accepté comme un fait acquis. La définition de ce " terrain ", par contre, et heureusement, est extrêmement floue. Si certains artistes, de Chris Watson à Francisco Lopez, sont intéressés par la vue d'ensemble, par le plan large, d'autres, comme Steve Roden, s'intéressent plutôt au détail, voire au fragment microscopique. Le rapport à ces sources est également fort différent d'un musicien à l'autre. Les uns cherchent à raconter une histoire, à documenter un lieu, une époque, d'autres à l'interpréter, d'autres encore cherchent par tous les moyens à masquer leurs sources, évitant soigneusement d'établir des liens sémantiques entre les prises de sons et le résultat musical.

C'est le cas d'Helena Gough, qui base sa musique sur des enregistrements du quotidien, des petits riens, des presque riens. On sait juste d'elle qu'elle est une collecteuse de son obsessionnelle, et qu'elle n'aime rien mieux que de réduire ces sons en miettes, en débris minuscules et méconnaissables. Ce sont dès le départ des sons " anonymes ", quasi sans importance. Ils ne sont pas là pour leur valeur documentaire, ni leur signification ; rien ne transparaîtra de leur genèse, et de l'attachement ou du désintérêt d'Helena Gough pour leur origine. Un grand nombre d'artistes pratiquent le field-recording comme une discipline conceptuelle, arguant de l'aura du sujet enregistré, et de sa permanence dans l'oeuvre finale, estompant la pratique musicale pour mettre en avant l' " objet trouvé ", la rencontre accidentelle ou non avec un événement, une réalité marquante. Helena Gough, au contraire, cherche à créer à partir de peu, à partir de l'infiniment petit, de l'insignifiant. Et le décalage entre l'humilité de ces sources et l'extraordinaire musicalité qu'elle en extrait est à porter à son crédit. Au fil de pièces aux apparences statiques se dessine une gestion méticuleuse du mouvement, un enchaînement de micro-structures agencées avec un soin extrême. Dans la lignée d'un François Bayle ou d'un Robert Hampson, elle échafaude des collisions, des retournements de situations, des tensions irrésolues, pouvant éclater d'une seconde à l'autre. Chaque instant présente un nouvel embranchement, propose une nouvelle destination. Il y a une logique derrière chaque épisode, et chaque transition, chaque mutation, même si c'est sous forme de carambolage, a l'évidence et la clarté de l'intuition. Et c'est cela également qui fait de " With What Remains " un album excellent, cet équilibre subtil entre une dextérité minutieuse et une classe spontanée. (bd)

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