Troisième volume de la série Myths, sorti chez sub rosa en 1987, et reprenant trois compositeurs majeurs de l'époque : Jon Hassell, Harold Budd et Gavin Bryars. On ne parlait pas encore alors de musique ambient, même si quelque part, c'est de cela qu'il s'agit ici, sous la charmante appellation de nouvelle sérénité. Le terme ambient date pourtant de 1978, avec l'album " music for airport " de Brian Eno, première composition à se réclamer ambient . Brian Eno définit alors l' " ambience " comme " une atmosphère, une influence enveloppante, une coloration. Le but de la musique ambient est d'induire le calme et de créer un espace où réfléchir. Elle doit s'accommoder de différents niveaux d'attention dans l'écoute sans en privilégier un en particulier. "

La connexion avec Brian Eno ne se limite pas à cette définition, puisqu'il est un autre point commun aux trois compositeurs de cette anthologie. Il a en effet de par le passé produit un ou plusieurs albums de chacun, souvent sur son propre label Obscure records ('The Sinking of the Titanic' de Gavin Bryars en 1975, 'The Pavilion Of Dreams' d'Harold Budd en 1978.) Il a également régulièrement collaboré avec chacun d'eux. Les trois pièces présentées sont des compositions inédites, et constituent une bonne illustration de ce que peut être la musique ambient indépendamment de l'électronique. Chacun des trois musiciens possède un background dans la musique classique ou dans la musique improvisée.

Ni minimaliste ni répétitif, même si débutant dans ce genre, Jon Hassel par exemple a été l'élève de LaMonte Young et Terry Riley. Il a ensuite créé le concept de " fourth world music ", synthèse de technologie et de primitivisme, pour définir son approche instrumentale, associant électronique et techniques issue de la musique traditionnelle. Harold Budd à développé un style mêlant compositions atmosphériques pour piano à de subtiles touches électroniques. Gavin Bryars compose généralement pour des formations classiques. Il présente ici une pièce pour piano inédite intitulée " esquisse pour sub rosa ". Tous trois, comme c'est souvent le cas chez Sub Rosa, surfent entre les catégories, en marge du jazz, du classique et surtout du rock.Même si ce sera peut-être le public rock qui les reconnaîtra le premier et fera d'eux des précurseurs. La quatrième pièce de l'anthologie est elle aussi prémonitoire, créditée "Les Archives Sonores Sub Rosa", il s'agit d'un court métrage sonore, dans un genre qu'on nommera plus tard " cinéma pour l'oreille "et nommé " 8 perspectives romanes ". (BD)