Il y aurait tant à dire sur le trop riche parcours de ces involontaires géniteurs du math punk rock encore verts de rage un quart de siècle après leurs débuts. Une infernale fratrie (Rob, basse & chant, John, maltraitance des fûts) et un intérimaire nouveau tous les 3-4 ans à la guitare parce que le marquage du temps sur les corps se fait de manière totalement aléatoire. De quasi pervers pépères, caustiques comme un John Waters bardé de battes de base-ball, irrévérencieux à latter l'arrière train de Jello Biafra (ex chanteur des Dead Kennedys et poil à gratter de la contre-culture U.S.) avec qui ils ont jadis collaboré, mais fans devant l'Éternel (trois d'entre eux y sont déjà !) des faux frères Ramones en (ir)respect desquels ils ont monté leur projet bis : The Hanson Brothers. À cause d'eux, le punk est passé en 1,2,3,4... secondes du 1er au 3ème degré sur l'échelle de l'humour vitriolesque et leur dextérité est si impressionnante qu'un éditeur inconscient leur aurait commandé un brûlot : "La contre-méthode Frank Zappa pour les surdoués tordus! ". Sorti en 2006, , "All Road Ton Ausfahrt" n'entend pas remettre les préceptes " nomeansniens " (art du break vicieux, chorus tortueux carapatés façon chorale d'une base de lancement de missiles, puissance de feu rappelant, sur le ton de la blague qui tue, le passage des Huns d'Attila!) sans dessus dessous mais, offre plus de trois quarts d'heure d'une saine fureur carburant à la joie de vivre nihiliste d'un monde qui ne va nulle part mais qui y va de plus en plus vite. No Means No (les deux écritures coexistent) ne part plus en vrille (une pirouette ou deux pour le tonus comme sur "I'm Dreaming and I Can't Wake Up ") que pour son seul et sadique plaisir et affiche à nouveau une certaine appétence pour les tubes corrosifs ("Mondo Nihilissimo 2000", "In Her Eyes"), couplés aux habituels clins d'oeil meurtriers ("Ashes" flagellé dans son refrain d'un "Ashes to Ashes"... atomique) ainsi qu'à leur interprétation toujours très personnelle de la farce (le dernier titre, sans nom fait du ukulélé une arme de contestation humoristique massive). On ira pogotter sur leurs tombes !