"En  1992,  Marius  Constant,  qui  connaissait  intimement  l'oeuvre  de  Debussy,  publie  Impressions  de  Pelléas  :  une  version  raccourcie  (95'  plutôt  que  150'),  pour  six  chanteurs  et  deux  pianistes.  En  un  flux  intense  de  musique,  Constant  assemble  les  cinq  actes  avec  une  grande  finesse  -  par  la  suppression  de  quelques  scènes,  un  bon  nombre  de  coupures  et  quelques  changements  minimes  dans  le  matériau  musical.  Pour  la  scénographie,  il  suggère  ceci  :  «  On  est  dans  un  salon  "début  de  siècle".  »  Durant  la  période  de  genèse  de  Pelléas,  en  effet,  Debussy  joua  régulièrement  des  fragments  devant  son  cercle  d'amis.  Dans  cette  version,  nous  sommes,  auditeurs  et  interprètes,  involontairement  emportés  vers  l'origine  et  l'essence  du  chef-d'oeuvre  de  Debussy  :  une  «  musique  de  l'âme  »  où  nous  pouvons  tous  reconnaître  nos  propres  Mélisande,  Pelléas,  Arkel,  Geneviève,  Yniold  et  Golaud.  Cette  version  de  chambre  de  Pelléas  et  Mélisande  est  complétée  par  la  transcription  que  Debussy  lui-même  a  réalisée  pour  deux  pianos  du  Prélude  à  l'après-midi  d'un  faune  ainsi  que  de  la  suite  En  blanc  et  noir.  Les  deux  pianos  utilisés  sont  les  nouveaux  instruments  à  cordes  parallèles  construits  en  Belgique  par  Chris  Maene  à  la  demande  de  Daniel  Barenboim." https://outhere-music.com/fr/albums/impressions-de-pelleas-fug-610

Les pianistes Inge Spinette et Jan Michiels portent à bout de doigts (10 X 2) ce superbe projet musical déployant toute la poésie (symboliste) de la musique de Debussy. Après le Prélude à l'après-midi d'un faune dans sa version pour 2 pianos, entrée en matière qui habituera l'oreille à se passer d'orchestre, ce sont les Impressions de Pelléas, une adaptation de l'oeuvre originale signée Marius Constant. Visiblement, Marius Constant est fasciné par l'univers de Pelléas créé par Maurice Maeterlinck à la toute fin du 19ème siècle puisqu'on lui doit déjà une Symphonie sur le même sujet. Présentée en 1992, cette version réduite de l'opéra n'est nullement amoindrie par l'instrumentation ou par les coupures opérées par le compositeur. L'allègement du tissu instrumental permet aux voix des nuances et des finesses qu'il serait impossible de réaliser face à un orchestre. Ainsi le personnage mystérieux de Mélisande chanté ici par Lore Binon présente toute l'ambiguïté du rôle tandis que la violence quasi animale de Golaud trouve en Pierre-Yves Pruvot toute son expression. L'enregistrement se referme sur En blanc et noir pour 2 pianos, histoire de nous ramener doucement sur terre...