Vu dans Classica (juin 2012) et dans Diapason (mai 2012)

Si vous passez par Rome, ne manquez pas la visite du Palais Barberini dont l'architecture et l'histoire ne peuvent laisser indifférent. Commandé par le pape Urbain VIII alias Maffeo Barberini, le bâtiment fut richement décoré par une équipe d'artistes dans laquelle on retrouve les noms de Pierre de Cortone, Carlo Maderno, Gian Lorenzo Bernini, et Francesco Borromini. C'est vous dire la qualité de ce que vous pouvez y découvrir. Dans ce cadre magnifique se déroulèrent des fêtes grandioses comme celle organisées en l'honneur de la visite de la reine Christine de Suède, grande protectrice des arts et de la musique en particulier. Si le pape Urban VIII encouragea lui aussi les musiciens et se vit dédier nombre de manuscrits, la famille Barberini ne fut pas de reste. Francesco (1597-1679), Antonio (1607-71), Taddeo (1603-47), son fils Maffeo (1631-85) et son petit-fils Urbano (1664-1722) furent tous des défenseurs actifs de l'opéra, de l'oratorio et de la musique de chambre. Les Barberini supportèrent les frais de publication du Sant'Alessio de Stefano Landi, d'Erminia sul Giordano de Michelangelo Rossi et de La Vita humana de Marco Marazzoli, notamment. Ils entretenaient aussi des musiciens comme le chanteur Angelo Ferrotti et possédaient une bibliothèque musicale des plus riches comprenant de la musique vocale profane et sacrée en italien, des pièces pour le luth, la guitare et les claviers, des anthologies d'airs d'opéras romains et vénitiens ainsi que de la musique cultuelle. Francesco Barberini gardait un intérêt pour la musique ancienne. Ainsi maintint-il un ensemble de violes dirigé par Virgilio Mazzocchi (le frère de Domenico) pour jouer des madrigaux italiens. Les murs du Palais Barberini résonnent encore des accents des oeuvres qui y furent interprétées notamment par ce " Concerto di viole " à l'italienne. C'est autour du répertoire pour ensemble de gambes que ce disque a été enregistré. Parmi les compositeurs romains réunis ici, se trouve l'énigmatique Cherubino Waesich, auteur des Canzoni a cinque da sonarsi con le Viole da gamba aggiuntovi dui Madrigali a 6 concertati con gli strumenti publiés à Rome en 1632. Ce recueil, le plus im portant du genre, convient à ravir aux violistes de Mare Nostrum.

Les transcriptions de madrigaux sonnent avec bonheur avec les pièces chantées. Par contre les Fiori Musicali de Frescobaldi et la sonate de Domenico Scarlatti montrent les limites de l'instrumentation. Le traitement des chromatismes et des dissonances est différents à l'orgue et au clavecin : ces pièces ont été écrites spécifiquement pour ces instruments. L'impression d'ensemble reste cependant très positive. AG