Classica (février 2013)

Vivica Genaux et la Cappella Gabetta sous la direction d'Andrès Gabetta consacre cet enregistrement à des extraits d'opéras de Haendel et de Hasse. Contrairement à un précédent enregistrement (réf.BA6038) reprenant le même type de programme, l'interprète principale rend hommage à une autre mezzo-soprano fameuse : Faustina Bordoni. Née le 30 mars 1697 à Venise, Faustina bénéficie de la protection des frères Marcello et des conseils avisés de Michelangelo Gasparini pour le chant. Elle fait des débuts remarqués dans Ariodante de Carlo Francesco Pollarolo en 1716, sa carrière la mène dans toute l'Italie. En 1723, elle chante à Munich et connait le succès dans le monde germanique, à Vienne notamment. On la surnomme la " Nouvelle sirène " ou plus simplement La Faustina. En 1726, ses débuts londoniens dans Alessandro de Haendel (plage 1) la place aux côtés de la soprano Francesca Cuzzoni, une rivale potentielle. Durant les saisons suivantes, elle enchaîne les rôles dans des opéras d'Haendel : Alceste dans Admeto, Pulcheria dans Ricardo Primo, Emira dans Siroe, Elisa dans Tolomeo (plage 8). Le 6 juin 1727, au cours d'une interprétation d'Astianatte de Bononcini au King's Theatre d'Haymarket, une violente dispute éclate entre les fans de La Faustina et ceux de Cuzzoni. La presse de l'époque en fait les gorges chaudes et les pamphlets fleurissent. Faustina quitte l'Angleterre pour ne plus y revenir ; elle se produit sur les scènes italiennes. En 1730, elle épouse Johann Adolf Hasse et le suit à la cour de Dresde chez Auguste Le Fort. Elle connait un immense succès dans une oeuvre de son mari : Cleofide. Pendant les trente ans que dure le séjour à Dresde, Faustina chante au moins dans 15 opéras de Hasse, de Caio Fabricio en 1734 (plage 4) à Ciro riconosciuto en 1751 (plage 5) sans pour autant être absente des scènes italiennes. Tout en gardant son salaire et son titre de virtuosa da camera, elle se retire de la scène en 1751. Elle meurt le 4 novembre 1781 après une vie prospère. D'après son contemporain Charles Burney, la voix de Faustina est pénétrante, avec une bonne articulation lui permettant les vocalises agiles comme le ferait un instrument. Ses trilles émeuvent, elle chante avec passion et expression confirmant le fait qu'elle est née pour chanter et jouer. Haendel et Hasse ont trouvé en elle, une interprète idéale pour qui, ils ont écrit des rôles sur mesure, mettant en valeur ses immenses qualités. Qu'on en juge, à l'écoute de ce disque ! AG