Enregistré par Charles Wienand, à St Johann au Tirol (Autriche), le 10 Mars 2013.

Deux longues suites de 30 minutes chacune, pour ensemble de douze musiciens, sous la houlette du contrebassiste Barry Guy. Pour les néophytes : on relègue de manière générale ce genre de musique dans la catégorie " improvisation collective " repris sous la bannière plus généraliste " free jazz ". Ce classement est souvent lié au parcours des musiciens, mais le terme " free jazz " devenu un peu fourre-tout n'est plus vraiment adapté pour ce genre de pratique. Quand bien même on trouverait une étiquette plus adaptée ça ne nous avancerait pas plus sur le phénomène...

Alors question phénomène que se passe-t-il avec ce genre de formation ? Bien que d'une apparente complexité, le principe de cette musique repose sur un fonctionnement relativement simple : un musicien leader, ici le contrebassiste Barry Guy, ordonne aux autres musiciens d'interagir soit en petits groupes soit tous ensemble. Les interactions s'effectuent la plupart du temps de manière improvisée, mais parfois, les demandes sur la manière d'intervenir sont spécifiées, crescendo, décrescendo, fort volume sonore de l'intervention, faible volume sonore de l'intervention etc... On a recourt par moments, comme dans le cas présent, à des bribes préalablement écrites (partitions). Tout ceci repose sur des codes préétablis entre les musiciens et le leader. Le flux créé est riche en rebondissements entre textures bruitées, emphases collectives et échanges discursifs. Le chef d'orchestre gardant à l'esprit la cohésion globale de la structure, cette musique fonctionne et n'est possible qu'à la condition de respecter le lien de subordination entre le leader et les exécutants. On peut toutefois rencontrer des ensembles similaires où le leader change durant le morceau ou encore où il n'y a pas de leader du tout et où chacun prend la responsabilité de ce qu'il avance, fonctionnant alors plus comme un microcosme démocratique.

Fin des années 70, les " conductions " de Lawrence Butch Morris sont les premières expériences du genre. Aujourd'hui le soundpainting tente de structurer ce genre de pratique avec un code gestuel standardisé, ouvrant la pratique à des non-musiciens.

(BB)