A l'occasion de la réédition sur support CD des oeuvres électroniques du compositeur belge Léo Kupper ("Complete Electronic Works 1961-1974" / Sub Rosa / XK965D), Dominique Lohlé et Guy-Marc Hinant, les deux têtes chercheuses de l'Observatoire des musiques électroniques, proposent au musicien de l'écouter et de le filmer en vue de la réalisation d'un documentaire. Imaginant un reportage de type télévisuel, Léo Kupper pense initialement s'en tirer en une heure d'interview. A des lieues de cette manière de procéder, de semaine en semaine, le tournage s'étalera finalement sur presque un an et le montage se faira à partir de centaines d'heures de rushes.

Sous-titré "Considérations sur la composition à l'époque de la musique électronique", le film-portrait contient hormis une minute de pluie et une minute de silence, quarante-neuf minutes de paroles d'une sévère densité au cours desquelles sont évoquées entre autres la dictature "à la stalinienne" de la musique sérielle, la nécessité de se poser férocement des questions, la supériorité en bien des points de la musique iranienne, l'épaisseur du présent, la théorie du "radar" dans l'écoute musicale, la musique de la nature... Au-delà d'un film sur la musique électronique, sur la musique en général, sur tout acte de création, c'est une vraie conception de la vie, une philosophie - riche, complexe et singulière - qui nous est livrée ici par un homme qu'on souhaiterait continuer à écouter au-delà des 52 minutes du film.