Multi-instrumentiste surdoué, poète inclassable, Bernard Lubat a tout fait. On l'a vu aux côtés de Stan Getz, d'Eddy Louiss, de Michel Portal ou de Claude Nougaro pour ne citer qu'eux. Il a chanté dans les Double Six dans les années 60, interprété et enregistré des oeuvres de Luciano Berio,Iannis Xénakis, André Hodeir. Bernard Lubat, c'est aussi la formidable et turbulente aventure d'Uzeste Musical(Festival-Rencontre) qui voit chaque été depuis trente ans un petit village gascon vivre au rythme d'expérimentations musicales de haut vol et de rencontres utopiques. Imprévisible et déroutant, Bernard Lubat a été et continue d'être de toutes les aventures de l'histoire du jazz européen de ces dernières années. Toujours un train d'avance, jamais où on l'attend. Bernard Lubat invente, toujours sur le fil, une musique d'une délicatesse infinie. Au-delà de la technique, au-delà de l'exhibition d'un savoir universel, au-delà des styles établis et repérés, il donne une musique de plain-pied dans la poésie.[http://be.fnacspectacles.com]

Soli, solo saga, chansons enjazzées : voilà un album qui sent le soufre, le diable à tous les étages, sans eau mais avec électricité. Étincelles musicales qui mettent le feu, court-circuitent les idées reçues sur le jazz, la musique, l'altérité. Vous jazzez ? Swinguez, chantez ? Faudrait choisir, mettre un peu d'ordre dans ce bazar musical. Foin d'ordre, vive le son des roulements de tambour. Ici, ça chante et ça jazze, des biguines et des valses, un brin bluesy, parfois funky. Une poule n'y retrouverait pas ses petits. Airs dominés, rythmes dominants, passez donc votre chemin ! Ouvrez bien vos esgourdes. " De quoi notre époque est-elle le nom ? " s'interroge Lubat. Vaste question. Tentative musicale de réponse. Essai transformé de chanter tout haut ce qui faisait vibrer le petit Bernard depuis l'enfance, des sons, des onomatopées, des rythmes scandés, des scats pas nets. Lubat est de son époque, mais réfractaire à l'air du temps et du sous-entendu. Il n'a plus rien à prouver, ayant fait les quatre cents coups musicaux avec l'aristocratie jazzistique comme avec les orchestres de balloche. Fort de son expérience et de toutes ses tentatives de ne jamais filer musicalement droit, Lubat a sorti de sa besace des chansons, des airs " d'ici d'en bas " qu'il maîtrise sur le bout des doigts et qu'il revisite, se les réappropriant avec le désir chevillé au coeur de nous faire partager un peu de son album musical infini. Et ce bout de chemin buissonnier musical, on le parcourt volontiers, avec juste le plaisir de redécouvrir des airs qui prenaientla pose et qui, sous sa griffe, implosent. La musique de Lubat, de quoi est-ellele nom ? Comme le nageur qui nage la brasse indienne, Lubat avance, jamais droit, parfois à contre-courant, en dépit des remous, fonce, se met en danger. Chanter, lui le batteur, l'organiste, le grand sorcier d'Uzeste a mis dans sa marmite des sons et des chants, des chants-sons. Et l'on se laisse aller à fredonner ces mélodies patchwork, ces chansons d'ailleurs, d'ici, de là-bas. On y retrouve les ambiances enfumées des clubs de jazz, la gaieté des bals où ça guinche jusqu'à plus d'heure. (www.humanite.fr)