De son vrai nom Nicolas Salvadori, ce MC parigot accumule les punchlines bien senties sur les seize sélections de son premier album officiel, La Chevalière, alternant barres de fer et barres de rire. "J'ai pas eu l'éducation d'une mère catho / C'que j'dis, ça sort pas d'la bouche d'un Bernardo / Au ste-po, motus comme Thierry Beccaro (...) / On s'est fait la bite sur les pages la Redoute / Même le micro du studio est sur table d'écoute" (Ça défouraille). Ce genre de punchline, c'est du pur Gueko, que l'on ne manquera pas de comparer à MC Jean Gab'1, qui partage avec le Ghek' un goût pour l'argot à l'ancienne, mêlant les expressions manouches, apaches ou simplement banlieusardes. Attention, pas de copie ici : mis à part ce point commun, Seth est un rappeur original qui, de Al Poelvoordino à Gavroche Style, nous tient en haleine et réussit à nous faire rire aux éclats. Et puis, arrivé à l'index 8, ça se complique : Un couple impair est le passage obligé de tout rappeur qui se respecte, le texte sur les parents. Sauf que là, on découvre une plume trempée dans l'amertume, qui utilise l'humour comme la politesse d'un désespoir camouflé sous les punchlines ("La rage, j'l'ai sortie d'un pénis moisi, naze / Qu'a fait l'tour des orifices vaginaux du voisinage / Bon voyage papa, y a tes affaires dans l'sac poubelle / Y aura personne pour dire 'pars pas', d'toutes façons ma mère c'est la plus belle / Va, va voir ta vide-couilles, ta grosse truie / Celle qu'a détruit la vie d'couple que t'as construit"). C'est aussi pour ça qu'on aime La Chevalière : au lieu de se contenter d'être un Kamini du ghetto, Seth Gueko mixe émotions et phases acrobatiques, larmes amères et gangbang lyrical. Barres de fer et barres de rire, vulgarité et rires d'un clown triste : La Chevalière est enfilée par-dessus un gant de cuir, et décrasse comme une giclée de kärcher. (http://musique.sfr.fr/mag/article/chronique/ Seth-gueko-la-chevaliere)