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Portrait

R.E.M.

R.E.M.

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Après 31 années d’existence, les trois membres restants du groupe R.E.M. (le batteur Bill Berry ayant quitté le navire en 1997) ont décidé de mettre un terme à une carrière atypique riche en moments de grande intensité musicale.

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Formé en 1980 dans la ville universitaire d’Athens (au nord de la Géorgie) par le chanteur Michael Stipe, le guitariste Peter Buck, le bassiste Mike Mills et donc le batteur Bill Berry, cette association de deux esthètes un peu dilettantes avec deux musiciens déjà formés sera l’une des premières forces de R.E.M. (littéralement Rapid Eye Movement, une formule par laquelle on désigne la phase du sommeil dite paradoxal). Les premiers travaux du groupe  prennent leur source dans l’énergie et l’esthétique punk mais aussi du côté des mélodies et harmonies cristallines des Byrds. Leur style évolue vite d’un rock garage vers une musique plus personnelle caractérisée par la voix marmonnante de Stipe, qui rend ses paroles énigmatiques et incompréhensibles.

En 1983, la musique était dominée par les synthétiseurs avec une production excessivement arrangée, maniérée, polie qui avait aseptisé le rock’n’roll. Le son de R.E.M. n’était foncièrement original mais, plutôt que de s’inspirer de la mode du moment, ils tiraient leur inspiration du Velvet Underground, de Television, de Patti Smith auxquelles ils ajoutaient leurs idées et leurs expériences pour obtenir trois premiers disques relativement intemporels. A cet égard Murmur, Reckoning et Fables of the Reconstruction ont planté les graines d’un changement radical dans la musique américaine, qui allait se poursuivre avec les collèges radios qui prendront une part importante dans le remodelage du futur. 

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La sortie en 1986 de Lifes Rich Pageant marque un tournant où le groupe cherche à se vendre sans se trahir. Le chant de Stipe se fait plus clair sans pour autant livrer tous ses secrets. La société américaine se transforme elle-aussi, le reaganisme et sa révolution conservatrice contribuent au développement d’un libéralisme économique exacerbé et ravageur. Par les thèmes abordés dans ses chansons (écologie, diatribe contre les méfaits du maccarthysme et contre l’engagement militaire des Etats-Unis en Amérique Centrale), le chanteur de R.E.M. tente de mettre en place une forme de contestation qu’il affine un peu plus sur les albums Document et Green.

La sortie de Green (premier album pour la major Warner Music) s’effectue le même jour que l’élection présidentielle qui verra le candidat démocrate Michael Dukakis (soutenu par R.E.M.) perdre face au vice-président de Reagan, Georges Bush père.

Qu’à cela ne tienne,  le groupe part en tournée une année entière et délivre ce qui restera pour beaucoup comme le point culminant scénique de leur jeune carrière.  Mais de ce « Green Tour » ils ressortent vidés et fatigués, leur seul salut c’est leur incapacité à voir la source de leur inspiration se tarir. Il est temps pour eux de se réinventer et de réaliser leur opus le plus atypique.

C‘est donc en 1991 avec le bien nommé Out of Time que R.E.M. va mettre le monde de la pop à genoux. Et pourtant même eux n’y croyaient guère, il était impensable qu’un opus pastorale où mandoline, violons et clavecin prennent le dessus sur les guitares électriques allaient se vendre autant qu’un disque de Prince . Avec le recul Out of Time n’est sans doute pas leur disque le plus intense mais son apparente simplicité a tout balayé sur son passage.

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Leur apogée discographique se fera un an plus tard lors de la sortie du magistrale Automatic for the People. Enregistré méticuleusement dans quatre studios : Bearsville (New York), Miami, Atlanta et à dans une vieille maison appartenant au producteur canadien Daniel Lanois dans le quartier français de La Nouvelle-Orléans, il plane sur ces douze chansons (dont quatre confiées pour les arrangements de cordes à l’ancien bassiste et claviériste de Led Zeppelin, John Paul Jones), presque toutes exceptionnelles, une tristesse grave et recueillie. Des chansons bien ancrées dans les racines sudistes du groupe et qui voit les personnages du comique incompris Andy Kaufman et de l’acteur atypique Montgomery Clift leur servir de thème. Automatic for the People n’a pas d’équivalent si ce n’est d’autres disques inclassables comme Astral Weeks de Van Morrison ou  Paris 1919 de John Cale.

Un besoin viscéral d’électriser leur son se fait alors sentir et les verra accoucher du stoogien Monster. Un album où feedbacks et larsens prennent le dessus sur les oripeaux acoustiques de leurs deux précédents disques. Un tournée mondiale et un nouveau contrat astronomique signé avec Warner de 80 millions de dollars pour les six albums à venirne les empêche pas de rester digne et d’éviter de singer les tics des gardiens de stade irlandais, U2.

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En 1996, le double album New Adventures in Hi-Fi est enregistré et composé pendant le « Monster Tour » et apparaît comme le plus varié à ce jour. Patti Smith (idole absolue de Michael Stipe) chante sur le duo « E-bow the letter » et boucle d’une certaine façon une étape importante de leur carrière. En 1997, Bill Berry décide de laisser ses comparses continuer l’aventure sans lui. Au lieu de mettre un terme à leur carrière, ils décident de voir si il est possible de continuer à marcher sur trois pattes au lieu de quatre (dixit Stipe).

On peut donc considérer Up comme un disque de survie avec ses chansons imparfaites un rien mélancoliques et où les boîtes à rythmes et autres sons analogiques tentent tant bien que mal de faire oublier l’absence de leur batteur. Un disque digne et jusqu’au-boutiste qui déçoit et subjugue en même temps.

Par après R.E.M. semble condamner à devenir une autre entité avec des moments de grâce et de d’inspiration retrouvée mais aussi de désillusions et  de déconvenues.

Le très pop et organique, Reveal perd en éclat ce qu’il gagne en artifices de production, Around The Sun semble comme vidé de sa substance avec des chansons où un certain savoir-faire n’arrive pas à masquer la pauvreté du propos.

Une cure factice de Viagra rock’n’rollesque sur Accelerate et un dernier baroud d’honneur sur le très agréable Collapse into Now mettent fin aux hostilités et leur évite de sombrer corps et biens.

Difficile de parler d’héritage quand on évoque R.E.M., musicalement ils n’ont pas révolutionné les codes de la Pop musique préférant mettre  en avant une forme d’artisanat classieux et sophistiqué au service d’albums au combien unique dans leur genre.

Et loin d’être anodin, ils auront eu une certaine influence sur un artiste lui aussi à part:

« Je ne sais pas comment ce groupe fait ce qu'il fait. Dieu, ce sont les meilleurs. Ils ont négocié leur succès comme des dieux, et ils continuent à donner de la bonne musique. » (Kurt Cobain)

Endgame.

 

 

David Mennessier

 

Voici une sélection de chansons du groupe d’Athens, pas les plus immédiates ou connues mais parmi les plus représentatives de leur longue carrière. En bonus et pour débuter une chanson en forme d’ hommage aux premiers albums de R.E.M. par le groupe américain Pavement:

  1. Unseen Power Of The Picket Fence
  2. Radio Free Europe
  3. Crazy
  4. Gardening at Night
  5. Femme Fatale
  6. Carnival of Sorts (Box Cars)
  7. Letter Never Sent
  8. Camera
  9. Feeling Gravity’s Pull
  10. These Days
  11. The One I Love (acoustic version)
  12. Welcome to the Occupation
  13. The Wrong Child
  14. Half a World Away
  15. Me in Honey
  16. Sweetness Follows
  17. Star Me Kitten
  18. You
  19. New Test Leper
  20. Electrolite
  21. At My Most Beautiful
  22. Final Straw
  23. Endgame