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Portrait

Philippe Tasquin

Philippe Tasquin

publié le

Disques dans nos collections

 


Avec sa compilation intitulée « Un siècle de Tasquin » et un spectacle éponyme, le chanteur compositeur belge Philippe Tasquin revient nous ta(s)quiner les tympans et nous faire basculer dans son univers déroutant – diront les uns, envoûtant – s’enthousiasmeront les autres.

Tasquin est l’exemple même de l’artiste surdoué reconnu par ses confrères, les critiques et une grande partie du public qui a pu assister à un de ses concerts et qui, malgré tout, est constamment confronté à la méfiance, voire l’indifférence, de la plupart des médiateurs culturels belges. Ainsi, on lui jettera même à la figure qu’il est « trop éclectique, trop artistique ». On lui reprochera de ne « ressembler à personne ». Que peut un artiste sincère contre autant de résistance de la part de programmateurs pépères et producteurs hypocrites ? De quoi se demander où sont passés – en Belgique en tous cas – les passeurs, ceux qui cherchent à donner des ailes aux artistes de son envergure.
Bien sûr, Tasquin ne fait aucun compromis et sa chanson n'ai pas taillée sur mesure pour la radio. Il ne raconte pas des petites saynètes de la vie quotidienne dans lesquelles tout à chacun peut se reconnaître immédiatement. Non, sa musique ne manque pas d'airs. Elle est ambitieuse et subtile. L'énergumène ne se contente pas de deux ou trois idées efficaces et mille fois entendues, refuse de rabâcher toujours le même refrain. Il surprend en mélangeant les genres et revendique l'hybridité. Si sa chanson puise largement dans le terreau des musiques populaires, elle est audacieuse et sophistiquée. Ses orchestrations à l'ancienne millimétrées n'ont pas peur des secousses, des chamboulements, des revirements de situation, des ruptures de ton, des enchaînements incongrus. Ce melting-pot est sa marque de fabrique. Tout comme cette capacité de se fondre dans la peau d'une multitude de personnages, passant sans retenue du burlesque au tragique. Car Tasquin, c'est aussi et avant tout une voix qui est à l'aise dans tous les registres : voix d'opéra, voix de tête, voix de crécelle, voix distortionnée, voix naturelle, voix de crooner, chœurs grandiloquents, … Et un excellent musicien, pianiste et violoniste.
1Difficile pour un artiste de sa trempe de ne pas devenir aigri quand il pense à cette carrière qui ne démarre pas. Son talent serait-il trop grand pour les oreilles de notre petite Belgique ? Heureusement, Tasquin a pu garder intact son enthousiasme à créer. Celui-ci semble même être devenu indestructible. D'ailleurs, sur la pochette de sa compilation, ne se présente-t-il pas comme un chevalier protégé par une armure de compétition, avec pour seule arme son violon ?

23 titres pour présenter l’œuvre tasquinesque, c'est bien trop court. En choisissant une poignée de chansons marquantes de sa discographie, il laisse fatalement de côté de nombreuses pépites. Ceci dit, on (re-)découvre avec grand plaisir « Fiancée extrême » et ce morceau de bravoure qu’est « Stars & Clowns » composé avec l'accordéoniste et chanteur Vincent Trouble. Et puis, aussi « Je ne sais pas chanter », « Qu'enfin la nuit vienne » et « Cuisses de femmes » qui montrent toute la richesse de la collaboration avec le parolier Pierre Louis.
Ces dernières années, cet éternel enfant, avide de découvertes, a multiplié les expériences et les rencontres avec des personnalités fortes. Avec l'album wwwWhat Went Wrong ? concocté avec le guitariste belge Pierre Vervloesem, Tasquin a pu réaliser, en anglais dans le texte, tous ces fantasmes les plus rock. Quatre titres de cette œuvre magistrale ont été retenus ici : « Christmas Crime », « Finally », « Damned Messiah » et « The Paramount ». Quatre autres morceaux sont extraits de la bande originale de Youpi, une opérette complètement allumée (une évocation historique et iconoclaste du royaume de Belgique) écrite avec le metteur en scène bruxellois Charlie Degotte. Mention spéciale pour « La révolution mondiale », une de ses plus belles réussites chantée en duo avec une fillette de dix ans qui nous donne des frissons. youpi
Une dizaine d'inédits complètent ce panorama. Pointons l’amer « Des paroles pour les chiens » et ces deux titres où notre chevalier met en musique des textes du poète Charles Guérin (1873-1907) : « O poète inquiet du monde » et « Le fleuve ». Trois extraits de la musique du spectacle Jekill nous prouvent, si besoin en était, que Tasquin peut tout-à-fait se passer des mots pour faire surgir les images. Une chanson sur un texte d'Alexandre Révérend termine ce programme d'une variété de tons et d'intentions hallucinante, en posant cette question existentielle : « Quand je ne serai plus là / Qui s'en rappellera / Qui en reparlera ? » .

Quand on a la chance de le rencontrer vraiment, Tasquin ne laisse pas indifférent. Qu'il sache au moins que de nombreux inconditionnels le font découvrir autour d’eux avec ferveur. Sûr qu'on en parle et reparlera encore longtemps de la grande aventure qu'il nous offre à vivre...

A découvrir absolument.

 

Guillaume Duthoit

 

Sur disques, à La Médiathèque







 

Sur scène, prochainement

Philippe Tasquin Sextet

à la Samaritaine à 20H30 du mardi 15 au samedi 19 septembre 2009
16, Rue de la Samaritaine – 1000 Bruxelles
Rés. : 02/511.33.95

A l’Eden à 20H30 le vendredi 2 octobre 2009
1, Bd. Bertrand – 6000 Charleroi
Rés. : 071/31.12.12

myspace.com/philippetasquin

 


Entretien avec Philippe Tasquin réalisé par Guillaume Duthoit pour La Médiathèque. Bruxelles, septembre 2009.