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Portrait

Anne Lévy-Morelle

Anne Lévy-Morelle

publié le

Anne Lévy-Morelle s’est formée d’abord en philo et lettres à l’ULB, puis en réalisation cinéma à l’INSAS. Après divers courts-métrages, c’est le film Le Rêve de Gabriel qui la révèle au grand public et obtient le prix Cavens du meilleur long métrage […]

almAnne Lévy-Morelle s’est formée d’abord en philo et lettres à l’ULB, puis en réalisation cinéma à l’INSAS. Après divers courts-métrages, c’est le film Le Rêve de Gabriel qui la révèle au grand public et obtient le prix Cavens du meilleur long métrage belge en 1997. Ce film est la matrice des épopées authentiques en tant que genre : un cinéma qui obéit à la fois à la loi des historiens, par son côté documentaire, et à celle des conteurs, par la singularité de son écriture.

 

Entre magie et terreur, les coups de cœur cinématographiques d'Anne Lévy-Morelle

Y a-t-il eu des films qui vous ont aidé à vous faire évoluer en tant que documentariste, à remettre en question certains de vos modes de fonctionnement, à trouver des réponses à des questions précises soulevées par tel ou tel de vos films ?

Bien sûr, les films des autres m’ont forgée en temps que cinéaste. Je me souviens d’avoir vu Cria Cuervos de Carlos Saura - je devais avoir à peu près 16 ans et jamais je n’avais vu un film pareil, un film qui me parlait des choses invisibles qui peuvent rôder entre les êtres. Je me suis dit : « ah, tiens, le cinéma, c’est intéressant, je vais y aller plus souvent ».

Puis, plus tard – j’étais déjà étudiante en cinéma (à l’Insas) - je me souviens très bien avoir découvert Sans soleil de Chris Marker, qui avait été projeté au Musée du cinéma. Ce film ne ressemblait à aucun autre. Il était à la fois totalement cinématographique et extrêmement littéraire, comme une sorte d’essai brillant et émouvant à la fois. Et je me suis dit : « si c’est ça qu’on appelle documentaire, et bien je veux en faire aussi ».

De façon plus directe, c'est encore à Chris Marker que je dois d'avoir osé une démarche d'écriture insolite: adresser la voix off du Rêve de Gabriel au protagoniste lui-même… C'est en effet une chose étrange que de raconter à quelqu'un sa propre vie ! C'est pourtant la forme qui me semblait appropriée, et je ne savais pas pourquoi. C'est en regardant, re-regardant et re-re-re-regardant Le Tombeau d'Alexandre, de Chris Marker, que j'ai compris ce qui rendait cette forme possible : dans ce film, Marker s'adresse lui aussi post-mortem à son ami le cinéaste Alexandre Medvekine sous forme de six lettres où il lui raconte sa vie d'une façon telle qu'il fait apparaître des significations que Medvedkine ne peut pas  avoir vues lui-même, tout simplement parce que Marker regarde d'un autre endroit, et d'un autre temps et qu'il reste fidèle à ce fil rouge tout au long de la narration.

J'admire aussi par dessus tout La Honte d'Ingmar Bergman. Tous les films de Bergman m'ont profondément impressionnée, mais c'est dans La Honte que j'ai ressenti à quel point la magie du cinéma n'a rien à voir avec les grands moyens: il réussit, dans ce film, à nous plonger au coeur de l'horreur de la guerre sans effets spéciaux, avec trois figurants et deux camions déguisés en tank qui passent en flou à l'arrière-plan, et à nous montrer que l'essentiel est ailleurs: il met à nu le cœur de l'être humain, déshabille nos lâchetés potentielles, nous plonge dans une expérience terrifiante. C'est un film que je n'ose pas revoir trop souvent, il me remplit de cauchemars pendant des nuits, à l'égal de ce que peuvent produire les films de Haneke. Je crois que c'est pour cela que le cinéma existe: non pour nous divertir mais pour nous aider à nous connaître dans ce que nous avons de pire… et de meilleur.

 

Ses films à la Médiathèque


 

 

 

 

 

almAnne Lévy-Morelle était à la médiathèque de l'ULB le mercredi 7 mars 2012.
L'émission Histoire de Savoir de Radio Campus s’est également invité à cette rencontre, dont voici le premier volet. Anne Lévy-Morelle présente la première de ses épopées authentiques, Le rêve de Gabriel.