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Sons d’automne (3 décembre 2021)

Benjamin Schoos The Love Note
Troisième sélection de musiques récentes essentiellement proposées sur la plateforme Bandcamp et disponibles en numérique et sur différents supports : une bestiole à quatre têtes, un guitariste rock devenu compositeur de musiques de film, des vignettes impressionnistes, un chanteur engagé amazigh, un artiste pop-électrique et une petite chose qui fonctionne comme un mirage.

Sommaire

Ce premier vendredi du mois (le 3 décembre), c'est à nouveau « Bandcamp Friday » sur la plateforme de vente de musique en ligne, qui ce jour-là ne prend pas sa marge habituelle et verse 100% des sommes dépensées aux artistes et labels.


Èlg : Dans le salon de nous

Il y a beaucoup de voix dans la tête de Laurent Gérard dit Èlg. Depuis plusieurs années il donne régulièrement la parole à la plupart d’entre elles, l’enfant et le vieillard, l’alien et l’aliéné, le sage et le moins sage, etc. Cela donne des histoires, des saynètes, des cris, des pleurs, des flammèches, des danses oubliées, des chants rauques et criards et très beaux. Èlg aime faire de la musique tout seul mais il aime encore plus faire de la musique avec d’autres, comme avec ses camarades d’Orgue Agnès, d’Opéra Mort, des Reines d’Angleterre (avec le regretté Ghédalia Tazartès) ou les orchestres éphémères de Mil Pluton et de la Chimie. Pour ce nouvel album sur le label Vlek, Èlg et la Chimie est devenu un groupe, une bestiole à quatre têtes, qui rassemble à ses côtés Marie Nachury, Johann Mazé et Aurore Debret, et de ci de là des invités qui passent, chantent ou jouent de la guitare, et Alexandre Menexiadis qui fait le son de tout ça. Sans rien perdre de la glossolalie protéiforme qui caractérise ses précédentes chansons, les textes sont cette fois plus directs, plus lisibles qu’à l’accoutumée et ont la ferme volonté d’être compris. Ils parlent des multiples états de l’être et de cette balade improvisée qui va de la naissance à la mort. (BD)


Jonny Greenwood : The Power of the Dog

Guitariste de Radiohead, Jonny Greenwood a depuis quelques années une carrière parallèle de compositeur de musiques de film. Il a étonné et subjugué nos oreilles avec son score pour There Will Be Blood en 2007, puis avec The Master en 2012 ou encore Phantom Thread en 2017. Cette fin d’année 2021 est prolifique pour lui, avec deux albums de musiques de film : Spencer et The Power of the Dog. Le premier est un savant mélange de musique baroque inspirée par Albinoni, de cordes dissonantes à la Penderecki et de free jazz. Le second accompagne le film de Jane Campion sorti en salles et sur Netflix. Pour ce western mettant en scène Benedict Cumberbatch dans le rôle d’un homme dur et aigri, Greenwood a écrit un score qui semble au premier abord romantique et nostalgique mais chaque morceau comporte des failles et dérive vers quelque chose de plus angoissant et tourmenté. Il a composé des airs à la guitare mais utilise aussi un ensemble de cordes, mené par un violoncelle joué à la manière du banjo, rappelant par la même occasion les airs old time et country de l’époque (les années 1920). Une plage en particulier, jouée au piano, est assez intrigante et son titre « Detuned mechanical piano » en explique déjà la teneur déconstruite et dissonante. Ecouter l’album en entier apporte une certaine satisfaction mais en même temps un sentiment de malaise. C’est une belle réussite pour ce guitariste venu du milieu rock et il montre une nouvelle facette de son talent. (ASDS)

La critique du film:


Mocke : Faces béates et Lynn Cassiers : Nacht slakje

Montons un instant dans la machine à remonter le temps. Faisons un bon de vingt ans en arrière. Direction 2001. Où en sont les protagonistes de l’histoire que nous raconterons quelques lignes plus bas ? Le guitariste Mocke vit encore en France et a sorti un premier album de son projet Holden sur Lithium. La chanteuse et multi-instrumentiste Lynn Cassiers a 17 ans, vit probablement déjà en Belgique (à moins qu’il ne s’agisse juste de ses années d’études à Den Haag) mais est encore loin de voir sortir les premiers disques sur lesquels elle apparaît (en 2008). Comme Mocke, Éloïse et Laurent Orseau vivent encore en France. Et en 2001, ils fondent Hinah, un label de CD-R, le format le plus en vogue à l’époque pour faire circuler la musique en petits tirages. En 2002, ils sortent entre autre la réédition de la première cassette de Devendra Banhart, avant même la sortie de son premier « vrai » CD.

pochettes Mocke Cassiers - Hinah - Fabrique de signes

Les très belles pochettes des deux albums numériques sur Hinah – illustration Fabrique de signes

Vingt ans plus tard, Mocke, Éloïse et Laurent Orseau vivent à Bruxelles (où le dernier cité est l'un des photographes de concerts les plus actifs). Les deux derniers ont entretemps mis leur structure Hinah aux normes de l’époque, remplaçant les CD-R d’antan par une mise à disposition numérique des albums sur Internet. En 2021, ils font appel au studio graphique Fabrique de signes pour les très beaux visuels de deux albums. Avec Faces béates, Mocke (qu’on a vu dans l’intervalle à l’œuvre dans Midget, avec Arlt, Delphine Dora ou Mohamed Lamouri) propose cinq vignettes impressionnistes faussement légères (ou réellement légères mais jamais dépourvues de surprises, de changements de perspectives et de glissements étonnants) dans la lignée de ses trois très beaux albums solo sur le label Objet disque. À l’image de sa pochette, Nacht slakje de Lynn Cassiers (qu’on pourrait traduire par Petit escargot nocturne) est un album marqué par l’univers du jardin et de l’observation de la nature (« Backyard Magic », « The Full Compost », « Libelltjes », « Nacht slakje », « Rode maan », etc. ). La chanteuse et sculptrice de sons (qu’on a pu entendre avec Rudy Trouvé et Eric Thielemans dans Tape Cuts Tape, dans le sextet impro Oba Loba ou en duo avec Pak Yan Lau dans Konbini, etc.) raconte que généralement, comme une sorte de rituel, elle enregistre chez elle les dix nuits qui précèdent un concert. Ces enregistrements-ci – assez variés, tour-à-tour éthérés, plus affirmés, syncopés ; parfois instrumentaux, parfois chantés-parlés – ont été enregistrés comme esquisses préparatoires avant un « non-concert », en janvier 2021 au plus profond du confinement. (PD)


Majid Soula : Chant Amazigh

Le label Habibi Funk basé à Berlin et mené par Jannis Stürtz s’est spécialisé dans les sons éclectiques du monde arabe, un « rare groove » qui a pris la poussière mais qui mérite d’être réécouté aujourd’hui. Le 17e album du label est consacré à la réédition de morceaux de Majid Soula, un artiste algérien et chanteur engagé amazigh (berbère). Après des débuts dans son pays, il émigre à la fin des années 1970 à Paris où il est plus libre pour exprimer ses opinions. Il y publie une demi-douzaine d’albums, pour la plupart en autoproduction. Il combine funk, arab-disco et highlife dans des compositions électriques et dansantes menées par les synthés et aux paroles défendant la culture amazighe et demandant la reconnaissance du tamazigh comme langue officielle. (ASDS)


Benjamin Schoos : The Love Note

Benjamin Schoos est un artiste prolifique, fécond, imaginatif et souvent surprenant. De Miam Monster Miam à Benjamin, un aller-retour boulimique de musique, de rythmique, de synthétique, pop-électrique ou rock-excentrique, une chanson douce qu’il nous chantait un moment, de dérisions, d’associations, de légèreté et de cinquième degré… Et aujourd’hui, notre Sérésien préféré, oui, celui qui a fréquenté les plus grands, Alain Chamfort, Lio, Chrissie Hynde, Marc Morgan, Jacques Duvall…, nous revient avec un album qui traduit en musique son ressenti actuel, une version de ce qu’il vit intimement en ces moments particuliers : « Je voulais une musique douce et rêveuse, parce que je pense que le monde a vraiment besoin d'un peu de douceur ces derniers temps ».

Ce n’est pas la première fois qu’il délaisse la chanson ou le rock pour se tourner vers des instrumentaux, preuve en est la collection de bandes originales de films et documentaires qu’il a réalisés depuis 2005. Mais pour interpréter ses compositions, il a réuni cette fois-ci un quartet de musiciens. Christophe Cerri au piano, Manuel Hermia à la clarinette et Jérôme Mardaga au synthétiseur modulaire livrent des mélodies douces que viennent transcender un son pur accentué par une reverb discrète et les Ondes Martenot (1), étranges et magiques, comme venues d’ailleurs, interprétées ici par Christine Ott.

Huit morceaux calmes, scintillants, qui invitent à la méditation et au rêve. Un moment de paix, un note d’amour en ces temps bousculés. (DM)

(1) L’instrument appelé « Ondes Martenot », inventé en 1928 par Maurice Martenot consiste en un clavier suspendu dont la translation agit sur la hauteur du son et le vibrato. Un ruban parallèle au clavier permet les glissandi. On peut l’écouter dans les œuvres de Messiaen ("Turangalîla symphonie"), de Jolivet , de Honegger, de Yann Tiersen, les chansons de Brel ("La Fanette", "Le plat pays"), dans les films Mad Max, Mars Attacks !,...


Lawrence Le Doux et Roger 3000 : Chou Chou

Bien sûr c’est trop court mais ne nous plaignons pas, les choses rares sont comme ça, rares, et courtes. C’est un 45tours, qui donne envie de mettre la face B après la face A après la face B après la face A après la face B après la face A après la face B, puis de se balader avec les deux morceaux définitivement coincés dans la tête. C’est de la pâtisserie légère, malgré la crème d’un côté et le caramel de l’autre. C’est doucement exotique, ça fredonne avec le ressac. C’est une petite chose qui fonctionne comme un mirage, un oasis et des palmiers imaginaires pour un automne sous la pluie. (BD)

Les disques Lexi


Une sélection de Philippe Delvosalle, Anne-Sophie De Sutter, Benoit Deuxant et Daniel Mousquet.

Illustration de bannière : Yum pour le visuel de The Love Note de Benjamin Schoos (Freaksville records)

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