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Playlist

Meakusma Festival 2017 (Eupen - 8 au 10 septembre)

Meakusma festival 2017 - Eupen - visuel
Pour la seconde année consécutive, début septembre à Eupen, se déploie la richesse d'une programmation très inspirée (à la fois audacieuse et généreuse, cohérente et non monotone) de près de 90 concerts. Une certaine idée - vibrante et non cloisonnée - de la musique. Sans oublier un sens de l'accueil proche de la perfection!

Sommaire

Si les musiques électroniques (dans toute leur diversité, de Baleine 3000 à Jan Jelinek, de Weird Dust à Philip Jeck, etc. ) occupent le noyau central de la programmation du festival, celui-ci s'ouvre cependant aussi aux musiques improvisées (Axel Dörner) et post-free-jazz (Jooklo Duo), à la musique contemporaine, à un certain psychédélisme, à des mini bribes de rock, au yodel (Myriam Vam Imschoot et Doreen Kutzke), etc. Comme lors de sa première édition, le festival Meakusma « ne se laisse enfermer dans aucun carcan et témoigne d’un véritable amour de la musique et d’un indéniable appétit de découvertes sonores. »

Ci-dessous, un choix subjectif, nécessairement parcellaire et totalement non-exhaustif de 9 parmi les presque 90 propositions du festival :

Vendredi 8 septembre

Sun Arraw

Cela fait maintenant près d'une dizaine d'année que Cameron Stallones (alias Sun Araw), musicien texan installé du côté de Long Beach en Californie, joue les alchimistes de haut vol en échantillonnant de manière empirique tout ce qui peut se rapporter de près ou de loin à une forme de drone psychédélique sur fond de bidouillages électroniques très marqués par le dub jamaïcain déglingué et hanté façon Lee Perry mais aussi par l'exotica et les musiques ethniques. Chacun de ses albums adopte un nouveau concept (de la Rome antique à la science-fiction) - auquel on adhère ou non - et qui peut prendre une toute autre dimension lors de performances scéniques (seul, en duo ou en trio) souvent hypnotiques et fascinantes.  [DM]

Il s'agit de créer une enveloppe esthétique aux titres et de représenter et projeter le mieux possible ces concepts d'espace et d'atmosphères qu'ils ont généré en moi. Une atmosphère cohérente. — Cameron Stallones (alias Sun Araw) interviewé par Joseph Ghosn


Huerco S.

Depuis ses débuts en 2011, Brian Leeds (alias Huerco S.) n'a eu de cesse au fil du temps de faire évoluer son univers musical vers de plus en plus de mystère et d'abstraction. Au départ déjà très aventureux ses compositions se heurtaient pourtant aux codes parfois très rigides de sons techno et house destinés purement et simplement au clubbing et pas au lendemain brumeux qui déchantent. Son dernier album, le très beau For Those Of You Who Have Never (And Also Those Who Have) semble l'éloigner de plus en plus des dancefloors s'orientant vers des expérimentations aux ambiances hantées et mélancoliques. Le beat en est comme réduit à sa plus simple expression grâce notamment à l'utilisation du support cassette comme source principale ou avec l'aide des synthétiseurs vintage au rendu très lo-fi.  [DM]


Samedi 9 septembre

João Lobo

Même s’ils étaient tous les deux à l’affiche du festival Meakusma de l’an dernier (l’un avec le groupe Going, le second en solo) et s’ils sortent tous les deux des albums sur l’excellent label suisse Three:Four (dont un album de leur projet commun Oba Lobo), le batteur João Lobo et le guitariste Norberto Lobo ne sont ni frères, ni cousins. Juste complices. Si Sir Robert Williams (2017), le second opus d’Oba Lobo se veut résolument un disque de groupe et un disque orchestré (avec musiciens invités ; claviers, cuivres, etc.), le concert que João Lobo devrait donner dans la Gülcherstrasse de Eupen s’annonce plus proche de son disque solo Nowruz (aussi sur Three:Four). « Rien que de la batterie » mais dans une configuration où ces cinq mots n’ont jamais à ce point été à côté de la plaque, tant ici aucun manque ne se fait sentir. La batterie de João Lobo permet à tout un monde, un univers sonore – riche mais jamais démonstratif – d’éclore. Pour notre plus grand plaisir.  [PhD]  



David Toop

David Toop a débuté sa carrière dans plusieurs formations britanniques de musique improvisée comme Alterations, The 49 Americans ou encore The Flying Lizards avant de publier un premier album à son nom (en collaboration avec Max Eastley) sur label Obscure de Brian Eno en 1975 : New and Rediscovered Musical Instruments. Il s’est ensuite illustré avec ses enregistrementsethnographiques consacrés aux indiens Yanomani du Brésil. Beaucoup de gens ont toutefois découvert David Toop avant tout comme journaliste (pour le magazine The Wire entre autres) et comme écrivain. C’est notamment avec Ocean Of Sound, son deuxième livre, publié en 1995 (onze ans après Rap Attack, un livre de référence sur le hip-hop), qu’il a pu toucher un public plus vaste. Cet ouvrage abordait les musiques électroniques et expérimentales de l’époque sous un angle nouveau, traçant des parallèles souvent audacieux entre l’ensemble des musiques d’avant-garde du XXème siècle, et n’hésitait pas à mêler figures historiques reconnues et références obscures et personnelles. Il a à ce jour écrit six livres étonnants sur la musique, et publié une quinzaine de disques minimalistes et novateurs, seul ou collaborations avec Jeff Noon ou Max Eastley.  [BD]


Dimanche 10 septembre

Rie Nakajima et Pierre Berthet

La Japonaise Rie Nakajima et le Belge Pierre Berthet ont en commun le goût des sons modestes et discrets. Leurs créations respectives se basent généralement sur l’interaction de petits objets, souvent des objets non-musicaux, avec un lieu, une architecture. Ensemble ils mettent à profit leur expérience et leur arsenal de petits moteurs, de résonateurs, de bibelots et matériaux divers, pour construire des installations sonores ludiques et poétiques, intitulées Dead Plants and Living Objects. Ils disséminent à travers l’espace de performance de minuscules cellules autonomes, qu’ils orchestrent avec parcimonie. Des matières naturelles, feuilles, bois, des objets trouvés, bidons, sceaux, vieux ressorts, sont mis en mouvement par des mécaniques à piles et leurs sons ténus se mêlent progressivement jusqu’à inonder la pièce, sous le contrôle mesuré des deux musiciens.  [BD]




Pierre Bastien

Docteur en Littérature française du dix-huitième siècle, Pierre Bastien a commencé sa carrière musicale sur le légendaire album Parallèles du saxophoniste Jac Berrocal. Notre homme y joue des claquements de torchon de cuisine et un ostinato de contrebasse à une note sur le morceau « Bric-à-Brac (To Russolo) ». Pierre Bastien a aussi été un des complices de la première heure de Pascal Comelade au sein de son Bel Canto Orquestra. Mais, c’est surtout en tant que démiurge et âme-à-tout-faire de son propre univers qu’il nous hypnotise et nous charme. Depuis vingt ans, il imagine, façonne et peaufine le « Mecanium », un orchestre mécanique - et métallique - construit à base de vieilles boites de jouets Meccano et d’instruments à cordes et de percussion du monde entier. Et l’admirateur d'Erik Satie, d'Alexandre Calder ou de Raymond Queneau (un de ses albums se nomme Eggs Air Sister Steel, hommage phonétique au père de Zazie) de dialoguer au cornet (mini-trompette, cousine pas si lointaine de celle de Don Cherry) avec sa créature de poulies, de courroies et d'engrenages miniatures. Un simple spot et un mur blanc suffisent souvent à transformer ce petit monde en un fascinant spectacle de théâtre d’ombres.  [PhD, 2007]




Dominique Lawalrée


Le musicien belge Dominique Lawalrée est actif en tant que compositeur depuis 1973. Pianiste autodidacte il revendique des influences qui vont d'Erik Satie, Igor Stravinski, John Cage, Morton Feldman et Terry Riley à Soft Machine, Brian Eno et aux Beatles. Jouant à la fois du piano, de l'orgue, du clavecin ainsi que sur divers synthétiseurs, sa musique se caractérise par la juxtaposition de blocs d'accords, de notes répétées sur des motifs où silence et résonance ont une place prépondérante. Un travail qui fait inévitablement penser à la série de disques ambient de Eno mais cela serait un peu réducteur. Dominique Lawalrée a sorti une vingtaine d'albums auto-produits et composé 450 œuvres qui ont été tout récemment mises en valeur outre-Atlantique via une superbe anthologie (First Meeting) sortie sur le label new-yorkais Catch Wave Ltd.  [DM]



Jace Clayton

Jace Clayton, alias DJ/Rupture est un New-Yorkais originaire de Boston, mais il se revendique avant tout comme un artiste global. Ses activités de DJ et de conférencier ont fait de lui un nomade, comme il le raconte dans son livre : Uptroot, Travels in 21st Century Music and Digital Culture. Ses goûts musicaux sont tout aussi éclectiques, et on peut le croiser au Japon jouant du hiphop algérien, comme à Dubaï jouant de la musique mexicaine. Ses DJ-sets sont plus que des voyages, ce sont des immersions dans une utopie sans frontières où l’occident n’est qu’une culture parmi tant d’autres, et où les musiciens des favelas ou du désert sont placés sur le même plan que ceux des mégalopoles d’Europe ou des USA. Clayton a également conçu un spectacle en hommage à Julius Eastman intitulé The Julius Eastman Memorial Dinner. (cf. ci-dessous)  [BD]





Jace Clayton présente The Julius Eastman Memorial Dinner

Né en 1949 et mort en 1990, le compositeur, pianiste, chanteur et danseur afro-américain Julius Eastman a été actif, tout au long de son parcours créatif, au point de rencontre entre les musiques classiques contemporaines (il préférait le nom de « musiques organiques » à celui de « musiques minimalistes ») et les cultures populaires. À Ithaca, dans l’état de New York, il apprend le piano à l’âge de 14 ans avant de partir étudier la musique à Philadelphie et de revenir donner son premier concert au New Tork Town Hall en 1966. Il sera la première voix masculine de l’ensemble de Meredith Monk (cf. les albums Dolmen Music  Turtle Dreams) et collaborera à de multiples reprises avec le violoncelliste Arthur Russell (en tant que chef de presque tous ses enregistrements orchestraux mais aussi en tant que claviériste et chanteur du projet 24-24 Music de son alter-ego disco Dinosaur L). Régulièrement ostracisé, en tant que noir et/ou en tant que gay, Eastman décida – comme en témoigne sa Nigger Series des années 1978-1980, avec des compositions telles que « Nigger Faggot », « Dirty Nigger », « Evil Nigger » ou « Gay Guerilla » – de  faire face plutôt que de fuir ou de se cacher.

Ce que j’essaie de réaliser c’est d’être ce que je suis pleinement – pleinement noir, pleinement musicien, pleinement homosexuel. — Julius Eastman

Alors qu’il meurt seul, ses affaires (notamment ses partitions) dispersées, que son avis nécrologique ne parait que huit mois après son décès, sa musique est redécouverte, à nouveau jouée, enregistrée et diffusée depuis une dizaine d’années ea. grâce au travail de ses biographes Renée Levine Packer et Mary Jane Leach mais aussi de Jayce Clayton / DJ rupture qui propose une relecture entre piano et interventions électroniques, volontairement irrévérencieuse (« Reverence can be a form of forgetting ») de ses compositions.  [PhD]


À lire encore sur Julius Eastman :

http://www.cases-rebelles.org/julius-eastman-ange-dechu-de-la-musique-minimaliste/




Une playlist de PointCulture
réalisée par Philippe Delvosalle, Benoit Deuxant et David Mennessier


festival Meakusma 2017
17 Rotenbergplatz
4700 Eupen

Du Vendredi 8 au Dimanche 10 septembre 2017

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