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Playlist

L'Hiver et ses plaisirs

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Lorsque l’hiver est représenté ou apparaît comme toile de fond dans le cinéma, la musique ou la littérature, il s’agit rarement de « plaisirs » ; c’est plutôt le côté morose qui l’emporte à l’exception des œuvres célébrant Noël et l’invitation, voire l’injonction, d’y prendre part avec joie. Pourtant, dans la petite sélection qui suit, nous avons pu pointer quelques trouvailles évoquant les plaisirs divers d’une saison réputée froide et morte en dehors des fêtes de fin d’année (tout lien avec une opération touristico-commerciale serait purement fortuit). À l’initiative de la Bibliothèque Romain Rolland d’Evere, PointCulture propose une petite médiagraphie sur ce thème.

Sommaire

Note : la bibliographie de la Bilbiothèque Romain Rolland d'Evere (conjointe à celle qu'a produite PointCulture) se trouve sur cette page...


Piotr Tchaïkovski, Le Casse-Noisette (1891-1982)

Casse-Noisette est sans doute le plus bel exemple de ballet-féérie. Mêlant danse, musique, lumières, décors, mime, il emmène les spectateurs et auditeurs dans le monde merveilleux de la veillée de Noël. Sur une adaptation par Alexandre Dumas père d’un conte de Noël d’E.T.A. Hofmann, Tchaïkovski répond à une commande du célèbre chorégraphe français Marius Petipa. Une fillette reçoit en cadeau un superbe casse-noisette. Ce bel objet l’enchante mais attise la jalousie de son frère qui le brise. La nuit, son sommeil est peuplé de créatures fantastiques mettant en scène le casse-noisette, prétexte au compositeur pour explorer tout un panel de timbres et d’atmosphères aussi nouveaux que féériques. De nombreux tableaux sont d’influence folklorique – la danse arabe ; la danse chinoise… – tandis qu’un travail particulièrement soigné des couleurs orchestrales donne à l’ensemble toute son originalité, comme dans le duo entre le célesta et la clarinette basse, à l’œuvre dans la danse de la Fée Dragée. [NR]

Danse de la fée Dragée (chorégraphie de Marius Petipa dans le ballet de Béjart)


Manuel von Stürler : Hiver nomade (2012)

Un ciel bas d’hiver. Des crissements de pas dans la neige, des tintements de cloches. Des chiens qui aboient et des moutons qui bêlent, le bruit du matériel qu’un homme et une femme, vêtus de longues capes, accrochent sur le dos des ânes. D’emblée, le spectateur est plongé dans un décor digne d’un tableau de Brueghel l’Ancien pour suivre le quotidien de ces deux bergers réunis par la même passion, celle de la transhumance, cette pratique ancestrale qui consiste à emmener un troupeau de plusieurs centaines de moutons pendant un voyage d’hiver de plusieurs mois, dans le but d’être engraissé. Le froid, les conditions de vie rudimentaires, l’apprentissage parfois difficile du métier pour la jeune femme, et l’herbe qui se fait rare dans un paysage de plus en plus urbanisé nous renvoient à un autre rapport au temps : celui du voyage, à pas d’homme et d’animaux, celui de la vie en harmonie avec les éléments naturels.

Une odyssée comme une ode à la liberté et à la transmission, bouffée d’air pur et de poésie servies par une très grande maîtrise photographique. [MB]


Louis Lumière : Bataille de boules de neige (1897)

Il n’y a pas beaucoup de plaisirs plus simples et qui nous reconnectent aussi immédiatement à l’enfance qu’une bataille de boules de neige. Et il y a un film qui relie ces joies retrouvées de notre enfance et les premiers pas du cinéma. Deux ans après les premières projections publiques des films tournés grâce au Cinématographe qu’il a mis au point avec son frère Auguste, Louis Lumière tourne une courte scène comique à deux pas de leur usine lyonnaise. Dans cette vignette de moins d’une minute (durée typique des films Lumière, liée à la taille des bobineaux de pellicule de leur caméra), une vingtaine d’adultes se livrent à une bataille de boules de neige, d’abord entre eux, puis en prenant pour cible un malheureux cycliste qui arrive par le fond de l’image à gauche… L’inventeur-cinéaste recourt à nouveau (comme dans L’Arrivée du train en gare de La Ciotat en 1895) au cadrage selon la diagonale du champ, regardant la scène de trois quart, pour accompagner le mouvement et s’éloigner de la frontalité photographique. [PD]


Jean-Philippe Toussaint : La Patinoire (1999)

Avec sa surface glissante et la ligne de démarcation qu’elle tire entre grâce et maladresse ainsi qu’entre équilibre et chute, la patinoire est un terrain de jeu rêvé pour le cinéma burlesque. Dans la lignée du Charlot patine (The Rink, 1916) de Chaplin (même si là il s’agissait de patinage à roulettes, mais les ressorts comiques y sont proches), l’écrivain et cinéaste bruxellois Jean-Philippe Toussaint imagine un film-ballet qui se déroulerait dans une patinoire alors qu’il assiste à un match de hockey sur glace à Berlin en 1993. Quelques années et moutures de scénarios plus tard, dans un « film about film », dans un tournage de cinéma mis en abyme, il met en scène les interactions « on ice » entre un réalisateur (Tom Novembre), son assistante (Mireille Perrier), sa productrice (Marie-France Pisier), un chef op’ flamand (Dominique Deruddere), deux stars américaines (Bruce Campbell et Dolores Chaplin, « petite-fille de ») et une brochette de hockeyeurs sur glace (joués par l’équipe nationale lituanienne). Chutes, retenue et dérapages pour un burlesque poétique. [PD]


Werner Herzog : La Grande Extase du sculpteur sur bois Steiner (1974)

Walter Steiner sculpte le bois et fend l’air. Au début des années 1970, Werner Herzog consacre un moyen métrage à ce sauteur à ski suisse surnommé « l’homme oiseau », à ce jeune adulte qui il n’y a pas si longtemps était encore un enfant distrait à l’école qui rêvait d’avions et d’aviation. Son film s’éloigne de la retransmission sportive à la télévision, d’abord par la qualité de ses images (le grain de sa pellicule 16mm couleurs, les incroyables séquences ralenties 10 à 20 fois tournées à la caméra haute vitesse) mais aussi, surtout, par sa portée poétique et philosophique. Plus que de records, il est question ici, sur la neige des grands tremplins du circuit du championnat du monde ou sur les pistes d’entrainement estivales en plastique, de limites : de limite entre le saut et l’envol, de danger et de limite entre l’extase d’un moment suspendu et le risque toujours présent d’une chute qui pourrait s’avérer funeste. [PD]


Michel Brault, Gilles Groulx : Les Raquetteurs (1958)

Le congrès des raquetteurs à Sherbrooke (Québec) se déroule dans une ambiance bon enfant et par un froid glacial. Durant toute la journée que dure la manifestation, les réalisateurs ont capté des moments forts : les officiels et les délégations, les parades et les discours, la course de fond, les « raquetteuses », les coulisses... et en soirée, un bal au cours duquel on élit joyeusement et en musique la reine des raquetteurs.

C’est l'un des premiers films appartenant à un courant qui va révolutionner le documentaire grâce à des innovations technologiques (image et son synchrones), instaurant un nouveau rapport au réel : le cinéma direct. Ce court métrage de Gilles Groulx et Michel Brault a été novateur à plus d'un titre : des caméras à l’épaule, fluides et extrêmement mobiles, s’immiscent partout où elles le peuvent (gros plans, contre-plongées) ; un son direct (Marcel Carrière) sans commentaire ; une juxtaposition de scènes se passant en même temps en plusieurs lieux en un montage serré. [MR]


Patrice Leconte : Les Bronzés font du ski (1979)

Impossible de ne pas citer ce film dans cette thématique, tant pour ses répliques cultes que pour les saynètes qui rappellent quelques moments vécus à toute personne ayant déjà eu la chance de fréquenter les stations de ski en hiver, même s’il fut réalisé il y a un peu plus de quatre décennies. Le film est une réussite dans son genre. Cependant, la troupe du Splendid n’était pas partante pour écrire une suite aux Bronzés (1978). C’est sur insistance du producteur Yves Rousset-Rouard que le projet fut monté.

Si le premier opus est directement inspiré du Club Med avec des touristes un peu nigauds, le deuxième en montre certains sous un jour plus sombre ou plus minable, et l’humour y est plus féroce : Popeye le séducteur (Thierry Lhermitte) est pitoyable, le couple Balasko-Jugnot est devenu arrogant, le couple Clavier-Chazel est odieux… quant à Jean-Claude Dusse (Michel Blanc), il est toujours aussi pathétique, en quête perpétuelle d’une femme – peu importe qui – avec laquelle il pourrait « conclure ». [MR]


Thomas Riedelsheimer : Penché dans le vent (2017)

Andy Goldsworthy (né en 1956) est un artiste britannique mondialement reconnu pour son travail éphémère et permanent avec la nature. Il fait partie d’un courant artistique qui se nomme le land art. L’artiste travaille généralement en plein air et utilise quasi exclusivement des matériaux ou objets naturels trouvés sur place pour réaliser ses œuvres.

Bien qu’Andy Goldsworthy soit suivi en divers points du globe, une large partie du film se déroule dans le Dumfriesshire (Écosse) et dans les alentours de Morecambe (Angleterre), en automne et en hiver. On y découvre un artiste qui, par tous les temps, s’amuse comme un enfant en pleine nature, sans pour autant oublier la profondeur de ses actes et de ses gestes : grimper dans les arbres et épouser leur mouvement, remplir de neige les fissures d’un orme mort, pour mieux révéler, par contraste avec le tronc noirci, la violence de sa chute, se coucher en différents points d’un sol enneigé et découvrir les empreintes fugaces de son corps, etc. [MR]


Frederick Wiseman : Aspen (1991)

Réputée au 19e siècle pour ses mines d’argent, la petite ville d’Aspen, dans les Rocheuses, est devenue une station de ski huppée avec restaurants et boutiques haut de gamme, accueillant chaque année le beau monde du Colorado. Fidèle à l’approche sociologique qu’il adopte depuis ses premiers films documentaires, Frederick Wiseman (à la prise de son et au montage) ausculte et écoute ce qui se passe dans la ville et alentour, adoptant la forme longue (plus de deux heures), sans aucun commentaire. Bien que le « décor » soit beaucoup plus léger que les milieux et institutions américains explorés par lui dans ses films antérieurs (prison, hôpital, tribunal pour mineurs, système de santé et sécurité sociale, etc.), le cinéaste observe certes le quotidien des vacanciers dans une ville de luxe et d’insouciance, mais également celui des personnes qui y travaillent. Par l’effet du montage, dans un jeu d’allers-retours, on y voit des personnes qui dépensent leur argent et d’autres qui doivent le gagner. [MR]

Claire Simon à propos d'Aspen :

Une médiagraphie réalisée avec les contributions de : Manu Bollen, Philippe Delvosalle, Marc Roesems et Nathalie Ronvaux.

Pour la bibliographie réalisée par la Bibliothèque Romain Rolland d'Evere, voir la page...