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Playlist

Le Chili de Salvador Allende entre cinéma et musique

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Chili. 1970. Salvador Allende, un socialiste, remporte l'élection présidentielle, ce qui suscite la fervente opposition de la droite conservatrice. En 1973, Allende est renversé lors d'un coup d'État organisé par le général Augusto Pinochet, soutenu activement par les États-Unis. Le pays plonge alors dans une dictature de droite, dont l'objectif est de rétablir un ordre capitaliste inégalitaire, dominé par une bourgeoisie prétendument "éclairée". Cette période sombre est marquée par une répression impitoyable, avec des disparitions forcées et l'exil massif d'opposants politiques, parmi lesquels de nombreux artistes. Cette médiagraphie sélective, qui combine musique, films documentaires et fictions, nous offre un aperçu de cette histoire tragique, qui résonne encore aujourd'hui en tant que témoignage inspirant de la résistance d'un peuple face à l'oppression.

Sommaire

Cinéma documentaire

Bruno Muel, Théo Robichet et Valérie Mayoux : Septembre chilien (1973)

Cinq ans après le début des activités de leur collectif de cinéma ouvrier et militant – mais deux semaines à peine après le 11 septembre 1973 – trois cinéastes liés aux groupes Medvedkine réalisent à Santiago un impitoyable état des lieux en direct des exactions du nouveau régime (tortures, viols, exécutions sommaires, disparitions, etc.) Bruno Muel, Théo Robichet et Valérie Mayoux filment l’ensemble des points de vue. (je propose de couper la phrase sinon elle est trop longue). D’une part, leur caméra suit à la fois les moments officiels proposés par la junte aux journalistes internationaux : une conférence de presse des généraux, la rencontre entre Augusto Pinochet et l’ambassadeur du régime d’extrême droite en Uruguay ou la glaçante mise en scène d’une visite de presse officielle au Stade national transformé en prison. Par ailleurs, ils enregistrent aussi, de manière clandestine, les témoignages d’opposants ou les funérailles de Pablo Neruda, mort quelques jours après le putsch et qui va se transformer en première manifestation publique de fidélité à l’Union populaire. Montant les images d’un bidonville sur une chanson de Victor Jara, confiant la lecture de la voix off entre autres à Pierre Kast et Simone Signoret, Septembre chilien est aussi avant tout un film de visages – des centaines de visages de Chiliens anonymes sur lesquels se lisent surtout l’inquiétude, la terreur… et le courage. [PD]

Chris Marker : L'Ambassade (1973)

Dans une ambassade anonyme d'un pays non identifié, des réfugiés politiques vivent les heures difficiles qui suivent un coup d'État militaire. Le film L'ambassade nous plonge dans cet univers, et bien que toute ressemblance avec des personnages et des faits réels soit purement fortuite, il évoque clairement une situation similaire à celle du Chili en septembre 1973.

Le récit du film nous présente la répression immédiate, massive et féroce qui s'abat sur les opposants. Certains parviennent à échapper aux arrestations en se réfugiant dans des ambassades, dont celle où a été retrouvé un film super 8. [DBF]

Patricio Guzmán : La Bataille du Chili (1975)

Les trois parties qui composent cette fresque historique retracent, pas à pas, des mois d’incertitude, de luttes et finalement de basculement du régime chilien, passant brutalement du gouvernement de Salvador Allende à la dictature du général Augusto Pinochet.

En 1973, Patricio Guzmán entreprend le tournage de ce film considéré comme un chef- d’œuvre du cinéma direct et politique des années 1970, du mois de janvier au 11 septembre, jour du coup d’État et de l’écrasement du palais présidentiel sous les bombardements d’avions de chasse.

Durant neuf mois, sa caméra se fraye un chemin à travers l'effervescence chilienne de cette année fatidique, montrant le travail de sape des classes les plus conservatrices qui organisent des grèves sauvages, les « théâtres » d’affrontement de la gauche et de la droite – dans les rues, les usines, les universités, au Parlement, dans les médias, etc.- , mais aussi les expériences originales en grande partie spontanées, pour tenter d’endiguer la situation de chaos et soutenir Allende – actions collectives, magasins communautaires, comités de paysans, etc.

Quand les partis qui soutiennent Allende obtiennent la majorité des suffrages en mars 1973, la droite comprend qu’elle ne peut plus avoir recours à des mécanismes légaux. Un coup d’État devient désormais sa seule stratégie. [MR]

Patricio Guzmán : Salvador Allende (2004)

Dans Salvador Allende, le réalisateur Patricio Guzmán retourne au Chili, trente ans après le coup d'État et la chute de Salvador Allende, pour dresser un portrait émouvant de son pays et de son leader historique. Guzmán explore la vie et le combat politique d'Allende, ses victoires, ses difficultés et les tentatives de déstabilisation de la CIA et de la droite conservatrice. En parallèle, il raconte son propre parcours, sa détention au Stade national et sa volonté de sauver les bobines de son film sur la révolution chilienne. À travers des lieux revisités et des témoignages d'archives, Guzmán interroge la possibilité d'être à la fois révolutionnaire et démocrate. Le réalisateur ne peut oublier la brutalité de la dictature qui a suivi, avec ses années de souffrance, de mort, d'exil et d'effacement de la mémoire. Pour Guzmán, Allende incarne un homme atypique, rebelle et passionné de démocratie, dont la cruelle pertinence persiste. [DBF]

Carmen Castillo : Calle Santa Fe (2007)

C'est un film sur l'engagement politique, au plus près de la vérité d'une femme chilienne, Carmen Castillo, qui survit à son compagnon, Miguel Enriquez, chef de la Résistance contre la dictature de Pinochet, mort au combat, rue Santa Fe, dans les faubourgs de Santiago du Chili, le 5 octobre 1974. Un récit tendu par une interrogation : tous ces actes de résistance valaient-ils la peine? Miguel est-il mort pour rien?

Au fil des rencontres avec les habitants de la rue Santa Fe, la famille, les amis, leurs vies, leurs visages, Carmen Castillo parcourt un chemin, qui va de la clandestinité à l'exil, des jours lumineux d'Allende aux longues années sombres de la dictature, avec tous ceux qui ont combattu et ceux qui résistent encore aujourd'hui. Se tissent l´histoire d'une génération de révolutionnaires et celle d'un pays divisé. La quête du sens de ces vies engagées nous conduira dans les sous-sols d'un pays amnésique où les morts ne sont pourtant pas morts et où les jeunes inventent, une nouvelle fois, un rêve. [DBF]

Nanni Moretti : Santiago, Italia (2018)

Santiago, Italia de Nanni Moretti est un documentaire qui retrace les mois qui ont suivi le coup d'État au Chili et la fin du rêve démocratique de Salvador Allende. À travers l'utilisation d'images d'archives et de témoignages poignants, le réalisateur met en lumière le rôle remarquable de l'ambassade italienne à Santiago.

Le film se distingue par un changement de perspective, passant de la première à la deuxième personne. Moretti donne la parole aux témoins, créant ainsi un récit participatif où les protagonistes livrent leurs souvenirs et leurs expériences. Cette approche permet de proposer une vision collective de l'histoire, où chaque témoignage apporte une pièce du puzzle. [DBF]


Cinéma fiction

Helvio Soto : Il pleut sur Santiago (1976)

Il pleut sur Santiago de Helvio Soto retrace les événements du 11 septembre 1973 au Chili. Alors que Santiago dort encore, la flotte militaire attaque Valparaiso, marquant le début du coup d'État visant à évincer les socialistes (le gouvernement d’Unité populaire) du président Salvador Allende. Ce dernier, confiné au palais de la Moneda, reste informé de la situation, tandis que le général Pinochet, leader des insurgés, se prépare à recourir à la force. Pendant ce temps, les étudiants et les ouvriers surveillent attentivement l'évolution des événements dans les usines et les écoles. Les soldats attaquent la Moneda, où Allende perd la vie. Les chars envahissent les rues de Santiago et les procès sommaires ainsi que les exécutions des opposants commencent. Ce film témoigne de cette tragédie et de la violence qui s'ensuit, mettant en lumière les moments clés de cette période sombre de l'histoire chilienne. [DBF]

Costa - Gavras : Missing (1982)

Missing de Costa-Gavras raconte l'histoire vraie de Charles Horman, un journaliste américain porté disparu au Chili après le coup d'État de Pinochet en 1973. Charles et sa femme Beth sont des sympathisants du gouvernement d'Allende. Lorsque Charles découvre l'implication des États-Unis dans le renversement du président, il décide de rentrer à Santiago, mais il disparaît. Son père, Ed, part à sa recherche et se confronte à un mur de silence. Le film rend hommage à Salvador Allende et explore les relations complexes entre un père conservateur et son fils engagé. Costa-Gavras utilise cette histoire pour mettre en lumière la réalité politique et sociale du Chili sous la dictature de Pinochet. [DBF]

Andrès Wood : Machuca (2004)

Andrés Wood est un cinéaste chilien né à Santiago en 1965. Il n’a donc connu l’Unité populaire que durant son enfance. Il grandit dans une famille bourgeoise, ses parents sont de droite tandis que son cœur bat à gauche. Il est âgé de 8 ans quand la prise de pouvoir par les militaires met aussi fin à l’expérience de mixité sociale dans son collège.

En 2004, après avoir vu clandestinement au pays La Bataille du Chili de Patricio Guzmán dans les années 1980 et être parti étudier le cinéma à New York dans les années 1990, il réalise un film imprégné de son expérience d’enfant mais aussi de références à François Truffaut et Louis Malle (Au revoir les enfants). Dans une forme classique – un peu trop classique et gentille – Mon ami Machuca raconte l’amitié entre Gonzalo, gamin timide issu d'une famille des beaux quartiers, et Pedro (Machuca), fils de paysans qui survit dans un bidonville, grâce à l'initiative idéaliste d’un Père qui décide d’intégrer des enfants de milieux défavorisé au collège catholique très huppé qu'il dirige. [PD]

Pablo Larraín : Tony Manero (2008)

Au printemps 1978, John Travolta est "Tony Manero" dans le film La fièvre du samedi soir, et enflamme le monde du disco. Au même moment à Santiago du Chili, alors que la terrible dictature de Pinochet sévit, Raùl Peralta, 50 ans, est fasciné par ce personnage et par l'univers du film. Tous les samedis soirs, il se livre à sa passion pour le disco. En compagnie d'autres danseurs amateurs, il crée un spectacle dans un night-club de banlieue. Quand il apprend que la télévision organise un concours du meilleur sosie de Tony Manero, Raùl y voit une chance de devenir une star. Sa fascination se transforme en obsession. Plus rien ni personne ne pourra alors l'arrêter...

Premier volet de sa trilogie autour du Chili de Pinochet (avec Post mortem et No), Tony Manero est un magnifique film politique et humain jouant allègrement sur les contrastes entre le disco chatoyant de l'époque et le climat sombre et tendu de l'ère Pinochet. [DBF]

Pablo Larraín : Santiago 73, Post mortem (2010)

À Santiago du Chili, début 1973, Mario mène une vie sans éclats et silencieuse derrière les murs de sa petite maison de banlieue, grise et tranquille. Le seul rayon de soleil de sa morne existence de « fonctionnaire légiste » (il retranscrit les rapports d’autopsie) est sa voisine, danseuse de cabaret le jour et sympathisante communiste, qu’il épie depuis ses fenêtres. Mais leur idylle naissante vole en éclats quand le corps de l’ancien président Salvador Allende est amené à la morgue pour un examen anatomique post-mortem discret. Une autopsie réalisée en présence de hauts gradés de l’armée, sous la direction d’un médecin militaire qui remplace l’ancien responsable « affecté ailleurs », et qui indique très rapidement à son personnel le nouveau cadre de travail. Et dans une ville reprise d’une main de fer par l’armée et la police militaire en toute impunité légale, face à la détresse qui frappe à sa porte, Mario ne pourra pas bien longtemps demeurer à l’écart de l’agitation du monde. [YH]

Andrès WOOD : Violeta (2011)

Violeta Parra, chanteuse, poète et peintre, est une véritable icône de la culture chilienne. Violeta retrace le destin d'une femme hors du commun, ses succès et sa déchéance. De son enfance aux côtés d'un père alcoolique, en passant par son apprentissage de la guitare, son rapport brutal et déterminé à la maternité et au monde, ses engagements esthétiques et politiques, jusqu'à sa fin tragique...

Bien loin du biopic de facture très classique façon La môme, ce portrait de la chanteuse Violeta Parra se rapproche davantage de la vision poétique et singulière de I'm not there de Todd Haynes. Pour ceux qui ne connaissent pas encore cette figure incontournable de la culture chilienne, ce Violeta apparaît comme une porte d'entrée de qualité. [DBF]


Musique

Quilapayun : El pueblo unido jamas sera vencido (1971-1977)

Quilapayun est un groupe chilien fondé en 1965, utilisant des instruments traditionnels andins dans ses chansons. Il a un rôle important dans le mouvement de la nueva cancion chilena (Nouvelle Chanson Chilienne) et est fortement engagé politiquement. Aujourd'hui, il s'est scindé en deux formations, l'une au Chili, l'autre en France. Ce disque reprend en grande partie l'album El pueblo unido jamás será vencido de 1975, ainsi que quelques autres chansons. (ASDS)

Angel Parra : Venceremos : hommage à Salvador Allende (2003)

Le 11 septembre 1973, suite au coup d'État d'Augusto Pinochet, Salvador Allende trouve la mort. Quarante ans plus tard, un groupe d'artistes exceptionnels (Angel Parra, Mouss et Hakim des Zebda / Les Motivés, Victor Jara, Pierre Arditi pour un texte de Gilles Perrault...) rend un hommage vibrant au président révolutionnaire du Chili. Cette compilation musicale et artistique célèbre la mémoire de Salvador Allende et son héritage. [DBF]

Illapu : De sueños y esperanza (Instrumental) (1994)

Fondé en 1971 à Antofagasta, au nord du Chili, Illapu est un groupe folklorique chilien. Son nom est inspiré de la langue quechua. Illapu fait partie des grands ensembles de la Nouvelle Chanson Chilienne, mouvement qui émerge durant l'époque de l'Unité Populaire et du gouvernement d'Allende. Leur musique est marquée par des préoccupations sociales, politiques et culturelles. Le groupe se distingue également par la qualité de ses mélodies, leur traitement choral et instrumental, qui ne sont pas figés, mais évoluent. Ce disque édité en 1993 propose des morceaux instrumentaux. [DBF]


Victor Jara

Victor Jara (1932-1973), chanteur chilien engagé, a marqué l'histoire de son pays avec sa musique folklorique et son activisme politique. À travers ses chansons, il dénonce l'oppression et l'injustice sociale. Proche du président socialiste Salvador Allende et du parti de l'Unité populaire, Jara devient ambassadeur culturel pendant son gouvernement. Cependant, après le coup d'État de 1973, la dictature interdit toute mention de son nom, censure sa musique et détruit ses disques. Il est assassiné peu après.

Victor Jara a écrit de nombreuses chansons en style nueva cancion, critiquant la bourgeoisie, contestant la guerre du Vietnam et rendant hommage au peuple mais aussi à des grandes figures révolutionnaires latino-américaines.

Son héritage musical demeure un symbole de résistance et de lutte pour la justice sociale au Chili. [DBF]

Voici quatre albums de sa discographie :

Victor Jara : Canto por travesura – desde lonquen hasta siempre (1967 1973)

Victor Jara : Déjà la vida volar (1967 – 1973)

Victor Jara : Manifesto (1973)

Victor Jara : Canciones postumas – cante libre (1970 – 1975)

Une médiagraphie de Dany Ben Felix, Marc Roesems, Philippe Delvosalle et Yannick Hustache et Anne-Sophie De Sutter