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Playlist

Filmfriend : sélection mars 2024 (courts métrages)

bannière Filmfriend mars 2024 - courts métrages
« Length doesn’t matter ». Il n’y a bien sûr pas de lien entre la durée d’un film et ses qualités. Il y a des perles – et des navets – cinématographiques d’une heure trente, de trois heures ou de quatre minutes ! Une sélection de huit courts métrages (pour la plupart belges francophones) entre cinéma d’animation, clip sublimé, documentaires et fictions au sein du riche catalogue de la plateforme Filmfriend, accessible gratuitement via votre compte PointCulture

Sommaire

Baloji : Zombies (2019)

Après Peau de chagrin/Bleu de nuit, Baloji continue avec Zombies à exploser le format du clip vidéo. Les chansons sont ici utilisées comme prétextes pour réaliser des courts-métrages qui ne se contentent plus de les illustrer. Ce qui avait commencé comme une mise en scène des textes, un prolongement du thème, l’ajout d’un avant et d’un après, amène à un élargissement du contexte et du décor, et à l’élaboration d’une histoire plus globale, un film en somme. Dans la lignée de ses textes mélancoliques et moralistes, Baloji s’attaque cette fois aux machines qui nous transforment en zombies, aux smartphones omniprésents et tout-puissants qui font que « plus personne ne danse, parce que tout le monde est occupé à prendre des selfies ». Les quatre chansons – « Spotlight », « Glossine », « Kongolois » et « Ciel d’encre », tirées de l’album 137 Avenue Kaniama – sont augmentées de scènes de la vie quotidienne, qui virent progressivement à des séquences plus hallucinées. On passe de visites chez le coiffeur à des scènes de clubbing effrénées, et de traversées de la ville à des parades et chorégraphies masquées. Comme à chaque occasion, Baloji s’entoure d’une foule d’artistes majoritairement congolais : danseurs, sculpteurs, stylistes, designers, modèles et sapeurs. Leurs créations et leur présence, en simples plans presque fixes, donne au film sa tonalité surnaturelle. (BD)


Morgane Thibaut : La Dernière Meute (2017)

Dans la lumière diffuse d’un chenil, une meute de chiens, tous issus de la même race, et dont le nombre est difficile à évaluer est filmée par une caméra placée à leur hauteur. Quelques sons au dehors (le ronronnement d’un moteur, un sifflotement humain) annonçant leur sortie prochaine dans la campagne environnante font monter l’excitation d’un cran... Pour son documentaire de fin d’études à l’IAD (Louvain-la-Neuve), Morgane Thibaut filme un équipage de chasse à courre en se focalisant sur les chiens et leur maître plutôt que sur les autres chasseurs ou le gibier poursuivi. Convaincant par son sens de la dramaturgie (l’avant, le pendant, l’après ; les contrastes entre moments de calme, d’excitation et d’attente) et de l’image (cadrage, mouvements de caméra, échelle des plans, rapport du net et du flou, etc.) le film adopte aussi le parti pris radical de l’absence totale de voix didactique. Film sensoriel et d’observation, La Dernière Meute nous laisse avec plus de questions que de réponses – ce qui dans notre esprit n’est pas un reproche !

Mais c’est donc hors du film, sur Internet par exemple, que le spectateur devra en apprendre plus (peut en apprendre davantage sur l’histoire de l’équipage Rallye Ardennes Campine que suit la cinéaste ou peut se souvenir que la vénerie (autre nom donné à la chasse à courre) encore autorisée et très pratiquée en France est interdite en Allemagne depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, en Angleterre depuis 2005, en Belgique depuis 1995… Et que le court métrage de Morgane Thibaut n’a évidemment ni le même statut, ni la même finalité que les vidéos militantes filmées par les associations opposées à la chasse pour en montrer la cruauté ou les dérives. (PD)


Adriana da Fonseca : Capote percée (2018)

Avec ses grands binocles de bibliothécaire, son air un tantinet nigaud couplé à son non-style vestimentaire, Françoise, dans la cour de récréation comme en salle de gym, pour ses condisciples de classe, c’est uniquement Capote percée, la souffre-douleur sur laquelle pleuvent sans discontinuer moqueries et brimades, avec une belle couche de sadisme et de cruauté collective. Seul le beau Jérémy semble – un temps du moins et certainement pas par charité (chrétienne ?) – prendre sa défense avant de retourner sa veste avec une fureur quasi décuplée. L’enfer pour Françoise c’est à nouveau « les autres » ! Mais Françoise (campée par la réalisatrice elle-même), elle s’en fout, elle garde le cap, parce que malgré sa petite voix fluette, ses cheveux gras en bataille couverts de pellicules, au fond d’elle-même, elle se voit comme une future reine de la comédie musicale, comme une star de la chanson en devenir. Harcelée aujourd’hui, elle sait qu’elle sera célébrée… un jour ! (YH)


Peter Nestler : Rédactions [Aufsätze] (1963)

D’entrée de jeu, avec ses deux premiers courts métrages réalisés avec Kurt Ulrich au début des années 1960, le grand cinéaste documentaire allemand Peter Nestler donne la parole à des voix que l’Allemagne bien-pensante de l’époque (presse, programmateurs, distributeurs, élus politiques, etc.) ne veut pas entendre. Pour leur second film, Rédactions [Aufsätze], tourné dans l’Oberland bernois avec l’institutrice Marianne Beutler, Nestler et Ulrich filment une école de montagne à 2000 m d’altitude en laissant le récit et le commentaire des images aux enfants, qui – non sans hésitations, achoppements sur les mots, reprises de respiration – lisent les uns après les autres, dans une sorte de course relais narrative, leurs rédactions évoquant leur journée, les saisons, l’admiration pour leur maîtresse. Le « dialecte incompréhensible » des élèves (et leurs vêtements trop rustres) fut reproché au film – au point qu’on proposa même à Nestler de faire réenregistrer le texte par des enfants urbains ou « mieux scolarisés ». Ce que le cinéaste refusa, bien sûr. (PD)
Court métrage en allemand, sous-titré anglais.

Article plus long sur le cinéma de Peter Nestler


Frédéric Hainaut : Le Marcheur (2017)

En quelques coups de pinceau fébrile, l’auteur de ce court métrage d’animation, récompensé par de nombreux prix, retrace l’itinéraire d’un ouvrier amené à déserter son usine. Dans un sursaut de conscience, l’homme en route vers l’abattoir abandonne son camion non sans avoir libéré son misérable chargement, un lot de poules à moitié estropiées. À pied désormais, il rejoint un cortège d’indignés. Anonyme et sans gloire, le « tu » qui prend en charge la narration maintient le sujet sur un fil entre l’abattement et la révolte, à la lisière du collectif. Sous la conduite de cette voix sans qualité, faite pour attraper des bouts de réel qui ne peuvent s’agréger ni en un corps ni en une histoire, le film se construit par fulgurances selon une logique d’apparition-disparition qui saisit en premier lieu les images. Obtenu à l’aide d’une technique d’animation mettant en scène le dessin en train de se faire et de se défaire, la cryptokinographie, le résultat offre l’apparence d’une matière instable qui frôle le politique sans parvenir à s'y jeter. À peine esquissées, les figures s’effacent. Tel est le monde du marcheur face à son horizon indéterminé. (CDP)


Delphine Hermans : Poils (2013)

Tout à la fois objet de fascination et motif de répulsion, le poil humain est le sujet abordé par Delphine Hermans dans ce court métrage d’animation au titre univoque. Celui-ci explore notre rapport à la pilosité à travers une galerie de personnages plus ou moins récurrents qui, à défaut de formuler à voix haute, donnent à voir et à entendre divers jeux de physionomie et borborygmes ô combien expressifs. Tirant parti de la capacité du cinéma d’animation à s’affranchir aisément des lois physiques, la réalisatrice belge se sert littéralement du poil comme agent de liaison entre ses protagonistes. Convoité par les collectionneurs-fétichistes aussi bien que repoussoir absolu, le poil n’est jamais totalement dénué d’intérêt tant qu’il est vu par le prisme de Delphine Hermans. (SD)


Géraldine Charpentier : Récit de soi (2018)

« J’ai toujours été très difficile au niveau vestimentaire : dès qu’il y avait du rose, dès qu’il y avait un truc qui brillait, dès qu’il y avait un bord en petite dentelle, dès qu’il y avait un petit nœud, je ne supportais pas, je ne pouvais pas le mettre. Et les robes on n’en parle même pas ! » : d’une voix douce et touchante Lou raconte son trouble à se sentir garçon dans un corps de petite fille sous le regard du monde extérieur. En particulier quand la puberté pointe le bout de son nez, qu’on ne peut plus jouer torse nu à l’extérieur de la maison, qu’on « devient femme » …

Comme Dame, poussières de Catherine Le Goff (2010 – pas présent pour le moment sur Filmfriend mais visible sur laplateforme.be), le court métrage de quatre minutes de Géraldine Charpentier réalisé dans le cadre de ses études à l’Ensav La Cambre (Bruxelles) associe une interview sonore (de nature documentaire et à la première personne du singulier) et une mise en images en cinéma d’animation (dessin, aquarelle, collage, etc.). Un très beau passage à la fin du film raconte l’émotion de Lou à la vision de Tomboy de Céline Sciamma (2011) : « J’ai été très soulagée d’apprendre que mon histoire n’était pas unique et qu’elle pouvait être racontée au cinéma. » Et, sept ans après l’identification à Tomboy, elle a même été racontée une seconde fois, avec Récit de soi ! (PD)


Aude Ha Leplège : Saigon sur Marne (2019)

Des palmiers sous la pluie, la nuit, et puis une photo. Un papy la sort de l’album de famille et la numérise consciencieusement, tout en écoutant de la musique au casque. La pluie de nouveau, et puis les fourchettes à l’intérieur du lave-vaisselle. Une femme, l’épouse du papy, s’occupe des tâches ménagères et donne du pain aux pigeons sur l’appui de fenêtre. Ils accueillent leur petite-fille, armée d’un micro et d’un enregistreur ; elle souhaite en effet les interroger pour mieux connaître leur passé. Papy raconte sa vie au Vietnam et comment il a rencontré son épouse française. Tous deux parlent de leur vie là-bas et de leur émigration en France suite à la guerre, avec beaucoup de complicité. Le quotidien interrompt le récit, les courses, la préparation du repas, le repassage des vêtements. Aude Ha Leplège s’est tournée vers l’animation pour raconter l’histoire de sa famille, dans un style très BD aux larges traits noirs qui brossent des traits assez marqués des personnages, mêlés à des paysages peints à l’aquarelle plus doux. Les images sont contrastées, en noir et blanc, la mélancolie et la tendresse sont omniprésentes. Si le souvenir est important, avec ses nombreux non-dits, le quotidien l’est tout autant dans ce joli court-métrage. (ASDS)


Une sélection de PointCulture (Catherine De Poortere, Anne-Sophie De Sutter, Philippe Delvosalle, Simon Delwart, Benoit Deuxant et Yannick Hustache) à l'occasion de la Fête du court métrage 2024.

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