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Filmfriend : sélection février 2024 (Films de femmes)

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Huit films de femmes réalisatrices, huit histoires brèves ou longues mettant en scène des femmes exceptionnelles et extraordinaires dans leurs actes ou dans leur normalité, que ce soit dans des courts métrages d’animation, des films de fiction ou même un documentaire. Cette sélection au sein du riche catalogue de la plateforme Filmfriend est accessible gratuitement via votre compte PointCulture.

Sommaire

Courts métrages

Liang Huang, Emilie Almaida, Mansoureh Kamar, Juliette Peuportier, Tony Unser : Ama (2015)

Trois minutes trente-trois suffisent parfois pour faire passer un message fort et créer de l’émerveillement. Ce très court-métrage a été réalisé par des élèves de l’école des Gobelins à Paris comme projet de fin d’études. Il s’inspire des « ama », les plongeuses sous-marines japonaises, ces femmes qui s’enfoncent dans les eaux en apnée à la recherche d’ormeaux et d’algues. L’histoire se passe dans les années 1950 : une Américaine, accompagnée de son mari militaire et d’un groupe d’amis discutant de leurs envies de cuisine occidentale, s’éloigne un moment et voit les travailleuses. L’une d’entre elles lui demande d’apporter son panier. Elle trempe d’abord un orteil dans la mer puis plonge et observe leur ballet, avant d’y participer elle aussi. Ce moment est très délicat, très doux, et très puissant en émotions. C’est une parenthèse heureuse dans la vie monotone de cette femme, c’est aussi la découverte d’autres possibilités. Ce moment de légèreté et de bonheur furtif se traduit dans les couleurs feutrées du film d’animation et dans les paysages peints à l’aquarelle qui évoquent le Japon traditionnel. (ASDS)

Fan Sissoko : On the Surface (2021)

Ce court-métrage d’animation, réalisé par Fan Sissoko, une franco-malienne résidant en Islande, explore des thèmes complexes tels que la maternité, l'immigration, l'identité et l’appartenance à un lieu, le tout encapsulé dans le récit personnel et introspectif d’une mère qui se voit poser par sa fille la question de son origine. La réalisation de Sissoko utilise des dessins numériques, animés image par image pour transmettre avec sensibilité ces expériences, en se concentrant sur la force narrative et sur la manière dont elle fait face à ses défis personnels et émotionnels.

Fan Sissoko n'avait pas initialement une formation en cinéma mais plutôt en design et recherche axés sur le changement social. Son intérêt pour le pouvoir de la narration l'a conduite à la réalisation de ce film, qui représente sa première incursion dans l'écriture et la réalisation cinématographique. Pour ce projet, Sissoko a dû apprendre l'animation, un processus qu'elle décrit comme long et fastidieux, mais également méditatif, chaque image étant soigneusement dessinée pour capturer les subtilités du mouvement et de l'émotion. (TM)

Bérangère McNeese : Matriochkas (2019)

Anna (jouée par l’actrice Héloïse Volle) a une quinzaine d’années, des tresses, des « créoles » aux oreilles, de grands yeux ouverts sur le monde. Dans les environs de Marseille où elle grandit, son parcours se décline en une série de lieux importants où elle découvre la vie : sa maison, sa chambre, l’école, les parkings abandonnés, les abribus, une piscine de démonstration dans un zoning industriel… Anna vit avec sa mère Rebecca (Victoire Du Bois), jeune trentenaire fêtarde, rock’n roll et croqueuse d’hommes… Quand Anna découvre qu’elle est enceinte, se pose pour elle le choix de savoir si elle va reproduire quasiment à l’identique le destin de sa mère qui lui a donné naissance et l’a élevée seule à l’adolescence.

Avec son troisième film – récompensé par le Magritte du meilleur court métrage en 2020 – l’actrice et réalisatrice Bérangère McNeese répond à merveille à son souhait de porter à l’écran de beaux rôles féminins qui ne soient pas juste la « femme de », la « copine de », des faire-valoir des personnages masculins. Elle capte particulièrement bien les questionnements et les moments de frottements entre sentiments contradictoires qui sont inhérents à l’adolescence : Anna est en attente et en colère, pleine de doutes et affirmative, perdue et curieuse… Ce beau récit fragmenté traversé d’ellipses offre aussi un beau second rôle masculin à Guillaume Duhesme, motard et amant de Rebecca – donc forcément de passage, mais étonnamment présent aux côtés de la jeune fille à ce moment charnière de son existence. (PD)

Longs métrages

Mia Hansen-Løve : L’Avenir (2016)

Bien que caricaturale par endroits, Nathalie Chazeaux, esquissée par Mia Hansen-Løve, révèle un pays aux prises avec des antagonismes de classe profondément enracinés. Ancienne communiste, cette professeure de lycée rentrée dans le rang voit désormais d’un mauvais œil qu’on l’empêche de tenir sa classe pour des motifs politiques. Sur fond de réforme des retraites, le film entend montrer comment toute ferveur idéologique peut s’étioler à mesure que le confort la corrompt. Au décès de la mère de Nathalie qui, du fait de sa fin de vie compliquée pose à nouveau la question d’une solidarité intergénérationnelle en plein délitement, la lecture des Pensées de Blaise Pascal, bientôt reléguées à la bande son, permet une transition tant cinématographique que métaphorique vers la libération totale de la protagoniste. L’idée finale présente alors l’intérêt de représenter un personnage féminin prenant malgré elle conscience de toutes les entraves auxquelles elle s’astreignait, tantôt par amour, tantôt par devoir. Un abandon traduit à l’image par un repli hors de son existence citadine, chez son jeune ami Fabien, censé incarner une alternative au mode de vie bourgeois dont est issue Nathalie. Au travers du contraste ainsi créé, la cinéaste met en lumière – tant que faire se peut – la complexité sociale d’une France contemporaine aussi insouciante que conflictuelle. (SD)

Margarethe von Trotta : Hannah Arendt (Allemagne, 2012)

Née à Berlin en 1942, la réalisatrice et actrice Margarethe von Trotta occupe une place notable dans le nouveau cinéma allemand qui émergea dans les années 1960, ainsi que, la décennie suivante, dans le Frauenfilm ou film de femmes, courant mettant en vedette des parcours d’émancipation au féminin. Dans cette mouvance, c’est autant la femme d’âge mûr que la controverse qui entoura son concept le plus audacieux, la banalité du mal, qui sont le fil conducteur de ce présent portrait d’Hannah Arendt (1906-1975), philosophe juive allemande ayant fui les camps, figure pionnière de la réflexion sur le totalitarisme.

Emaillé de brefs retours en arrière jetant les lueurs nécessaires sur la relation de la philosophe, quand elle avait 19 ans, avec Martin Heidegger (recteur de l'Université de Fribourg-en-Brisgau pendant la période nazie), le film se concentre sur la publication d’un ensemble de cinq articles que Hannah Arendt fit paraître dans le New Yorker en 1963. Ces textes, rédigés après le procès d’Eichmann auquel elle assista de sa propre initiative, renvoient l’image d’un homme médiocre, tortionnaire par devoir, simple rouage d’une bureaucratie dépourvue de conscience. Au scandale soulevé par cette thèse rapportée au principal responsable de la solution finale s’ajouta le violent rejet suscité par la mention du rôle actif que prirent certains Juifs, dans les camps, à l’encontre des leurs.

Outre le recours aux images d’archives pour figurer le procès, la mise en scène par ailleurs très classique se met aussi en défaut dans la restitution de la polémique faisant suite à la publication d’Eichmann à Jérusalem : Rapport sur la banalité du mal, en épousant un peu trop ouvertement le parti de la philosophe. Il est vrai que le jeu remarquable de Barbara Sukowa domine largement le film, la grande actrice allemande incarnant une philosophe pleine de flegme et de force, à la foi énergique et mélancolique, mélanges dont la singularité rend parfaitement celle d’un modèle féminin hors norme.

A sa manière, le film apporte aussi sa contribution à un effort du cinéma, s’agissant de la Shoah, de dire, et surtout de penser l’indicible. En cela, c’est encore dans les pas d’Hannah qu’avance Margarethe Von Trotta, la philosophe s’étant fait un principe de ne pas se mettre des œillères devant ce que l’horreur, même la plus abjecte, peut enseigner. (CDP)

Angela Schanelec : Le Bonheur de ma sœur (1995)

À Berlin, Isabel (interprétée par Angela Schanelec elle-même) travaille les mots, elle est traductrice. Sa demi-sœur Ariane (Anna Bolk) travaille la terre, elle est jardinière. Sans se cacher de l’une ni de l’autre, Christian, un photographe, entretient une relation avec chacune d’entre elle, jusqu’à ce qu’il décide d’essayer de quitter la seconde pour tenter de construire quelque chose de plus exclusif avec la première…

Angela Schanelec (1962) a une bonne trentaine d’années lorsqu’elle réalise ce premier long métrage. D’abord comédienne de formation, elle a travaillé pendant presque dix ans comme actrice de théâtre avant d’entamer des études de cinéma à l’Académie du film et de la télévision de Berlin où elle bénéficie entre autre de l’enseignement d’Harun Farocki. Elle est aujourd’hui considérée – aux côtés de pairs tels que Christian Petzold ou Thomas Arslan – comme l’une des figures de proue de « L’École de Berlin » qui a redynamisé le cinéma allemand dans les années qui ont suivi la chute du Mur.

Son cinéma se caractérise par une manière de raconter des histoires en pointillés, assumant les ellipses, tournant le dos aux conventions habituelles de fluidité du récit et laissant une grande marge de liberté – en termes d’interprétation, de projection de sentiments – à ses spectateurs et spectatrices. D’une grande cohérence formelle (l’image, le grain de la pellicule, les cadrages, le travail sur les sons de la ville, etc.), Das Glück meine Schwester se révèle cependant un film beaucoup plus souple et organique qu’on ne l’imagine au premier abord. Comme si, à chaque fois qu’on pense en avoir saisi une des règles, une séquence vient rapidement y apporter un contrepoint : le film est assez bavard (notamment dans l’incroyable scène de rupture de dix minutes) mais lardé de très belles séquences sans paroles ; le film est globalement filmé en plans fixes mais quelques panoramiques ou travellings bien dosés viennent casser cette rigueur. (PD)
Film en allemand, sous-titré en anglais

Nora Hamdi : La Maquisarde (2019)

Quelque part dans un maquis de Kabylie durant la guerre d’Algérie (on est en 1956), la jeune Neïla, se retrouve, un peu contre son gré, dans un groupe de maquisards traqué par les forces d’occupation françaises. Capturée, elle est enfermée avec d’autres détenues/résistantes (dont une Française opposée au conflit) dans une prison pour femmes sans « existence officielle ». Cette adaptation de son propre roman paru en 2014, met en lumière cette résistance des Algériennes largement lacunaires parmi les récits de lutte pour l’indépendance. Filmé avec très peu de moyens, La Maquisarde se garde de tout manichéisme (tous les militaires ne sont pas des brutes, les Français des coloniaux et le double jeu est une pratique courante à la guerre), observe comment des individus - ici des femmes de tout âge – placées au cœur d’évènements extraordinaires s’abandonnent ou font face ! Jusqu’à la mort souvent. Et parfois, avec un petit coup de pouce du destin, s’en sortent ! (YH)

Stéfanne Prijot : La Vie d’une petite culotte et de celles qui la fabriquent (2018)

Trop peu de gens prennent la peine de lire les étiquettes de leurs vêtements. Lorsqu’ils le font enfin, ils sont souvent bien en peine de découvrir leur origine réelle. Le film de Stéfanne Prijot prend la question à la source et remonte le courant pour exposer le chemin que parcours une petite culotte, depuis les champs de coton d’Ouzbékistan jusqu’aux boutiques belges, à travers une succession d’étapes qui sont chacune une forme dramatique d’exploitation des travailleurs et surtout des femmes. Le point commun entre toutes ces circonstances particulières est la pression imposée par la mondialisation sur chaque maille de la chaîne qui va de la récolte de la matière première, le coton, à la vente du produit fini. Mis en concurrence les uns avec les autres, des pays entiers imposent de réelles conditions de servitude à leurs ouvriers et ouvrières. A travers chaque étape de la production, c’est une forme d’asservissement distincte, unique à chaque région, qui entache nos biens de consommation en général, et nos vêtements, en particulier. Le film expose les différents stades de la vie d’une petite culotte, à travers des portraits de femmes représentant chacun des pays abordés : la culture du coton par le travail forcé de la population en Ouzbékistan, le filage par des femmes maintenues en semi-captivité dans des usines en Inde, les luttes des ouvrières textiles en Indonésie pour obtenir un salaire et des conditions de travail décentes. (BD)


Une sélection de Catherine De Poortere, Anne-Sophie De Sutter, Philippe Delvosalle, Simon Delwart, Benoit Deuxant, Yannick Hustache et Thierry Moutoy. (PointCulture)

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