Compte Search Menu

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l’utilisation de cookies permettant d’améliorer le contenu de notre site, la réalisation de statistiques de visites, le choix de vos préférences et/ou la gestion de votre compte utilisateur. En savoir plus

Accepter
Playlist

Cap au Nord – Une médiagraphie en musiques, en films et en jeux

Norvege.jpg

musique, documentaire, conte, Finlande, Norvège, Suède, cinéma, jeu vidéo, Islande, DanemarkPlus

publié le par Anne-Sophie De Sutter

Des Moomins à Mayhem, d’Ingmar Bergman à Joachim Trier, de a-ha à Hedningarna, cette médiagraphie se propose d’explorer les créations du grand Nord, de l’Islande à la Finlande, en passant par la Norvège, le Danemark et la Suède. Venez découvrir comment les oiseaux méchants côtoient les trolls, comment la musique classique s’est muée en compositions électroniques ou encore comment les paysages des fjords ou ceux des cercles polaires ont influencé les images filmées. Créée par PointCulture à l’initiative la bibliothèque de Floreffe, dans le cadre de la Fureur de Lire, cette médiagraphie s’adresse à tous les âges et à tous les publics en proposant autant de la musique que du cinéma.

Sommaire

Maria Lindberg : Les Moomins et la chasse à la comète (2010)

Les Moomins (parfois écrits en français « Moumines ») sont d’adorables petits personnages créés au milieu des années 1940 par l’écrivaine finlandaise suédophone Tove Jansson. C’est une famille de gentils trolls, papa, maman et leur fils, qui ressemblent à des hippopotames dodus. Si les livres ont eu un certain succès, ce sont les bandes dessinées et les films d’animation (notamment une série japonaise en 99 épisodes) qui ont largement fait connaître les Moomins.

Dans Les Moomins et la chasse à la comète, réalisé en 2010 par la finlandaise Maria Lindberg et mélangeant dessins et stop motion, une comète s’approche de la Terre et assombrit le ciel. Le fils Moomin, un grand curieux, part avec son ami la souris Snif à la recherche d’une explication auprès du savant qui habite dans l’observatoire. Les aventures de la petite troupe de personnages sont nombreuses et haletantes, au travers de paysages variés. C’est une histoire remplie de fantaisie, quelque peu psychédélique et surtout très mignonne. (ASDS)

A partir de 5 ans.

Contes traditionnels : Danemark et Islande (2010)

Au 19e siècle commence un mouvement de collectage des contes traditionnels partout en Europe. L’Islande et le Danemark n’échappent pas à ce phénomène et divers spécialistes parcourent les campagnes pour recueillir des récits souvent en voie de disparition. En Islande, ce collectage qui est une recherche des racines anciennes de la région contribue à la construction d’une identité nationale alors que le pays lutte pour son indépendance.

Sur ce disque, Marina Foïs et Thierry Lhermitte prêtent leur voix pour raconter ces histoires merveilleuses et fantastiques, avec des personnages aussi divers que des trolls, des elfes ou des habitants des eaux. De la magie et du merveilleux se mélangent à la vie quotidienne, des princesses côtoient des fermiers. Et si le troll fait peur avec sa force exceptionnelle et sa laideur, et que la violence est souvent présente, il existe assez de personnages facétieux comme les lutins et les elfes pour apporter de la légèreté dans les récits. (ASDS)

Conseillé pour les enfants de 5 à 10 ans.

Rovio : Angy Birds Trilogy (2012) & Angry Birds Star Wars (2013)

Faut-il encore présenter Angry Birds ? Le but de ce jeu mobile réalisé par la société finlandaise Rovio Entertainment est d’utiliser un lance-pierre pour envoyer des oiseaux en colère sur des structures occupées par des cochons verts malicieux. L'objectif est de détruire les structures et d'éliminer tous les cochons sur chaque niveau.

Le jeu a été publié pour la première fois le 11 décembre 2009 pour iOS (iPhone), et il a rapidement gagné en popularité, devenant l'un des jeux mobiles les plus réussis de tous les temps. En raison de la popularité croissante du jeu, Rovio a commencé à développer des versions pour d'autres plates-formes mobiles, telles qu'Android, et a également publié une version pour les ordinateurs et les consoles de jeu. Le studio a annoncé un bénéfice d'exploitation de 13,1 millions d'euros au dernier trimestre 2022.

Mais derrière cette success-story se cache surtout une culture vidéoludique et un modèle économique d’un pays tout entier… La Finlande possède en effet une longue tradition de développement de jeux vidéo. Des entreprises comme Supercell et Remedy Entertainment ont joué un rôle essentiel dans l'essor de l'industrie vidéoludique. Le pays est reconnu pour son niveau élevé d'innovation technologique et pour être à la pointe en matière de téléphonie mobile grâce à Nokia. Cela a permis aux développeurs finlandais de tirer parti des avancées techniques pour créer des jeux mobiles de haute qualité, exploitant pleinement les fonctionnalités des appareils mobiles modernes.

L’accès à l'éducation joue aussi un rôle primordial. La Finlande offre un système éducatif solide et accessible, favorisant le développement des compétences en programmation et en conception de jeux. Le gouvernement soutient activement l'industrie du jeu, en mettant en place des politiques favorables à son développement et en offrant des incitations financières et fiscales pour encourager les entreprises de jeux à prospérer.

Et enfin, les Finlandais ont une forte culture ludique, ce qui signifie que les jeux vidéo, y compris les jeux mobiles, sont très populaires dans le pays. Cette demande locale a certainement contribué à l'émergence de développeurs qui ont répondu à cette demande. En combinant ces facteurs, la Finlande a réussi à devenir un important acteur de cette industrie, en produisant des jeux populaires qui ont conquis un public mondial. (TM)

Le studio Remedy Entertainment sous contrôle : Alan Wake (2010/2021) & Control (2019)

Remedy Entertainment est une société finlandaise de développement de jeux vidéo fondée en août 1995 par Samuli Syvähuoko. Son siège social est situé à Espoo, en Finlande. Le studio est bien connu pour son utilisation du genre polar dans plusieurs de ses jeux. Remedy a réussi à intégrer ces éléments de manière efficace dans certains de ses titres emblématiques.

Le premier succès de Remedy fut Max Payne, sorti en 2001, un jeu d'action à la troisième personne. L'histoire commence lorsque Max Payne, un détective de la police de New York, rentre chez lui pour découvrir que sa femme et sa fille ont été sauvagement assassinées par des membres d'un cartel de la drogue. Le jeu a été acclamé pour en raison de son scénario captivant, son style narratif novateur (utilisation de la bande dessinée comme cinématique) et son gameplay fluide, notamment le système de ralenti « bullet time » à la Matrix. Le jeu a droit à une adaptation cinématographique en 2008.

Une suite voit le jour en 2003. Le troisième opus est développé par Rockstar Games (les créateurs de la série GTA) avec l’aide de Remedy. Il faut attendre 2010 pour que le studio renoue avec le succès grâce à Alan Wake. Ce jeu d'action-aventure et d'horreur psychologique est largement salué pour son atmosphère captivante et son scénario intriguant, qui s'inspire des œuvres de Stephen King et d'autres auteurs de thriller. Une version remasterisée est sortie en 2021. Une suite est prévue pour fin 2023.

Autre grande réussite, le jeu Control, sorti en 2019, mélange d’action-aventure et de surnaturel énigmatique. Le joueur incarne Jesse Faden, qui entre dans un bâtiment gouvernemental mystérieux appelé le Bureau fédéral du contrôle (Federal Bureau of Control) pour enquêter sur la disparition de son frère. L'histoire est ponctuée de mystères et de retournements, avec un scénario complexe qui se déroule dans un environnement surnaturel captivant. Il tire sa source d’inspiration de La Fondation SCP, une œuvre de fiction tirée du site d’écriture collaborative du même nom. (TM)

Dimfrost Studio : Bramble : The Mountain King (2022)

Bramble : The Mountain King est un jeu d’action aventure horrifique développé par le jeune studio suédois Dimfrost. Celui-ci s’éloigne des clichés nordiques vidéoludiques en proposant une quête initiatique, celle du jeune Olle parti à la recherche de sa sœur disparue. L’originalité du jeu se trouve surtout dans son bestiaire. Le vieux folklore nordique était destiné à effrayer les enfants pour qu'ils ne s'aventurent pas trop loin dans la forêt ou près des lacs, et c'est donc autour de ses mythes que le jeu a été construit.

Comme le souligne Josua Mannebäck producteur et narratif designer du jeu : « Les gens associent généralement les jeux nordiques aux Vikings, ce dont nous voulions nous éloigner. Le folklore nordique est inexploré et riche d'histoires. Nous avons pensé que c'était le bon moment pour essayer de faire connaître au monde le folklore et les créatures de la Suède et des autres pays nordiques. »

Pour lui Il était très important de concevoir des ennemis de manière que les habitants des pays nordiques qui ont grandi avec ces histoires puissent les reconnaître, mais que les joueurs qui n'en ont jamais entendu parler auparavant ne soient pas perdus. Visuellement le jeu s’inspire du travail du célèbre illustrateur de contes suédois John Baueur. (TM)

Ingmar Bergman : Persona (1966)

Solaire, glaciale, l’île suédoise de Farö fut un lieu de villégiature et de tournage pour Bergman qui en fit le décor de quelques-uns de ses plus grands films. Les plages arides et minérales de la Baltique sont une invitation à se la figurer comme un espace mental répondant à un désir de séparation et de récréation. Ce double mouvement décrit par Deleuze dans Causes et raisons des îles désertes est celui-là même que le cinéaste reprend à son compte dans l’état de crise que raconte Persona. Tant sur le plan sonore que visuel, le film oscille entre le récit classique et l’essai expérimental. Suivant l’étymologie du mot persona, désignant le masque porté sur scène par les acteurs dans l’Antiquité, le scénario réunit deux femmes, une actrice murée dans le silence et son infirmière se saisissant de cette occasion pour s’épancher. Cru, sombre et sexuel, le huis-clos mené par un esprit en proie au doute quant à son identité, ne livre pas toutes ses clés, à la manière de Mulholland. Drive de David Lynch, qu’il a manifestement inspiré. [CDP]

Aki Kaurismäki : Shadows in Paradise (1986)

Ombres au Paradis est le premier film de la trilogie du prolétariat du réalisateur finlandais Aki Kaurismäki, qui comprendra ensuite Ariel et La Fille aux allumettes. Il est tourné dans son style minimaliste caractéristique, aux mouvement lents, où l’ironie naît de la fausse banalité des personnages, des lieux et des situations. Les tragédies que ses protagonistes affrontent ont des dimensions classiques, mais leur environnement, leur situation sociale, leur incapacité à exprimer leurs émotions les éloignent de toute forme de grandeur. Dans ce film, Nikander est éboueur à Helsinki, Ilona est employée de supermarché. Ils vont tomber amoureux. Lorsqu’Ilona vole sur un coup de tête la caisse du magasin après s’être fait licencier, et veut s’en débarrasser, Nikander va la replacer discrètement à sa place. Leur liaison sera perturbée par l’enquête de la police, les préjugés de la société bourgeoise, la jalousie, leurs difficultés à communiquer, et va prendre un tour insolite. (BD)

Roy Andersson : Chansons du deuxième étage (2000)

Réalisée par le Suédois Roy Anderson en 2000, cette production se caractérise par un style visuel distinctif et une narration non conventionnelle. Le film se compose de 46 longs plans-séquences qui forment des tableaux mettant en scène la banalité et la monotonie de la vie quotidienne avec une atmosphère de lenteur et de contemplation. Les thèmes explorés sont à la fois sombres et existentiels en mêlant désespoir et absurdité. Les personnages semblent emprisonnés dans des routines monotones et semblent souvent déconnectés les uns des autres, reflétant un sentiment de solitude et d'isolement. La force du film réside aussi par son humour noir et grinçant à travers des dialogues minimalistes et des séquences absurdes de la vie quotidienne. La structure narrative se veut non linéaire en mettant en avant des thématiques comme la religion, la bureaucratie, la quête de sens… Le film explore la face sombre et absurde de la condition humaine avec une approche philosophique. (JDL)

Joachim Trier : Julie en 12 chapitres (2021)

Entre émancipation et accomplissement personnel, il y a une distance qui transparaît dans la trajectoire de l’héroïne de ce film, cinquième long métrage de Joachim Trier. Julie peut tout et ne choisit rien. A l’image de ces femmes qui ont dû conquérir des droits dont elles sont encore loin de pouvoir pleinement jouir, Julie ressent peut-être plus vivement la vanité de devoir se frayer un chemin dans un paysage qui s'est décidé sans elle. A contrario la réussite de ses amants et compagnons illustre à quoi peut ressembler le fait d’être à sa place, y compris quand il est question de devenir père. En se libérant du joug procréatif, Julie se trouve à un point de sa reconnaissance sociale où il lui reste encore à définir dans quelles actions elle veut s’engager et mettre du sens. Désirée et désirable, son avenir se joue en tant que personne désirante. Pour figurer cette quête difficile, la vie de Julie se regarde comme une douzaine de courts métrages égrenant tous les registres, de la comédie au drame, du merveilleux au tragique. [CDP]

Vincent Leduc : Bergen – Cap Nord, la route des fjords (série Échappées belles) (2006)

Ce reportage fait partie de la série d’émissions TV Échappées belles, réalisées aux quatre coins du monde sur des routes et des itinéraires de légende.
Le voyage pour le Cap Nord, extrémité nord de la Norvège et point le plus septentrional d’Europe, démarre à Bergen, deuxième ville du pays. Autrefois ville marchande, Bergen est désormais promue comme capitale culturelle et comme la porte ouvrant vers les fjords, point de départ de croisières vers le Cap Nord. Cependant, c’est en voiture que le voyageur entame son périple de 2.500 kilomètres, empruntant quelquefois l’express côtier, le long d’une route déchirée, en quête de fjords, de cercle polaire, d’océan Arctique. Chacune des étapes lui donne l’occasion d’en apprendre un peu plus sur la culture du pays, en discutant avec ses habitants : modes de vie, économie, respect de l’environnement, services de santé et enseignement gratuits, etc.
Au-delà du Cap Nord, il n’y a rien qu’un horizon ouvert sur le vide, comme l’a décrit la mythologie norroise… (MR)

Stefan Rydehed : Pure Fucking Mayhem (2008)

Le satanisme et son imagerie, véhiculée par les œuvres d’artistes et d’artisans tout au long des siècles et dans diverses cultures, peuvent intriguer, fasciner ou faire sourire… Cependant, lorsque des personnes naïves, crédules ou présentant des troubles du comportement s’en emparent et les prennent très au sérieux – que ce soit du côté des satanistes ou de celui des garants du « Bien », prêts à tout pour sauver des « âmes perdues » - on peut avoir quelques craintes.

Dans le cas de Mayhem, groupe extrême qui contribua à l’émergence de la scène black metal norvégienne (musique agressive, atmosphères sombres, tempos rapides et hurlements), on est stupéfait par le jusqu’au-boutisme violent de certains de ses membres. Le film retrace l’histoire de Mayhem (jusqu’à l’album Ordo ad Chao, 2007), en se focalisant sur les années 1984-1993 et les faits divers qui ont entouré la vie du groupe durant cette période : brutalité des performances scéniques, morts violentes, incendies d’églises, etc. [MR]

Thomas Robsahm & Aslaug Holm : A-ha the Movie

1985 – La chanson « Take on me » d’un groupe norvégien inconnu jusqu’alors, a-ha, déferle sur le monde. Les quelques notes au synthétiseur de la mélodie marquent les esprits, de même que la voix délicieuse de Morten Harket (dont toutes les jeunes filles de l’époque tombent amoureuses).

2022 – Le groupe sort un nouvel album, True North, leur treizième. Contre toute attente, a-ha a survécu et remplit toujours les stades. Le documentaire de Thomas Robsahm et Aslaug Holm montre que ce n’est pas aussi évident qu’il n’y paraît : les trois artistes ont des loges et des voitures séparées ; ils ne se parlent qu’un strict minimum, se rencontrant uniquement sur scène ou dans un studio d’enregistrement. C’est d’ailleurs là que tout tourne mal : ayant chacun des idées bien définies sur leur musique, ils se disputent. Et pourtant ils sont amis. A-ha the Movie est un documentaire de facture classique, raconté en suivant la chronologie des événements, mais touchant par les portraits très personnels de ces pop stars qui n’avaient jamais imaginé recevoir autant de succès. (ASDS)

Jay-Jay Johanson : Whiskey (1996) / Fetish (2023)

Originaire de la ville de Trollhättan en Suède, Jay-Jay Johanson est très tôt attiré par la musique. Son père lui transmet sa passion du jazz, mais il s’essaie aussi à d’autres genres, du rock au punk, et pratique le piano, la clarinette et le saxophone. Il débarque sur la scène musicale en 1996 avec son premier album Whiskey. Le terme n’est peut-être pas bien choisi car c’est d’un débarquement tout en douceur dont il s’agit. Influencé par le trip-hop de Portishead, dont l'album Dummy sortait 2 ans plus tôt, il mêle les sonorités acoustiques et électroniques, trip hop, pop, folk et jazz, Chet Baker et Antônio Carlos Jobim en tête. Ses mélodies délicatement assemblées et son timbre de crooner mélancolique trouvent immédiatement leur public et cela ne s’est pas démenti depuis comme le prouve son dernier album, Fetish, sorti cette année 2023. Malgré l’une au l’autre parenthèse plus électro dance (Rush) en cours de parcours qui ont moins convaincu, sa longue discographie fait de lui un artiste incontournable pour les amateurs du genre. (GB)

Circle : Terminal (2017)

Depuis les années 1990, le musicien Jussi Lehtisalo est le secret le mieux gardé de la scène finlandaise. Personnage incontournable autant qu’inclassable, il a pratiqué la musique électronique avec son projet Ektroverde, la chanson en duo avec Mika Rättö, l’électro expérimentale en solo ou encore le stoner rock avec Pharaoh Overlord. Au milieu de cette activité débordante, son projet le plus prolifique est le groupe Circle avec qui il a publié près de 40 albums depuis 1994. Difficile à cerner, ce projet, dont Lehtisalo est le seul membre permanent, a amalgamé une série de styles et d’influences dont les principales composantes sont un amour conjoint du krautrock et du heavy metal. Les membres du groupe Circle développent des compositions épiques, parfois grandiloquentes et opératiques, parfois hypnotiques et répétitives, et se produisent vêtus de cuir et de spandex dans des performances théâtrales et punk à la fois. Le label Southern Lord qui publie ce disque, le présente comme un mélange des Stooges et de Judas Priest. (BD)

Islaja : Ulual YYY (2007)

Le début des années 2000 voit l’éclosion d’une nouvelle scène musicale en Finlande, qualifiée de folk psychédélique et représentée par des groupes comme Kemialliset Ystävät, Kiila ou Paavoharju, rassemblés autour du label Fonal Records. Cette nouvelle scène nous fait découvrir une véritable fourmilière, débordante d’activités, et rencontrer une vingtaine de musiciens composant entre eux une bonne vingtaine de groupes à formations permutantes, et autant de projets solos. Ulual YYY est le troisième album d’Islaja, pseudonyme de Merja Kokkonen, également musicienne et vocaliste pour deux ou trois autres formations, dont Hertta Lussu Ässä, un super groupe free folk féminin dans lequel elle joue avec Lau Nau (Laura Naukkarinen ) et Kuupuu (Jonna Karanka). Ses chansons folk délicates reposent sur des boucles d’instrumentation organique, et des bribes de sons reconstituant une Finlande imaginaire. Elles content des histoires tourmentées, aux mélodies désolées traversées d’éclats de saxophones et de violons désaccordés. (BD)

Pan Sonic : Katodivaihe (2005)

L’apparition de ce groupe au début des années 1990 a causé des remous qui se font sentir aujourd’hui encore dans la musique expérimentale. Les premiers albums du groupe, qui se faisait alors appeler Panasonic avant qu’un procès de la firme ne les oblige à se rebaptiser, présentaient une musique brutalement synthétique et rigoureusement minimaliste qui n’avait alors aucun semblable. Fondé à Turku par Mika Vainio, Ilpo Vaisanaen, et Sami Salo (qui quitte le groupe après le premier album Vakio), le groupe a élaboré une vision glaciale de l’électronique, réduite à ses composantes de base : formes d’ondes, drones de masse électriques, étincelles et courts-circuits. Enregistré à Berlin entre 2005 et 2006, Katodivaihe (« Phase cathode ») est le sixième album du groupe (sans compter les collaborations avec Alan Vega, Charlemagne Palestine, Barry Adamson, Bruce Gilbert ou encore Merzbow). Le ton est toujours aussi oppressant et on retrouve la violoncelliste Hildur Guðnadóttir sur trois morceaux. (BD)

Kimmo Pohjonen : Kielo (1999)

Beaucoup de musiciens finlandais se sont intéressés aux traditions, les renouvelant souvent avec humour. C’est le cas de Kimmo Pohjonen qui s’est emparé de l’accordéon chromatique, un instrument populaire en Finlande, pour le triturer dans tous le sens, inventant de nouvelles sonorités. Il n’a pas peur d’utiliser de l’électronique pour créer des boucles et d’utiliser la caisse de son instrument comme une percussion, incluant les mouvements de son corps entier dans le jeu. Il pousse les possibilités sonores à leur extrême et sa musique se retrouve aux franges de genres très différents, de la tradition, notamment du tango finlandais, à du classique expérimental. Sa musique innove constamment et ses compositions oscillent entre pièces délicates et contemplatives et des morceaux de grande ampleur, bruyants, partant dans tous les sens. Il y a un certain côté « soundscape » et beaucoup d’émotions changeantes. Kielo est son premier album en solo, datant de 1999. (ASDS)

Hedningarna : Trä (1994)

Formé en 1987, le groupe suédois Hedningarna rassemble le luthiste Hållbus Totte Mattson, le fabricant et joueur d’instruments à cordes et à vent Anders Norudde (vièles à roue, violon, nyckelharpa, cornemuses…) et le percussionniste Björn Tollin qui maîtrise les techniques de jeu turques et indiennes. A partir de leur second album Kaksi, ils sont rejoints par les chanteuses finlandaises Sanna Kurki-Suonio et Tellu Paulasto, également présentes sur Trä, leur troisième album datant de 1994. Ce disque très intense mélange des sonorités rock (mais sans utiliser de batterie ou de basse électrique) avec des mélodies instrumentales suédoises et des textes traditionnels finlandais. A l’époque, le monde était en plein boom de la world music et ce disque a séduit immédiatement un large public, se retrouvant en tête de nombreux hit-parades. Trente ans plus tard, il n’a pas perdu en inventivité et fraîcheur, mêlant toujours feu et glace grâce à ses rythmes effrénés et ses voix élégantes. (ASDS)

Jan Garbarek Group: Twelve Moons (1993)

Fondé à Munich en 1969, le label ECM, à l’origine centré sur le free jazz et la musique classique contemporaine, s’est très vite intéressé à la scène scandinave. La septième production de la maison de disque est Afric Pepperbird du saxophoniste norvégien Jan Garbarek, marque le début d’une très fructueuse collaboration. Il sera rejoint par une longue série de musiciens nordiques : Edward Vesala, Arild Andersen, Anders Jormin, Nils Petter Molvaer, Bobo Stenson, Terje Rypdal, Ketil Bjørnstad, Lena Willemark, Tord Gustavsen, etc. Dès 1975, sur les conseils de Don Cherry, alors installé en Suède, Garbarek commence à intégrer des éléments du patrimoine musical scandinave dans ses compositions. Sur cet album, il réinterprète deux morceaux traditionnels (dont un psaume du 19e siècle du prêtre Elling Hansen), ainsi qu’un arrangement d’une pièce d’Edvard Grieg, et incorpore un joik du peuple sami. Parmi les invités de ce disque, on retrouve en outre les chanteuses norvégienne Agnes Buen Garnås et samie Marie Boine. (BD)

Kaijo Saariaho : Château de l’âme - Graal Théâtre – Amers (2001)

Si le corpus de la finlandaise Kaija Saariaho est abondant et largement apprécié dans le milieu musical, le grand public n’en a pas toujours conscience. Dans la lignée du mouvement spectral, ses œuvres se parent souvent des couleurs les plus chatoyantes. Ce disque permet d’approcher son univers musical par des pièces, certes exigeantes, mais aussi d’une grande poésie. Techniquement diabolique, Graal Théâtre est un concerto en deux mouvements où le violoniste doit faire non seulement montre d’une maîtrise totale de son instrument, mais aussi de raffinement et de lyrisme, sur fond de joutes avec l’orchestre. Suite de cinq mélodies dont les textes sont issus de différentes traditions orientales, Château de l’âme exprime tout un monde d’onirisme et de mystère, où la voix, le chœur et l’orchestre sont savamment enchevêtrés. Plus proche de l’expérimentation, Amers utilise comme point de départ les sons du violoncelle pour les recomposer à l’échelle de l’orchestre et les synthétiser électroniquement. Une belle porte d’entrée ! (NR)

Peteris Vasks : Pater noster – Dona nobis pacem – Missa (2007)

Interdites par le régime soviétique, rares étaient les œuvres vocales religieuses écrites en Lettonie avant les années 90, car destinées à rester dans les tiroirs. Durant de longues années, il compose principalement de la musique instrumentale, plutôt dans un style moderniste, ainsi que des pièces vocales sur des textes non-religieux. Fils de pasteur baptiste, sa première œuvre sacrée est un Pater noster, un des plus beaux qui soit ! Ecrit en hommage à son père, en latin puis en letton, il est d'une grande simplicité et exprime toute la profondeur du sentiment religieux de Vasks. C’est la foi qui régit son processus créatif, et pour la musique sacrée, pas de place pour l’expérimentation. Tout en ferveur, la prière Dona Nobis Pacem mêle la voix aux cordes frottées, une recette que le compositeur répétera souvent à l’avenir. Il compose Missa en 2000 pour chœur a cappella. Non satisfait, il lui adjoint un accompagnement d’orgue, qu’il remplace finalement par des cordes. Juste superbe… (NR)


Une médiagraphie réalisée par Geoffrey Briquet, Jean De Lacoste, Catherine De Poortere, Anne-Sophie De Sutter, Benoit Deuxant, Thierry Moutoy, Marc Roesems et Nathalie Ronvaux dans le cadre de la Fureur de Lire – Cap au Nord, à l’initiative de la bibliothèque de Floreffe.

Crédit photo: Norway de Flore W. (Pixabay)