Compte Search Menu

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l’utilisation de cookies permettant d’améliorer le contenu de notre site, la réalisation de statistiques de visites, le choix de vos préférences et/ou la gestion de votre compte utilisateur. En savoir plus

Accepter
Playlist

Cap au Nord – Des polars venus du froid

Norvège
Si The Killing est la série qui a ouvert en 2007 la mode des polars venant des pays nordiques, il existait déjà auparavant des longs métrages qui ont filmé l’Islande, le Danemark, la Norvège, la Suède ou la Finlande dans leur côté le plus glauque et mystérieux ou dans des histoires policières haletantes, parfois teintées d’un humour frôlant l’absurde. Beaucoup se sont inspirés d’auteurs populaires, certains ont permis à des réalisateurs ou acteurs locaux d’entamer une carrière internationale. Créée par PointCulture à l’initiative la bibliothèque de Vielsam, dans le cadre de la Fureur de Lire, cette médiagraphie propose des liens entre polar et cinéma, et invite à la découverte de séries et films du grand froid.

Sommaire

Søren Sveistrup : Forbrydelsen (The Killing) (2007)

À ne pas confondre avec l’adaptation américaine créée en 2011 et qui se déroule à Seattle, The Killing, est la série culte qui a ouvert, en 2007, le bal des polars crépusculaires venus du froid. Série précurseuse, dont découlera ensuite des séries telles que Bron, Trapped ou encore The investigation, elle définit le nouveau genre du thriller nordique addictif : réalisme, noirceur thématique, machiavélisme méthodique d’une intrigue qui aime prendre son temps, personnages complexes dont les physiques ne sont jamais sublimés. Son originalité tient à son système narratif : un meurtre, un épisode par jour d'enquête. Atout supplémentaire, l'actrice Sofie Gråbøl, qui incarne l’inspectrice Sarah Lund, entièrement dévouée à la résolution de son enquête mais sans jamais verser dans la caricature. (JJG)

Hans Rosenfeldt : Bron (The Bridge) (2011)

Au centre du pont de l'Øresund, qui relie la ville de Malmö à celle de Copenhague, on retrouve le cadavre d’une femme coupée en deux sur la frontière qui sépare la Suède du Danemark. Sagan Noren, enquêtrice suédoise, autiste, psychorigide et sans empathie, va devoir faire équipe avec son homologue danois, le bon vivant, séducteur et manipulateur Martin Rohde. Ils vont rapidement découvrir que le buste appartient à une politicienne suédoise alors que les jambes sont celles d’une prostituée danoise. Leur collaboration risque de durer.
Cette palpitante série se caractérise par sa vision à contre-courant de ce que l’on imagine du supposé « bien vivre » scandinave : le revers du miracle socio-démocrate. Bron dresse un univers asthénique où s’amoncellent les cadavres sur fond d’arrivisme, de familles dysfonctionnelles, de fracture sociale, de ségrégationnisme. Ce monde de béton enténébré est d’une lenteur glacée, propice aux personnages singuliers, assumés par des acteurs qui ne cherchent pas à s’embellir. (JJG)

Baltasar KORMÁKUR : Trapped (2015)

Au large de Seydisfjördur, petite ville islandaise sise au bord de la mer norvégienne, un bateau de pêche remonte le torse d’un homme mutilé de tous ses membres. Le chef de la police locale, l’inspecteur Adri entame les investigations avec ses deux collègues, en attendant des renforts de Reykjavik. Certain que le meurtrier se trouve sur le paquebot danois qui vient d’accoster, Adri veut le garder à quai et enquêter sur les passagers comme sur l’équipage. Mais, très vite, une violente tempête s’installe et coupe la ville du reste du monde.
Travaillant habilement sur l’atmosphère claustrophobe et la paranoïa qui va crescendo, cette série est d’une surprenante noirceur. Elle est d’autant plus sombre qu’elle se découpe sur le blanc presque opaque de cet hiver impitoyable. Entre la majestuosité des décors et la description d’une petite communauté où chacun se connaît et se met à douter de l’autre, la réalisation prend son temps pour décrire ce microcosme dans toute sa psychose. Un régal. (JJG)

Kjell-Åke ANDERSSON - Jørn FAURSCHOU : Wallander : enquêtes criminelles (2005-2006)

D’abord auteur de littérature jeunesse, Henning Mankell a créé son héros : l’inspecteur Kurt Wallander; un personnage abîmé physiquement, un enquêteur qui s’enfonce chaque jour un peu plus dans le doute existentiel et la dépression. C’est en respectant les attributs du personnage et sa langue originelle, le suédois, que la série Wallander : enquêtes criminelles montre ses qualités. Cette adaptation est donc différente de l'adaptation britannique, avec Kenneth Branagh dans le rôle de l’inspecteur.

Le port de la ville d’Ystad, goulot géographique par lequel transitent de multiples trafics, est le théâtre d'événements sordides en tous genres où peuvent se jouer des pirouettes et ricochets scénaristiques. Les policiers vivent eux-mêmes des traumas en rapport avec le thème des enquêtes : enfance, maladie,… Une manière intéressante de dépeindre une réalité suédoise souvent trop enjolivée vue d’ici. Amateurs de psychologie et de sociologie, cette adaptation sans effets esthétiques vous apprendra une certaine vérité sur la Suède. (TS)

Divers réalisateurs : Les enquêtes d’Erica (Fjällbackamorden) (2013)

Autrice suédoise de romans policiers, Camilla Läckberg a connu un succès considérable avec ses diverses séries, notamment avec celle qui suit les personnages de la romancière Erica Falk et de l’inspecteur Patrik Hedström, son mari, vivant dans la petite communauté de pêcheurs de Fjällbacka, située sur la côte atlantique de la Suède. Il y a souvent des meurtres et des disparitions inquiétantes, et ceux-ci renvoient toujours à des histoires du passé, dévoilant des secrets dont personne n’avait encore connaissance et contrastant avec le côté idyllique du village. Une série de téléfilms, chacun durant 90 minutes, a été réalisée à partir des romans, avec la participation de l’autrice à l’écriture des scénarios, fournissant des histoires inédites, ou parfois directement inspirées par les livres. On y retrouve les ambiances nordiques, souvent pluvieuses, et les paysages sauvages. (ASDS)

Geir Hennig Hopland, Simen Alsvik, Lisa Marie Gamlem : Lilyhammer (2012)

Frank Tagliano, plus connu sous le nom de The Fixer est un ancien membre du crime organisé new-yorkais. Après avoir témoigné contre son patron, il entre dans le programme de protection des témoins du FBI et est envoyé à Lillehammer, en Norvège. Frank a toujours été intrigué par cette ville depuis les images retransmises à la télévision lors des Jeux olympiques d'hiver en 1994. Or, la réalité est différente de ce qu'il avait imaginé. D'autant que la transition de la vie de gangster new-yorkais craint et respecté à celle d'immigré sans emploi n'est pas simple... Cette production américano-norvégienne séduit par ses ambiances inspirées des films des frères Coen (on pense notamment aux paysages hivernaux de Fargo), avec une bonne dose de comique qui joue sur les clichés inhérents aux deux cultures qui se confrontent. Le rôle principal est interprété avec brio par le musicien Steven Van Zandt, célèbre également par son passage dans Les Sopranos. (ASDS)

Mikkel Nørgaard : Les enquêtes du Département V : Miséricorde (Kvinden I Buret) (2013)

Adapté des romans noirs de l’auteur danois Jussi Adler-Olsen, Miséricorde est le premier d’une série de six films à ce jour. Ils portent à l’écran des enquêtes de police non résolues ou en voie d’archivage d’une section spéciale de la police de Copenhague créée à cet effet. En réalité, le Département V est une sorte de voie de garage où échoue après une énième bavure, l'inspecteur Carl Mørck, brillant enquêteur mais totalement inapte aux relations sociales les plus élémentaires. On colle à ce dernier un inspecteur d’origine syrienne : Hafez el Assad. Un binôme aussi antinomique que possible qui ne tarde pas à rouvrir le dossier de la disparition d’une jeune politicienne cinq années auparavant. Passant outre les injonctions de leur hiérarchie et usant parfois de méthodes « inhabituelles », les deux hommes mènent une investigation politico-dramatique aux frontières du sordide sous les lumières déclinantes d’une fin d’automne humide. (YH)

Hans Petter Moland : Les enquêtes du Département V : Délivrance (Flaskepost Fra, 2016)

Une bouteille à la mer contenant un étrange message écrit en lettres de sang et voilà le Département V reparti sur une affaire d’enlèvements d’enfants qui cible tout particulièrement les membres d’une congrégation chrétienne rigoriste et autarcique. Rapidement, l’enquête vire à une lutte contre la montre entre la police (qui, pour une fois, appuie la cellule spéciale) et un serial killer méthodique qui semble toujours posséder un coup d’avance. Réalisateur novice et météo estivale pour une investigation qui révélera un nouvel écart entre les positions pragmatiques et athées exprimées par l’asocial et mutique officier Carl, et la croyance « en quelque chose de supérieur » défendue par Hafez. Plus spectaculaire et tendu que les deux films précédents, au détriment de l’enquête elle-même, Délivrance, probablement influencé par le contexte de DAESH et des attentats islamistes de 2015, tend à montrer que la solidarité face à la souffrance et au drame n’est pas une affaire de croyances religieuses ou d'origines sociales et ethniques. (YH)

Aki Kaurismäki : Crime et châtiment (1983)

Comme le titre le laisse supposer, il s’agit ici d’une adaptation du roman de Fiodor Dostoïevski, transposé par Kaurismäki à Helsinki au début des années 1980. Il s’agit du premier film du réalisateur, qui établit d’emblée les bases de son style : une ironie décalée, des personnages impassibles et taiseux, des situations frôlant l’absurde. Rahikainen, son anti-héros, est un ouvrier d’abattoir qui, un soir, assassine un homme d’affaires. Il est surpris par une employée qui le laisse s’enfuir et refuse de le dénoncer à la police. Une relation étrange va ensuite se nouer entre le meurtrier et son seul témoin. Une autre forme de chassé-croisé va de plus s’établir entre Rahikainen et l’inspecteur Pennanen, convaincu de sa culpabilité après avoir découvert que l’industriel avait causé la mort de sa fiancée dans un accident de voiture. Si le scénario s’écarte rapidement du roman original, il conserve le thème du meurtrier à l’esprit troublé et son apparente absence de sentiment de culpabilité. (BD)

Baltasar Kormakur : Jar City (2005)

Plutôt retors au quotidien, l’inspecteur Erlendur est amené à enquêter sur le meurtre d’un vieil homme reclus, apparemment sans histoire. Une étrange photo noir et blanc le conduit au cimetière d’un village isolé et, par rebond, fait ressortir une affaire de viol vieille de quarante ans à laquelle fut mêlé un vieux flic corrompu. Ses investigations l’aiguillent ensuite du côté de Jar City, l’inquiétante annexe d’un laboratoire scientifique chargé de collecter le profil génétique de toute la population de l’île et abritant une collection de bocaux contenant des organes dans du formol. Labo où travaille un chercheur hanté par le décès de sa fille des suites d’une maladie immune rare. Père impuissant face à l’addiction de sa fille, Erlendur est au centre d’enjeux politico-sanitaires et de problèmes de fichages du vivant, qui ont agité l’Islande à l’aube du millénaire. Tiré d’un best-seller local, le film vaut davantage pour ses ambiances pluvieuses gris-verdâtres et ses personnages que pour son intrigue un poil tatillonne. (YH)

Peter Lindmark : Exit (2006)

Thomas Skepphult (Mads Mikkelsen) mène une carrière florissante dans la finance. Rattrapé par son passé, il se trouve subitement mêlé à une affaire qui le dépasse et part à la poursuite des coupables. C’est le seul moyen de se disculper auprès de la police qui le soupçonne d’être un meurtrier. Il a heureusement quelques alliés (notamment un tout jeune Alexander Skarsgård) et arrive à se dépêtrer du filet qui se tend autour de lui et de sa famille également menacée. C’est un film d’action bien mené et qui respecte les règles du genre, même si parfois les tenants et aboutissements de l’histoire sont un peu compliqués à suivre. Il y a de la tension, des courses poursuites, des tirs en tous sens, des kidnappings. La réalisation du suédois Peter Lindmark reste un peu plate mais est sauvée par l’extrême charisme de Mads Mikkelsen qui passe sans effort du rôle de père aimant au personnage traqué mais plein de ressources. (ASDS)

Niels Arden Oplev : Millénium – Les Hommes qui n’aimaient pas les femmes (2009)

Adaptation du premier volet de la trilogie de l’écrivain Stieg Larsson, Millénium relate l’enquête d’un journaliste et d’une pirate informatique s’associant en vue d’élucider une affaire de disparition close depuis quatre décennies. Chemin faisant, le duo relie entre eux une série d’assassinats de femmes, mutilées au préalable selon un rituel d’ordre religieux. Structuré comme un polar, le film apparaît surtout comme une véhémente dénonciation des violences faites aux femmes, a fortiori puisque l’une de ses protagonistes, Lisbeth Salander, est elle-même victime d’abus sexuels au cours du récit. L’inversion du rapport de force entre son agresseur et elle constitue le point de bascule à partir duquel Lisbeth affirme son autonomie vis-à-vis de toute forme d’autorité masculine. Particulièrement décisive dans la résolution de l’énigme qui occupe initialement le seul Mikael Blomkvist, l’héroïne procède d’une caractérisation singulière, à contre-emploi des rôles traditionnellement dévolus aux femmes dans la fiction, sachant que le premier opus de la saga littéraire est paru en 2005. (SD)

Thomas Vinterberg : La Chasse (2012)

Dans un petit village danois, Lucas travaille comme auxiliaire dans un jardin d’enfants. Père divorcé, il cherche à récupérer la garde de son fils. Sa vie est tranquille jusqu’au jour où la fille de son meilleur ami l’accuse faussement d’attouchements sexuels. Persuadés que « les enfants ne mentent jamais », la direction de l’école puis les parents et enfin l’ensemble des habitants du village vont se tourner contre lui, entamant une véritable chasse à l’homme. D’abord simplement mis à l’écart, il va être progressivement harcelé puis menacé, et les aveux de la petite fille, confessant qu’elle a menti parce que Lucas l’avait un jour vexée, ne suffisent pas à faire taire les soupçons. Portrait d’une rumeur toxique qui se répand en un tournemain dans une communauté jusque-là bienveillante, où l’implication du mal fait à un enfant fait perdre aux gens tout sens commun et toute objectivité, le film montre la condamnation d’un homme à qui on refuse toute justice, toute présomption d’innocence. (BD)

Hlynur Pálmason : Un Jour si blanc (2019)

Le réalisateur Hlynur Pálmason (Godland, Winter Brothers) nous entraîne avec ce film dans un drame tout intérieur, littéralement enfoui dans la tête de son personnage principal, Ingilundur, commissaire dans une petite ville islandaise. Lorsque sa femme meurt dans un accident de voiture, et qu’il est placé en congé à long terme, il occupe son temps et son esprit en retapant une maison au bord de la mer, au milieu des chevaux sauvages. Ses seuls contacts sont ses anciens collègues, son psychiatre et sa petite-fille Salka. Mais plus que par le deuil, il est tourmenté par le doute : il soupçonne sa femme de l’avoir trompé. La seule certitude dans cette ambiance brumeuse et tendue est l’amour inconditionnel entre le grand-père et sa petite-fille. L’homme est taciturne et renfermé, se méfiant des mots, et le réalisateur représente son tourment au moyen de détails infimes et de plans larges sur la nature environnante. Le calme n’y est qu’apparent et des éclairs de violence sont à craindre. (BD)

Gustav Möller : The Guilty (Den Skyldige) (2018)

Asger Holm (Jacob Cedergren) travaille comme répartiteur à la centrale d’urgence 112, en attendant de pouvoir réintégrer son poste de policier qu’il a été forcé de quitter suite à une sombre affaire. Il reçoit un appel singulier et comprend vite que la femme au bout du fil vient d’être kidnappée. La ligne est subitement coupée. Troublé par l’affaire mais bloqué au bureau, il va tenter de la résoudre en comptant sur son intuition et son téléphone, tout en étant confronté à ses propres démons. Le réalisateur danois Gustav Möller filme un huis-clos passionnant : le spectateur ne voit rien du drame qui se déroule sur les routes de Copenhague. Il entend juste les voix des protagonistes et les sons du dehors, la caméra restant fixée sur Asger, enfermé entre quatre murs. C’est un thriller très sobre où personne n’est ce qu’il est vraiment, où chacun se dévoile au cours de l’histoire, et pas toujours dans le bon sens. (ASDS)

Tobias Lindholm : Hijacking (2012)

Jeune père travaillant comme cuistot sur un cargo marchand danois – le MV Rosen - Mikkel fait partie des sept membres d’équipage retenus en otages par des pirates au large de la Somalie. Une rançon de 15 millions de dollars est exigée contre leur libération. Le propriétaire du cargo est décidé à sauver ses hommes, mais les négociations, menées sous la supervision d’un envoyé du gouvernement, traînent en longueur, plongeant les prisonniers dans un état d’anxiété et d’épuisement total. Bien documenté, cadrage serré mais sans céder au spectaculaire, le film joue le contre-la-montre entre les tractations téléphoniques depuis le Danemark et le quotidien oppressant de deux des otages (le cuisinier et le capitaine) cloîtrés dans une cabine du navire et soumis aux humeurs changeantes de leurs gardiens. Omar, le chef (?) des ravisseurs - seul locuteur anglophone - exerce une étrange domination sur Mikkel (syndrome de Stockholm ?) tandis que celui-ci s’effondre inexorablement. (YH)

Erik Poppe : Utøya, 22 Juillet (2018)

Le 22 juillet 2011, tout était réuni pour que les membres de la Ligue des jeunes travaillistes norvégiens passent un harmonieux moment autour d’un projet commun et dans un milieu lacustre. Mais c’était sans compter sur un néo-nazi puissamment armé qui, en 72 minutes et en 189 tirs, transforme le rassemblement en désolation et dévastation. Sept ans plus tard, le cinéaste et ancien reporter de guerre Erik Poppe retrace la tragédie sanglante de l’île d’Utøya qui fit 69 morts. Cinéma direct et vérité. Mise en scène oppressante. Caméra à l’épaule qui chavire avec froideur au cœur même de l’abomination vécue par ces adolescents, cibles vivantes, criant, pleurant, se cachant, espérant être à l’abri du tueur en train d’accomplir sa croisade morbide et sanguinaire. Long métrage hybride sur la peur et le courage. Travail de création important pour vaincre une commotion collective qui fit basculer la Norvège dans l’horreur. (StS)

Anders Thomas Jensen : Riders of Justice (2020)

Suite au décès de sa femme dans un accident de train, Markus (Mads Mikkelsen), militaire rompu à tous les types de combats, rentre précipitamment d’Afghanistan pour s’occuper de sa fille avec qui ses rapports sont « délicats ». Il rencontre Otto et ses pairs, quatre « nerds » quarantenaires, socialement problématiques, férus d’algorithmes et de statistiques, qui lui soumettent l'hypothèse que l’accident de sa femme serait un attentat perpétré par une milice armée, mêlée à un procès en cours. Si on a connu Anders Thomas Jensen plus déjanté (Men and Chicken), Riders Of Justice est sans conteste son film le plus réussi ! Une satire coup de poing, un de ces films paranoïaques où les personnages sont liés à d’obscurs destins dont il s’agit de décrypter les signes (ici via des mathématiques complexes). Une comédie jubilatoire où une bande d’inadaptés sociaux et une machine de guerre tombent sur le râble de vilains fachos qui, pour une fois, n'auront presque rien fait ! Un film où les ados ont plus de sens civique que leurs ainés ! (YH)

Nicolas Winding Refn : Pusher 1, 2 & 3 (1996, 2004 & 2005)

Dans le premier épisode de la trilogie Pusher réalisée par le Danois Nicolas Winding Refn, Frank (Kim Bodnia), dealer d’héroïne, s’endette auprès de Milo (Zlatko Burić). Avec l’aide son comparse Tonny (Mads Mikkelsen), il tente de se sortir de cette mauvaise passe, mettant en place une ultime arnaque qui lui permettra de quitter le pays. Si tout se passait comme prévu, ce ne serait pas un bon polar, et les nombreux rebondissements de l’histoire sont racontés dans les deux films suivants. Ce premier long métrage de Refn montre le Copenhague des bas-fonds, des petites frappes, triste et glauque. Cette ambiance est accentuée par le gros grain des images très crues tournées par des caméras portatives et sans trop d’éclairage, mais avec des flashs de couleur, lorgnant vers le style de certains documentaires. C’est un film fougueux, aussi incontrôlable que ses personnages, et qui n’hésite pas à montrer une violence extrême. (ASDS)

Ali Abbasi : Border (2018)

Inspiré d’une nouvelle du romancier suédois John Ajvide Lindqvist, Border est un film du cinéaste danois d'origine iranienne Ali Abbasi. L’héroïne de ce conte fantastique, Tina, est un être à part, à la physionomie bestiale, dotée d’un odorat extraordinaire. Travaillant pour les douanes suédoises, elle peut non seulement détecter les marchandises illégales mais surtout la culpabilité des passeurs. Un jour, alors qu’elle contrôle un homme d'apparence suspecte, Vore, ses talents semblent lui faire défaut pour la première fois. Bien qu’elle le sache coupable de quelque chose, il lui est impossible de déterminer de quoi. Pire encore, elle ressent pour lui une attirance inattendue. Leur relation va lui apprendre le secret de ses origines et de ses aptitudes inhabituelles. Film dérangeant, parfois malsain, souvent très poétique, il aborde la frontière entre l’humain et le monstrueux. À la recherche de son identité, Tina transgresse les limites établies et bouleverse les certitudes. (BD)


Une médiagraphie réalisée par Simon Delwart, Anne-Sophie De Sutter, Benoit Deuxant, Jean-Jacques Goffinon, Yannick Hustache, Thierry Seclève et Stanis Starzinski dans le cadre de la Fureur de Lire – Cap au Nord, pour la bibliothèque de Vielsam.

Crédit photo: Hans M (via Unsplash)

Classé dans