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Cap au Nord – A la découverte du cinéma des pays nordiques

Norvège

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publié le par Anne-Sophie De Sutter

Au sens strict, la Scandinavie se compose du Danemark, de la Suède et de la Norvège mais il aurait été dommage de ne pas parler du cinéma islandais et finlandais. Cette médiagraphie vous invite à une découverte de films de genres bien différents, des comédies, des polars, des drames, des histoires d’amour. On y retrouve des trolls, des dieux, des paysages enneigés, des fjords, des grandes villes, et aussi des films qui ne se passent pas dans la région mais dont les réalisateurs en sont originaires. Créée par PointCulture à l’initiative de la Bibliothèque centrale du Brabant Wallon, dans le cadre de la Fureur de Lire, cette médiagraphie propose un voyage dans le cinéma contemporain du grand Nord.

Sommaire

Hlynur Pálmason : Godland (2022)

A la fin du 19e siècle, un jeune prêtre danois arrive en Islande pour construire une église. Son expédition traverse une partie du pays, aux paysages volcaniques, rudes mais époustouflants. Elle est rendue difficile par les éléments, la pluie, la neige, le vent, et par le fait qu'il ne parle que danois, et non islandais comme son guide. Il a emmené avec lui un appareil photo encombrant, ainsi que le matériel pour développer les clichés sur plaques de verre. Le film a été tourné en 4/3, avec des bords arrondis – un format proche des photos anciennes mais qui renforce le côté étriqué de l’intrigue. Etriqué dans le sens où il y a de nombreuses incompréhensions entre les divers personnages et parce que la foi du prêtre est sérieusement malmenée. Le début du film mentionne que le réalisateur Hlynur Pálmason a été inspiré par des clichés existants mais c’est juste une histoire qui lui a permis de construire son scénario. (ASDS)

Nicolas Winding Refn : Valhalla Rising, le guerrier silencieux (2009)

Avant son départ pour Hollywood où il a eu beaucoup de succès avec Drive et Only God Forgives, le danois Nicolas Winding Refn avait déjà été remarqué pour la trilogie Pusher et pour Valhalla Rising. Ce film conte l’histoire d’un guerrier silencieux surnommé One-Eye (Mads Mikkelsen) qui, dans l’Ecosse du 12e siècle, est un esclave forcé à combattre d'autres prisonniers. Il s'enfuit, accompagné d'un enfant, et poursuit son chemin avec des Chrétiens en partance pour les Croisades. Leur bateau se perd dans le brouillard avant d’arriver dans un lieu qui leur est inconnu et hostile.

C'est un film sombre et froid, un peu comme les paysages traversés. Il n'y a que haine et violence, et les hommes sont perdus dans des pensées qui les dépassent. Contrairement à ses films postérieurs, Winding Refn utilise ici des couleurs très neutres, peu saturées, et beaucoup de monochromie, accentuant le côté vert-gris du nord de l’Europe. Seules quelques taches de rouge qui trahissent les rêves du guerrier surgissent par moments. (ASDS)

Benedikt Erlingsson : Woman at War (2018)

Halla, la cinquantaine, est professeure de musique et dirigeante de chœur la journée, mais se transforme en guerrière le weekend. Elle parcourt les campagnes islandaises, son arc à flèche à la main, et détruit des pylônes électriques pour lutter contre l’implantation d’une usine métallurgique dans les montagnes de la région. Guérilla solitaire d’une écologiste face à la multinationale Rio Tinto, et au gouvernement islandais qui s’apprête à l’accueillir, c’est un combat héroïque, à la fois baroud d’honneur et rébellion armée. Alors que ses actions de sabotage deviennent de plus en plus audacieuses et radicales, elle apprend que sa procédure d’adoption est acceptée. Magnifiquement filmée dans des paysages islandais qu’on comprend vouloir préserver, cette histoire épique est splendidement interprétée par Halldóra Geirharðsdóttir, et ponctuée par les interventions musicales d’un trio acoustique - batterie, sousaphone, piano - qui l’accompagne dans les lieux les plus inattendus. (BD)

Hafsteinn Gunnar Sigurðsson : Under the Tree (2017)

A travers Under the Tree, Hafsteinn Gunnar Sigurðsson retranscrit sa vision de la classe moyenne islandaise, retranchée dans une banlieue résidentielle dont la morosité nordique suinte par tous les pores. Deux arcs narratifs, dont on anticipe la fusion, finissent par s’y croiser : le disloquement d’un couple conditionne la dernière extrémité à laquelle est rendu un voisinage en guerre ouverte. Mais au-delà de l’arbre de la discorde qui, par son ombre conflictuelle – en un pays où le soleil se fait rare – est à l’origine des hostilités, le film brasse tout un chapelet de problématiques telles que l’adultère, le divorce et le deuil. D’un point de vue formel, le montage exerce une fonction majeure dans l’établissement de la tension dramatique, notamment par ses transitions révélatrices qui orientent le spectateur dans sa perception de l’action, dès lors peu porté à croire à un arrangement à l’amiable entre les forces en présence. (SD)

Bent Hamer : Kitchen Stories (2003)

Bien qu’ayant étudié le cinéma en Suède, c’est en Norvège que nait Bent Hammer en 1956. Dès son premier long métrage, Eggs, Prix de la Critique Internationale au Festival de Cannes en 1995, il pose les bases de son cinéma : un comique de situation, cocasse et poétique. Il rejoint une certaine « école » de cinéastes nordiques, quelque part entre le Finlandais Aki Kaurismäki et le Suédois Roy Andersson. Pour Kitchen Stories, il s’inspire du très sérieux Swedish Home Research Institute qui, dans la période de l’après-guerre, travaille à créer la cuisine idéale, consignant scrupuleusement les déplacements de la ménagère suédoise dans sa cuisine. Le film s’ouvre sur une nouvelle phase des recherches, ciblant cette fois les mâles célibataires norvégiens. Chaque observateur se voit attribuer un volontaire mais, quand celui-ci n’est pas très collaboratif, l’étude scientifique vire au duo comique. Une situation de départ minimaliste, deux hommes dans une cuisine, dont Bent Hamer tire le meilleur. L’apparente simplicité cachant une grande maitrise, tant au niveau du jeu des comédiens que de la mise en scène, du cadrage, des décors ou des dialogues. (GB)

Aki Kaurismäki : Shadows in Paradise (1986)

Ombres au Paradis est le premier film de la trilogie du prolétariat du réalisateur finlandais Aki Kaurismäki, qui comprendra ensuite Ariel et La Fille aux allumettes. Il est tourné dans son style minimaliste caractéristique, aux mouvement lents, où l’ironie naît de la fausse banalité des personnages, des lieux et des situations. Les tragédies que ses protagonistes affrontent ont des dimensions classiques, mais leur environnement, leur situation sociale, leur incapacité à exprimer leurs émotions les éloignent de toute forme de grandeur. Dans ce film, Nikander est éboueur à Helsinki, Ilona est employée de supermarché. Ils vont tomber amoureux. Lorsqu’Ilona vole sur un coup de tête la caisse du magasin après s’être fait licencier, et veut s’en débarrasser, Nikander va la replacer discrètement à sa place. Leur liaison sera perturbée par l’enquête de la police, les préjugés de la société bourgeoise, la jalousie, leurs difficultés à communiquer, et va prendre un tour insolite. (BD)

Felix Herngren : Le vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire (2013)

Le roman à l’origine de ce film est paru en Suède en 2009 ; la traduction littérale du titre de l’œuvre de Jonas Jonasson pourrait être Le centenaire qui est sorti par la fenêtre et a disparu. Cette escapade est prétexte à un scénario déjanté où un homme s’échappe le jour de ses cent ans du home qui l’accueille. Il est alors embarqué dans une aventure rocambolesque où le hasard fait les événements et où le personnage est mû par son seul goût pour les explosions. A-t-il perdu la tête ? Pas vraiment, il poursuit la balade de sa vie, consistant à être emmené, dans un esprit stoïque, vers des aventures toujours explosives. Les rebondissements de ce road-movie sont fantasques. On découvre une représentation surréaliste à la suédoise, ponctuée par une musique de type fanfare.

Tout empêtré dans son ultime escapade, le centenaire raconte sa vie. Celle-ci l’a mené, en artificier ingénu, à rencontrer des personnages historiques tels Staline, Franco, ou Oppenheimer, et à influencer de manière décisive la grande Histoire... (TS)

Roy Andersson : Chansons du deuxième étage (2000)

Réalisée par le Suédois Roy Anderson en 2000, cette production se caractérise par un style visuel distinctif et une narration non conventionnelle. Le film se compose de 46 longs plans-séquence qui forment des tableaux mettant en scène la banalité et la monotonie de la vie quotidienne avec une atmosphère de lenteur et de contemplation. Les thèmes explorés sont à la fois sombres et existentiels, mêlant désespoir et absurdité. Les personnages semblent emprisonnés dans des routines monotones et semblent souvent déconnectés les uns des autres, reflétant un sentiment de solitude et d'isolement. La force du film réside aussi par son humour noir et grinçant à travers les dialogues minimalistes et les séquences absurdes de la vie quotidienne. La structure narrative se veut non linéaire et met en avant des thématiques comme la religion, la bureaucratie, la quête de sens… Le film explore la face sombre et absurde de la condition humaine avec une approche philosophique. (JDL)

Thomas Vinterberg : Drunk (2020)

Le point de départ de ce film offre toutes les apparences d’un pari stupide. Se basant sur la théorie du psychiatre norvégien Finn Skårderud, un groupe d’amis décide de tenter une expérience : vivre en permanence sous l’influence de l’alcool, qui serait l’état naturel de l’humanité. Les quatre membres du groupe ont tous la quarantaine, sont professeurs dans le même lycée, et vivent le même découragement devant l’apathie de leurs élèves. Entamé avec une grande rigueur scientifique, le test va dans un premier temps adoucir leur dépression chronique et améliorer leur quotidien professionnel comme familial. Mais au fur et à mesure qu’ils augmentent les doses, la situation commence à dégénérer. Porté par des acteurs magnifiques - Mads Mikkelsen, Thomas Bo Larsen, Magnus Millang et Lars Ranthe – le film refuse constamment de prendre position. Faut-il abandonner l’expérience ? Est-ce un échec ? S’agit-il d’une comédie ou d’une tragédie ? (BD)

Niels Arden Oplev : Millénium – Les Hommes qui n’aimaient pas les femmes (2009)

Adaptation du premier volet de la trilogie de l’écrivain Stieg Larsson, Millénium relate l’enquête d’un journaliste et d’une pirate informatique s’associant en vue d’élucider une affaire de disparition close depuis quatre décennies. Chemin faisant, le duo relie entre eux une série d’assassinats de femmes, mutilées au préalable selon un rituel d’ordre religieux. Structuré comme un polar, le film apparaît surtout comme une véhémente dénonciation des violences faites aux femmes, a fortiori puisque l’une de ses protagonistes, Lisbeth Salander, est elle-même victime d’abus sexuels au cours du récit. L’inversion du rapport de force d’avec son agresseur constitue le point de bascule à partir duquel Lisbeth affirme son autonomie vis-à-vis de toute forme d’autorité masculine. Particulièrement décisive dans la résolution de l’énigme qui occupe initialement le seul Mikael Blomkvist, son personnage procède d’une caractérisation singulière, à contre-emploi des rôles traditionnellement dévolus aux femmes dans la fiction, sachant que le 1er opus de la saga littéraire est paru en 2005. (SD)

Ingmar Bergman : Le septième sceau (1956)

Le cinéaste suédois Ingmar Bergman, plébiscité par la critique avec son précédent film Sourires d’une nuit d’été, entreprend la réalisation du Septième sceau. Métaphore sur la mort prenant l’apparence d’une partie d’échecs. Duel inégal entre la grande faucheuse et un chevalier, revenant des croisades, de retour sur sa terre natale après une dizaine d’années d’absence. Qui gagnera ce combat illusoire ? C’est cette opposition qui sert de guide à l’histoire. Une danse macabre qui se dessine autour des différents personnages que rencontre le chevalier, magistralement incarné par Max Von Sydow (Pelle le conquérant). Mais elle emprunte surtout un tracé qui aborde des questions métaphysiques et existentielles. Elles bourdonnent autour de lui. Trouvera-t-il les réponses ? Cette épopée lui permettra-t-elle de voir et comprendre le monde différemment, au crépuscule de son existence ? Le septième sceau est à ranger dans la catégorie des chefs-d’œuvre de l’histoire du cinéma. (StS)

Bo Widerberg : Elvira Madigan (1967)

Bo Widerberg (Joe Hill, La beauté des choses) réussit en réalisant Elvira Madigan, à poétiser l’histoire d’amour tragique d’une danseuse de cirque. Passion de l’été 1889. Elvira rencontre Sixten Sparre, lieutenant déserteur de l’armée suédoise. Ils tombent amoureux et se cachent dans la campagne. Décor impressionniste et subtilement mis en lumière par le cinéaste. Errance romantique tournée essentiellement en extérieur. Transgression aux yeux de l’effroyable bourgeoisie suédoise de l’époque, synonyme pour elle de désertion, d’abandon de famille et de trahison. Mais cette union sera éclaboussée par les indices qu’ils sèmeront, conscients malgré eux que l’irréparable et funeste fin approche. Fait divers authentique qui résonne encore aujourd’hui en Suède où la tombe d’Elvira Madigan est toujours fleurie par de jeunes mariés. Pia Degermark, illustre inconnue avant le film, recevra le Prix d’interprétation féminine au Festival de Cannes 1967. (StS)

Ingmar Bergman : Persona (1966)

Solaire, glaciale, l’île suédoise de Farö fut un lieu de villégiature et de tournage pour Bergman qui en fit le décor de quelques-uns de ses plus grands films. Les plages arides et minérales de la Baltique sont une invitation à se la figurer comme un espace mental répondant à un désir de séparation et de récréation. Ce double mouvement décrit par Deleuze dans Causes et raisons des îles désertes est celui-là même que le cinéaste reprend à son compte dans l’état de crise que raconte Persona. Tant sur le plan sonore que visuel, le film oscille entre le récit classique et l’essai expérimental. Suivant l’étymologie du mot persona, désignant le masque porté sur scène par les acteurs dans l’Antiquité, le scénario réunit deux femmes, une actrice murée dans le silence et son infirmière se saisissant de cette occasion pour s’épancher. Cru, sombre et sexuel, le huis-clos mené par un esprit en proie au doute quant à son identité, ne livre pas toutes ses clés, à la manière de Mulholland Drive de David Lynch, qu’il a manifestement inspiré. [CDP]

Joachim Trier : Thelma (2017)

Née dans une campagne reculée de la Norvège où elle a longtemps vécu seule avec ses parents ultrareligieux, Thelma part étudier la biologie à l’université d’Oslo. Lorsqu’Anja, étudiante dans son année, vient s’asseoir à côté d’elle, c’est pour Thelma le déclenchement d’une série de crises qui ont tout de l’épilepsie mais échappent au diagnostic médical. Bientôt l’amitié entre les jeunes filles se mue en attirance. Les crises se font alors plus intenses et s’accompagnent de phénomènes inexplicables. Le genre fantastique offre à Joachim Trier une manière élégante de mettre à l’épreuve l’ambivalence des regards qui étreignent une femme en âge de s’émanciper. Avec ses parents ultrareligieux, Thelma vient lestée d’un fardeau particulièrement lourd en interdits. Pour se défaire de cette culpabilité originelle et aller à la rencontre de son désir, son imaginaire captif trace un chemin plein d’effroi et de destruction. [CDP]

Lukas Moodysson : Fucking Åmål (1999)

Agnès, sur le point de fêter ses 16 ans, vit dans une famille aimante, avec des parents attentionnés mais aussi un peu désarmés face à son mal-être d’adolescente. Nouvelle venue dans la petite ville d’Åmål, elle a du mal à s’y faire des amis et vit recluse. Mais elle est fascinée par Elin et n’a d’yeux que pour elle. Elin, 14 ans, vit dans une famille dysfonctionnelle, avec un père absent et une mère un peu dépassée. Bien que populaire dans son école, elle s’ennuie profondément et a des rêves plus grands que ce que peut lui offrir la petite ville d’Åmål. Dans des circonstances un peu douteuses (fuyant une énième soirée foireuse et suite à un pari stupide avec sa grand sœur), Elin se rend inopinément à la fête d’anniversaire ratée d’Agnès, l’embrasse et s’enfuit. Ce geste, qui lui semblait anodin, va l’amener à s’interroger sur elle-même et réévaluer son rapport aux autres… (SI)

Tomas Alfredson : Morse (Låt den rätte komma in) (2008)

Les années 1980. Dans la banlieue de Stockholm, bétonnée et engourdie par la neige, des corps exsangues sont retrouvés pendus par les pieds, la gorge tranchée. Dans cet univers blafard, deux jeunes vont se rencontrer. Oskar, souffre-douleur de son collège, est un enfant de 12 ans, taciturne, introverti et solitaire, qui aime jouer au couteau, seul le soir, dans le petit jardin en bas de son immeuble. C’est là qu’il rencontre pour la première fois Eli, une jeune fille étrange qui ne vit que la nuit. Si on pense que tous les éléments d’un thriller vampirique destiné aux prépubères sont réunis, on se trompe lourdement sur les intentions fines du réalisateur.
Ici, la mise en situation est un décor noir, métaphorique, pour parler de la solitude de deux êtres que la société marginalise. Ainsi l’un et l’autre vont s’attirer tels des aimants et finir par s’épauler pour survivre. Empreint d’une poésie moderne, Morse est une œuvre atypique d’une réflexion rare comme d’une sobriété magistrale. (JJG)

Erik Poppe : Utøya, 22 Juillet (2018)

Le 22 juillet 2011, tout était réuni pour que les membres de la Ligue des jeunes travaillistes norvégiens passe un harmonieux moment, autour d’un projet commun et dans un milieu lacustre. Mais c’était sans compter sur un néo-nazi puissamment armé qui, en 72 minutes et en 189 tirs, transforma le rassemblement en désolation et dévastation. Sept ans plus tard, le cinéaste et ancien reporter de guerre Erik Poppe retrace la tragédie sanglante de l’île d’Utøya qui fit 69 morts. Cinéma direct et vérité. Mise en scène oppressante. Caméra à l’épaule qui chavire avec froideur au cœur même de l’abomination vécue par ces adolescents, cibles vivantes, criant, pleurant, se cachant, espérant être à l’abri du tueur en train d’accomplir sa croisade morbide et sanguinaire. Long métrage hybride sur la peur et le courage. Travail de création important pour vaincre une commotion collective qui fit basculer la Norvège dans l’horreur. (StS)

André Øvredal : The Troll Hunter (2010)

Trois étudiants veulent réaliser un documentaire sur le braconnage des ours en Norvège et sont sur les traces d’Hans, « un chasseur » hostile. Finalement, l’équipée s’enfonce la nuit en forêt où leur véhicule est attaqué par une créature capable de brutaliser leur 4x4. Mis dans le secret de l’existence des trolls, les documentalistes vont suivre Hans dans la chasse de ses créatures nocturnes et sauvages, mais que l’on peut pétrifier d’un flash de lumière ultraviolette. Hans fait partie de la TST, un organisme gouvernemental chargé de taire leur existence et de prévenir leurs méfaits. Or les Trolls s’approchent de plus en plus des zones habitées et en particulier par des chrétiens, et un virus aurait contaminé un troll géant… Reste le film. Surfant sur la mode des « found footage » (vrai faux documentaire en caméra subjective) qu’il égratigne, The Troll Hunter est aussi une satire un peu lourde de la christianisation imposée à un pays qui s’est ainsi coupé de son milieu naturel. [YH]

Anders Thomas Jensen : Les Bouchers Verts (De Gronne Slagtere) (2003)

Dans un bourg au fin fond du Danemark, deux jeunes bouchers, Sven et Bjarne, décident de quitter leur employeur, le despotique et licencieux Older, pour ouvrir leur propre boucherie. Malgré tous leurs efforts pour attirer des clients, le temps passe et le succès n’est pas au rendez-vous. Older vient jusqu’à les narguer en leur proposant d’organiser le dîner du Rotary Club. Un malencontreux accident va permettre à Sven de proposer pour cette soirée une nouvelle recette de marinade pour agrémenter une viande à la saveur particulière et à l’approvisionnement aussi compliqué que délicat…
Ce film esthétique, aux dialogues souvent savoureux, est une comédie d’humour noir qui n’est pas sans rappeler le fameux Delicatessen. Le scénario, un tantinet prévisible et trop frileux par rapport à son sujet, n’en fait pas une œuvre incontournable, mais reste un bon divertissement, agréable et drôle, sans prétention aucune. (JJG)

Ruben Östlund : Sans filtre (Triangle Of Sadness) (2022)

Un couple de jeunes influenceurs au physique parfait est invité sur un yacht au luxe digne d'Onassis, en compagnie de quelques milliardaires mondains. Mais à l’acmé du buffet princier qui tourne à la purge vomitive collective, éclate une tempête d’une rare ampleur dont profitera une bande de pirates pour envoyer le navire par le fond. Une poignée de survivants échoue sur une petite île où les conditions de survie vont imposer un retournement complet de la pyramide de domination sociale, mais pas son effacement. Dans Sans filtre, Östlund creuse le sillon de la satire sociétale féroce où personne n’est épargné, et se donnant tout le temps nécessaire pour placer les pions et configurations de son dix de chute mortel auquel participe toute l’humanité embarquée. Une charge impitoyable et crue contre un capitalisme résilient et totalisant qu'on ne semble pas être en mesure de quitter, une farce souvent grotesque et limite caricaturale, vulgaire, soignée et misanthrope, excessive et spectaculaire qui peut séduire ou déplaire pour les mêmes raisons. (YH)


Une médiagraphie réalisée par Geoffrey Briquet, Jean De Lacoste, Simon Delwart, Catherine De Poortere, Anne-Sophie De Sutter, Benoit Deuxant, Jean-Jacques Goffinon, Yannick Hustache, Sylvain Isaac, Thierry Seclève et Stanis Starzinski dans le cadre de la Fureur de Lire – Cap au Nord, pour les bibliothèques du Brabant Wallon.

Crédit photo: Norway d'Ansgar Scheffold (Pixabay)

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