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Playlist

Autour d'Alice et Cie

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Tout commence en 1862, lors d'une belle journée d'été. Charles Lutwidge Dodgson et les filles du doyen du Christ Church College se promènent en barque sur le fleuve Isis...

Sommaire

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Il aime raconter des histoires, de celles dont les enfants raffolent et qu'ils réclament. Ce jour-là, le professeur de mathématiques improvise l'histoire d'une petite fille qui aperçoit un lapin blanc et décide de le suivre...

Robinson Duckworth qui les accompagne lui demande : « Dodgson, est-ce là une aventure que vous improvisez ? ». « Oui, je l'invente au fur et à mesure. » répond-il. Ceci constitue l’ébauche des Aventures d’Alice au Pays des Merveilles. Les demoiselles Liddell - Lorina, Alice et Edith lui demandent d'en faire un livre. Ce sont surtout les prières de la petite Alice qui finissent par le convaincre et il se met au travail. Après tout, l'héroïne de ce conte porte son nom !

Deux ans plus tard, il offre en cadeau de Noël à la jeune fille une version manuscrite et illustrée de sa main, intitulée « Les Aventures d'Alice au Coeur de la Terre », signée par ce nom devenu désormais célèbre, Lewis Carroll.

« A Christmas Gift to a Dear Child in Memory of a Summer Day »

La version définitive et connue du grand public sous le nom « Des Aventures d'Alice au Pays des Merveilles » sera publiée en 1864. Le récit est retravaillé et les illustrations sont réalisées par le réputé Sir John Tenniel. Le livre est un véritable succès à l'époque. L'auteur, passé maître du non-sens, imagine une histoire loufoque et invraisemblable, remplie de jeux de mots. L'héroïne ne ressemble en rien aux enfants que le public a l'habitude de lire dans les contes traditionnels. Alice est curieuse, fait preuve d'indépendance et tout en restant polie, n'hésite pas à marquer son mécontentement ou son agacement.

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Les autres points forts du livre sont bien entendu la galerie de personnages que rencontre l'enfant lors de son périple : le Lapin blanc et sa montre à gousset, le chat du Cheshire et son large sourire ou encore l'excentrique Chapelier fou. L'auteur écrira une suite des aventures publiée en 1871 : « De l'autre côté du miroir ». La préface en prose et postface en vers (dont le prénom Alice apparaît en acrostiche) sont dédiées à la jeune Alice Liddell.

Il n'est pas aisé de traduire en français le poème en respectant le sens littéral. Henry Parisot a réussi cet exercice jusqu'au cinquième vers.

Traduction de la dédicace du livre de Carroll par Henry Parisot

A Au fil d'une onde calme et lisse,
L La nacelle indolente glisse,
I Imbue d'ineffables délices.
C Chacune des trois douces sœurs,
E Enchantée d'écouter l'histoire
Est blottie auprès du conteur.

Les Aventures d'Alice au Pays des Merveilles et De l'autre côté du miroir ont fait l'objet d'un nombre incalculable d'adaptations, notamment cinématographiques, et il n'est pas rare que les histoires se combinent. D'ailleurs, il arrive fréquemment que l'on confonde les deux contes.

Pour vous guider, nous avons établi une sélection au sein de nos collections...

Lewis Carroll - Alice au pays des merveilles - Des femmes - enr. 1990, rééd.2006 et 2020

Avec cette façon bien à elle de s’exprimer, sa prononciation parfaite et son talent d’actrice, Arielle Dombasle parvient facilement à capter notre attention. Elle arrive avec, semble-t-il, beaucoup de facilité, à incarner cette singulière petite fille qu'est Alice ainsi que les nombreux autres personnages. Quelques notes jouées à la harpe par Pascale Schmitt séparent les chapitres et quelques chansons sont interprétées par la narratrice dont le très joli morceau en anglais « As Alice » (anonyme).

Une écoute destinée aux adolescents et adultes. 184 minutes.

Lewis Carroll - Alice au pays des merveilles - Gallimard Jeunesse - 1961

A l'attention des plus jeunes, il est préférable de se tourner vers la version éditée chez Gallimard. Le texte est plus court et lu par : Muriel Flory, Philippe Jouaris, Jean-Marie Richard et Sophie Wright. Le jeu des quatre comédiens, le rythme soutenu et le fond musical raviront les enfants. A partir de 9 ans et d'une durée de 2 h 25 min.

Lewis Carroll - Alice’s Adventures in Wonderland - Naxos - 1997

Enfin, si vous souhaitez parfaire votre anglais, il est possible d'écouter l'histoire lue par l'actrice Fiona Shaw (Harry Potter, Killing Eve...). Elle y incarne tous les personnages et modifie sa voix passant de l’aigu au grave de façon tout à fait surprenante. Le livret comprend quelques illustrations de John Tenniel.

Stéphane Michaka - Alice et merveilles - Didier Jeunesse - 2017

Stéphane Michaka réécrit librement le conte pour un spectacle musical porté par 8 comédiens, 70 musiciens, 2 bruiteuses et 6 solistes. Juliette Roudet incarne une petite Alice résolument moderne que ce soit par le ton employé ou par les mots issus du langage d'aujourd'hui. Mention particulière pour la scène 7 intitulée « Un thé de oufs », humour (évidemment), jeux de mots mélangeant le français et l'anglais. De quoi perdre son latin !

Ce parcours musical est également une quête initiatique : la petite fille du début évolue petit à petit pour devenir en fin d'histoire une jeune demoiselle au seuil de l'âge adulte. La musique, relevée et enjouée, est interprétée par l'Orchestre national de France et les solistes de la Maîtrise de Radio France. Plusieurs thèmes et genres sont abordés selon le moment de l'histoire : une rêverie avant le sommeil ou un rythme effréné pour un lapin blanc toujours pressé.

Les illustrations sont réalisées par Clémence Pollet. Elle imagine une Alice aux cheveux noirs et à la robe bleue. Une grande attention est portée à la composition même du livre : d'abord un dessin coloré et à thème en face du nom du chapitre, ensuite les dialogues sur fond de motifs légers et discrets, enfin une planche (2 pages l'une en face de l'autre) qui rappelle le thème choisi. Ce schéma est identique pour tous les chapitres hormis le thème, qui change donc sept fois ! (pour les 5-12 ans)

Au pays d'Alice - Opéra moderne d'Ibrahim Maalouf et Oxmo Puccino - Mi'ster Productions - 2014

Cette version moderne réunit le compositeur Ibrahim Maalouf et le chanteur Oxmo Puccino. Les deux univers combinent plusieurs influences et genres musicaux : jazz, rap, rock et musique classique. Celle-ci est amenée par l'orchestre classique et les 32 enfants de la maîtrise de Radio France. Les voix s'élèvent et scandent les refrains aux sons des percussions et autres instruments à cordes. A certains moments, l'orchestre cède sa place pour laisser guitares, batterie et clavier jouer des airs plus funky ou jazzy. C'est alors au tour du trompettiste Ibrahim Maalouf de nous enchanter aux sons de son instrument à vent.

L'album-concept est composé de quinze titres, entrecoupé de deux interludes. Les chansons écrites par Oxmo Puccino sont truffées de jeux de mots et autres facéties du langage. L'interprétation oscille entre slam, parlé-chanté et rap. Pour cette nouvelle vision du conte, Alice est blonde et plutôt coquette. Le lapin quant à lui est amoureux mais l'amour de ce grand timide lui embrouille l'esprit et il complote contre la demoiselle. Voilà, qu'elle est accusée d'avoir volé un bout de tarte !

Le graphisme et les illustrations sont laissés au soin du studio de création Les Marqueurs. L'équipe réalise également le clip « La porte bonheur ».

« Au pays d'Alice ... » est une énième interprétation qui vaut la peine d'être découverte.

Alice's Adventures in Wonderland - Ballet en deux actes de John Talbot - Opus Arte - 2011

La transposition en ballet est une véritable réussite. Tout est enchanteur : le décor, les costumes, les marionnettes, les jeux de lumières, la musique, la chorégraphie et bien entendu les danseuses et danseurs.

L'histoire est pratiquement respectée, avec quelques variations dans le scénario. Alice, une adolescente au joli carré court foncé, est amoureuse du fils du jardinier Jack. Celui-ci est injustement renvoyé par la sévère mère d'Alice parce qu'il aurait volé... une tartelette. Elle le retrouve dans le monde merveilleux sous les traits du Valet de Cœur. Le ballet comporte une bonne dose d'humour avec une Reine de Cœur (sans cœur bien sûr) extrêmement drôle. Une magnifique et gigantesque marionnette représente le Chat du Cheshire. Les parties de son corps se séparent sur fond noir, ce qui donne un effet inespéré : il disparaît et réapparaît comme par magie. Ses traits sont empruntés au dessin réalisé par John Tenniel. Une façon pour Bob Crowley, concepteur du décor et des costumes, de rendre hommage à l’œuvre originale, en sachant que le public sera ravi de le reconnaître. Le Chapelier fou impressionne par son étonnant numéro de claquettes. La chenille apparaît dans une ambiance orientale et exotique, accompagnée de danseuses hindoues. Percussions, mystère, fumée... Nous voilà, le temps d'une scène, projetés au pays des mille et une nuits. Les passages concernant la Duchesse, bien qu'amusantes, sont les seuls moments sombres du ballet. Celle-ci, qui n'est pas sans rappeler Mme Lovett de « Sweeney Todd », malmène son bébé-cochon dans une horrible et angoissante cuisine. La Cuisinière n'est pas en reste, gesticulant et hurlant de colère, hachoir à la main, prête à découper Alice elle-même. La danseuse étoile Lauren Cuthbertson est idéale dans le rôle d'Alice qu'elle interprète avec passion et espièglerie. Le DVD comporte un bonus, où la danseuse nous emmène dans les coulisses de La Royal Opera House et nous explique avec beaucoup d'émotion le plaisir qu'elle a eu à interpréter Alice.

La musique composée par Jody Talbot invite à la rêverie et l'enchantement grâce à des instruments tels que célesta, harpe et piano.

Le spectacle, d'une durée de deux heures, est magique de bout en bout, les trouvailles scéniques sont hallucinantes d'ingéniosité. En un mot : magnifique !

Le cinéma offre un large choix de films destinés à tous les publics.

Alice in Wonderland - Percy Stow, Cecil Hepworth - 1903

La plus ancienne version date de 1903 et est réalisée par les Anglais Percy Stow et Cecil Hepworth. C'est un film muet qui a été en partie restauré en 2010 par le Britihs Film Institute dont la durée n'excède pas 10 minutes. May Clark interprète la toute première Alice du 7è art.

De la version réalisée par Norman Z. McLeod (1933), puis par celle de Walt Disney (1951), en passant par l'adaptation de Tim Burton (2010), il y en a pour tous les goûts et pour tous les âges.

Alice in Wonderland - Norman Z. Mcleod - Studio Canal - 1933

Alice au pays des merveilles - Clyde Geronimi, Wilfred Jackson, Hamilton Luske - Walt Disney Home Video - 1951

Alice au pays des merveilles - Tim Burton - Buena Vista Home Video - 2010

Alice in Borderland [Saison 1] - Shinsuke Sato - Netflix - 2020

Tokyo, de nos jours. Trois ados, Arusi, Karube et Chota, se réfugient dans les toilettes du métro après avoir causé un accident de voitures. A leur sortie, le monde a changé et semble étrangement désert. Bienvenue à Borderland. Très vite, les jeunes garçons sont « invités » à participer à un jeu impitoyable : ils doivent se battre pour survivre. Le trio va rencontrer d'autres joueurs, parfois alliés, parfois ennemis. Plusieurs informations importantes sont transmises via des GSM (avec lesquels, ils ne pourront pas communiquer) mis à leur disposition avant de commencer la partie. Les règles sont définies selon un jeu de cartes : le signe donne le genre, le chiffre la difficulté. L'épreuve sera donc physique (pique), intellectuelle (carreau), physique et intellectuelle (trèfle). Le cœur implique les sentiments et c'est la carte la plus redoutée. Plus le chiffre est élevé, plus difficile sera l'épreuve. Comme dans la saga Hunger Games, celles et ceux qui tirent les ficelles sont redoutables et les protagonistes savent dès le début que les dés sont pipés. Avec l'énergie du désespoir, les infortunés cherchent à comprendre qui se cache derrière ce jeu mortel.

Les nerfs sont mis à rude épreuve, les morts violentes dans ce monde post-apocalyptique. Face aux dangers, aux choix complexes et déterminants, solidarité et entraide sont rares. Cependant, des sentiments plus nobles surgissent aux moments les plus inattendus. L'espoir demeure.

On retrouve l'univers de Lewis Carroll à travers le héros Arusi (prononciation japonaise d'Alice), son amie Usagi (Lapin en japonais), le chef d'un gang dont le métier était, dans « sa vie d'avant », chapelier, Chishiya (le chat du Chesthire), les cartes, ...

Cette série intense et efficace est l'adaptation du manga du même nom écrit par Aso Haro. Frissons garantis. La seconde saison est prévue pour 2022.

Le saviez-vous ?

Le Japon voue un véritable culte à l'œuvre de Lewis Carroll. Alice y est très populaire dans la culture japonaise, que ce soit dans les jeux, mangas ou animés. On ne compte plus les cosplay et autres produits dérivés.

Et pour une immersion complète, rien de tel que les Alice-restaurants. Cinq établissements se trouvent à Tokyo et chaque lieu est différent : Alice in a Labyrinth, Alice in Fantasy Book, Alice in Magical Land, Alice in an Old Castle, Alice in a Dancing Land.

Au pays des livres

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Que ce soit Benjamin Lacombe et ses dessins sombres et mélancoliques ou Valeria Docampo et son univers plus coloré et adapté aux enfants, les illustratrices et illustrateurs s'en sont donné à cœur joie : Helen Oxenbury, Rebecca Dautremer, Emmanuel Polanco, Yayoi Kusama... Dans les années 50-60, de grand noms de la bande dessinée américaine ont également rendu hommage au célèbre roman : Charles Schulz, Alex Toth ou encore Walt Kelly. Dans ces versions comics, Alice rencontre au détour d'un chemin Snoopy ou Superman.

Ce monument de la littérature incite à la créativité encore et toujours. C'est merveilleusement fascinant.

Et pour terminer :

Pourquoi un corbeau ressemble à un bureau ? — Lewis Carroll - Alice's Adventures in Wonderland

Images : dessins de John Tanniel et photographie de Lewis Carroll à 23 ans

Magda Ettalibi

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