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8 MARS / Femmes plurielles

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Parce que les droits des femmes doivent se célébrer tous les jours et pas seulement le 8 mars, toutes les équipes de PointCulture s’engagent et vous proposent des sélections de films et de documentaires qui « dégenrent ».

Sommaire

FEMMES PLURIELLES

Partout dans le monde, des femmes issues de toutes les générations, cultures, religions témoignent de leur vécu et de leurs combats. Une sélection pour que la voix des femmes continue à être entendue, partout dans le monde...

Bienvenue dans la vraie vie des femmes
(France - 2010)

Témoignages de sociologues et chiffres à l’appui, le film prend le pouls des droits de la femme au sein de la société française. Même si de nombreux progrès ont pu voir le jour depuis le siècle dernier, le diagnostic posé est loin d’être rassurant. Dans les faits, l'inégalité entre les sexes se capillarise dans tous les domaines (médias, éducation, travail, politique...). Les stéréotypes liés au genre perdurent et les femmes continuent souvent à assurer sur tous les fronts. Un scanner exhaustif, salvateur, qui nous éclaire sur le fonctionnement d’un système pernicieux parce que moins visible qu’auparavant. Excellent point de départ pour amener une réflexion en classe sur les injonctions normatives imposées aux femmes, et plus globalement, sur la justice sociale, les valeurs, les statuts, les préjugés (niveau secondaire supérieur). (MB)

Sorcières-Camarades (France - 1971)

Deux courts-métrages de documentaires réalisés en 1971 appelant à l’émancipation des femmes.
« Un film sur les femmes. Un film par des femmes, pour des femmes. Avec une caméra d’hommes ».
"Un jour des femmes verront ces images de notre triste survie et se demanderont comment nous avons pu la supporter
»

Réalisé en 1971 par Danielle Jaeggi, réalisatrice pionnière du cinéma d’essai féministe français, Sorcières Camarades est un manifeste, mais aussi un film-essai qui appelle les femmes à retrouver du pouvoir par le biais d’un nouveau langage qui leur est propre et d’une nouvelle façon de produire des images. Constitué comme un film puzzle, dont chaque pièce ferait appel à chacun de nos sens, il invite le spectateur à s’imprégner de la situation de ces femmes à l’aune des années 70, sur fond de couleurs orangées : corps sculptés, redécouverts (toucher), femmes objet surmaquillées, n’existant pas sans le regard masculin (voir), femmes-réduites à leur rôle de ménagères/(symbolisé par les casseroles/goûter, sentir) , femmes réduites au silence (entendre). Ces fragments reflètent viscéralement le rôle qu’on leur assigne à l’époque : femme objet, au service de l’homme et des enfants . La sorcière est ici présente comme un espoir d’émancipation, invitant les femmes à se libérer des injonctions sociales qui les enferment, loin du cinéma-patriarcat.

« Comme commencement à une beauté autre » disait alors Danielle Jaeggi. » (MB)

Bigger Than Us (France - 2021)


Sélection officielle du Festival de Cannes 2021.

D’emblée, le rythme de la musique et les paysages colorés emportent le spectateur. Loin des constats larmoyants et culpabilisants, le film dresse le portrait d’une jeune génération qui a décidé d’agir et de s’engager pour sauver la planète. Melati, une jeune indo-hollandaise de 18 ans, combat depuis six ans la pollution plastique qui ravage son pays, l'Indonésie. En jeans et chemisier blanc, rayonnante et solaire, elle crève littéralement l’écran. Toujours déterminée, la jeune femme parcourt le monde à la rencontre d’autres jeunes adultes qui luttent comme elle pour construire un monde meilleur. Mémory (22 ans) vient en aide aux jeunes femmes au Malawi. Mary, quant à elle, porte secours aux réfugiés perdus dans leur embarcation de fortune au large de l’île de Lesbos. Winnie (25ans) vient en aide aux réfugiés et les initie à une agriculture responsable en Ouganda. Ensemble, elles portent des projets constructifs, qui incitent à une prise de conscience collective. Ici et là, le film est émaillé de signes, qui sont autant de symboles d’un mouvement en marche: routes qui se déroulent, vagues qui se déploient, rails de chemins de fer…autant d’invitations à prendre un chemin, à prendre conscience de notre pouvoir à impacter le changement à notre échelle. Leurs actions inspirantes nous révèlent un monde magnifique, celui du courage et de l’espoir. De l’engagement pour les autres, pour la Terre, pour plus grand que soi. (MB)

Woman ( France - 2019)

Qu’est-ce qu’être une femme dans le monde d’aujourd’hui ?

Après « Home » et « Human, le photographe Yann Arthus-Bertrand a voyagé autour du monde avec sa complice Anastasia Mikova, pour rencontrer 2.000 femmes dans plus de cinquante pays, de toutes les générations, issues de diverses couches sociales, cultures ou religions.... A l’aide d’un dispositif très simple (visage face caméra sur fond noir), le voile se lève sur leur réalité (maternités, amour, sexualité, éducation, pauvreté…), avec en toile de fond une volonté de casser les schémas reproductifs entre les générations., de permettre une interconnexion entre toutes les femmes.

Ce patchwork de témoignages intimes et émouvants sur leur corps, sur les injustices qu’elles subissent, mais aussi sur le courage dont elles font preuve, nous invite à redéfinir la beauté et la féminité sous un axe pluriel. Seul bémol : esthétiquement parfait, le film fait la part belle à un constat parfois un peu trop teinté de désespoir…(MB)

Naked War (France - 2014)

Jeune réalisateur et activiste, Joseph Paris a croisé la révolte des Femen - le mouvement féministe venu d'Ukraine - au printemps 2012. Pendant plus d'un an, il les a filmées au plus près, ébloui par leur geste, solidaire de leur cause puis bousculé par des doutes, inquiet qu'un drame survienne...

Il cherche dans un second temps à mieux discerner ce que raconte cette révolte avec l'aide d'Annie Le Brun (écrivain, poète), et Benoît Goetz (philosophe), deux personnes dont le regard sur ce pop féminisme radical porte plus loin. Ils interrogent les images fabriquées par les Femen et mettent à nu leur puissance révolutionnaire : renverser les représentations du corps féminin, inventer une grammaire cinématographique, révéler les systèmes d'oppression et la violence qu'ils exercent.

Au final, il reste le courage de ces toutes jeunes femmes à bousculer notre monde frileux à travers leur geste spectaculaire. Joseph Paris signe une réflexion philosophique et artistique sur Femen, un film graphique qui cherche à voir ce qui n'est peut-être pas sur les images.

Coups de foudre (Belgique - 2015)

Cinq femmes se livrent sans fard face caméra. Leur point commun ? Un coup de foudre qui va évoluer vers un cauchemar. Leur homme qui, lentement mais sûrement, les manipule, les enferme jusqu’à devenir leur bourreau. Et puis un jour, une prise de conscience et une fuite dans des refuges pour protéger leurs enfants et se reconstruire.
A cet égard, l’affiche du film est révélatrice de ce processus. On y voit une femme seule, debout et fière en haut d’une colline, regardant au loin tout le chemin parcouru pour se retrouver. Elle tient à la main un parapluie qui est incliné vers le sol, signe qu’il n’est plus nécessaire de se protéger d’une pluie de coups ou de se cacher pour garder un secret. Comme une victoire…

Eprouvant. Mais salutaire… (MB)

Haut les filles (France - 2019)

« En France, on n’a pas de pétrole mais on a des pétroleuses ! » A travers les interviews de dix figures de la scène féminine française, François Armanet raconte comment, petit à petit, depuis les années 70, les femmes se sont accaparés le Rock, la chanson et, par là même, ont fait voler en éclats la domination masculine. En croisant témoignages, clips vidéo et concerts sulfureux, il fait état de ce hold-up justifié. « Le Rock usé et bourrin, avait besoin d’une mue, d’un changement » hors normes pour abattre les terrorismes sexistes et les clichés virils avec élégance, raison et un nouveau panache. C’est chose faite. Ce documentaire électrique, à l’énergie positive, ne mâche pas ses mots. Elles sont « belles » et bien là avec la dynamique et dadaïste Brigitte Fontaine, en figure de proue, remontée à bloc ! (JJ.G.)

REGARD SUR LE PATRIARCAT

Cette année, en plus des portraits de femme, nous avons tenu à consacrer un chapitre sur les luttes contre le patriarcat à travers le monde, en quelques films. Cette sélection se veut être un écho de tous les combats menés, mais la tâche reste immense !

Le Pardon (Ballad of a White Cow) (Iran - 2021)

Babak est condamné à mort pour un crime qu’il n’a pas commis. Mina, sa femme, se retrouve seule à élever sa petite fille muette. Un jour, un mystérieux inconnu, Reza, ayant une dette envers son défunt mari, vient frapper à sa porte. Elle le laisse entrer. Est-il tant providentiel ?

Basée sur la sourate de la vache blanche et liée à la loi du Talion, l’intrigue est une intelligente métaphore qui remet en question la peine de mort et le système judiciaire iranien. Mais bien au-delà de cette première lecture déjà très forte, ce sont toutes les aberrations de la misogynie théocratique qui sont montrées du doigt. Mina survit face à un beau-frère aussi intrusif qu’intéressé, un gouvernement patriarcal qui monnaie son erreur judiciaire, un propriétaire qui l’expulse, ayant vu Reza entrer chez elle, et surtout, Mina essaye de tenir bon dans un pays où « les veuves, les chiens et les drogués » sont mis au ban de la société. Édifiant par ses discours, dosant avec retenue les émotions, ce drame pose une question narrative cruciale. Mina, acculée, va-t-elle pardonner ou elle aussi condamner ? (JJ.G.)

Les Nuits de Mashhad (Holy Spider) (Danemark, Allemagne, Suède - 2022)

Une journaliste de Téhéran plonge dans les faubourgs les plus malfamés de la ville sainte de Mashhad pour enquêter sur une série de féminicides. Elle va s'apercevoir rapidement que les autorités locales ne sont pas pressées de voir l'affaire résolue. Ces crimes seraient l'œuvre d'un seul homme. Un père de famille qui a pour but de nettoyer la ville du vice au nom du prophète.

Tiré d’une série de meurtres survenus en 2001 et à l’inverse des films traditionnels d’épouvante, ici, ce n’est pas l’horreur qui prédomine la construction narrative mais bien les faits réels qui rencontrent l’innommable. Par cette approche, le réalisateur Ali Abbasi démonte l’hypocrisie religieuse, policière et politique d’un pays misogyne qui infantilise et désincarne les femmes. Plus qu’un film, l’œuvre est un plaidoyer féministe découpé en deux parties. La première est celle de l’enquête portée par une journaliste acharnée et la deuxième celle du procès et de la popularité que rencontre le tueur après de la population masculine iranienne. Une popularité effrayante qui prouve à quel point l’Iran est un pays ultra traditionaliste gangréné par une longue tradition de haine contre les femmes. (JJ.G)

Te doy mis ojos (Ne dis rien) (Espagne - 2003)

Pourquoi Pilar s’enfuit-elle, en pleine nuit avec son fils, du domicile conjugal ?
Pourquoi Pilar revient-elle avec l’envie de donner une nouvelle chance à son mari Antonio qui la maltraite ?

C’est avec beaucoup d’humanisme et d’intelligence qu’Iciar Bollaín dénonce les mécanismes de la violence au sein du couple. Il décompose le prisme du monde qui l’entoure. Celui de Tolède à l’héritage traditionnel pesant. Celui de Pilar, tiraillée entre sa sœur qui insiste pour qu’elle divorce, sa mère qui défend le couple à tout prix, son fils qui assiste au drame comme un témoin muet et Antonio qui, même s’il essaye de se contrôler, se laisse déborder par son amour violent, possessif et destructeur. Dans la description de ce drame intime, la réalisatrice démonte le mécanisme de la dépendance affective, ce lien aveugle qui semble plus fort que l’instinct de survie. Te doy mis ojos est une œuvre poignante, qui a permis une conscientisation de la société espagnole sur ces drames que l’on passe sous silence. Un film qui a reçu 7 Goya, dont celui de la meilleure actrice et du meilleur acteur. (JJ.G.)

Femmes d'Argentine (Argentine - 2019)

Dans cette enquête menée en Argentine où l’IVG est illégale, et où meurent de très nombreuses femmes des suites d’un avortement clandestin, le cinéaste Juan Solanas interroge la place de l’Église et plus largement la démocratie dans un pays où les inégalités sociales sont persistantes. Ce film engagé alterne des témoignages de victimes ou proches de victimes défuntes, de militant·e·s féministes ainsi que leurs manifestations dans les rues de Buenos Aires pour défendre ce droit fondamental.

Note : au moment de sa sortie, le film s’arrêtait sur une défaite et un immense désarroi… Mais, depuis le 30 décembre 2020, suite à un vote du Sénat qualifié d’historique, l’Argentine est désormais le premier pays catholique d’Amérique latine à légaliser l’avortement.

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