La ‘Collection commune’ : la chambre aux (dizaines de milliers de) trésors

La ‘Collection commune’ est la réserve centrale de médias de PointCulture. Des dizaines de milliers de CD y sont stockés dans des armoires automatiques habituellement utilisées en pharmacie, d’autres dizaines de milliers de médias (DVD, jeux vidéo, disques vinyles, etc.) y sont soigneusement classés dans des rayonnages. C’est de la Collection commune que partent les mises en valeurs thématiques et les commandes individuelles des usagers vers les PointCulture Liège et ULB-Ixelles et le réseaux bruxellois et wallon des bibliothèques.

En ce qui concerne les disques vinyles, les 20 000 exemplaires conservés concernent essentiellement des titres non-réédités en CD. Nous avons parlé avec Damien et Magda, qui en ont récemment assuré l’inventaire et y ont opéré une sélection à la fois ludique, appliquée, variée et généreuse pour une série de dépôts « Tutti frutti ». Ils auront pour objet d’en proposer une sorte de « menu de dégustation », de donner matériellement – en permettant au public de manipuler les disques, de les écouter sur place ou de les emprunter – une idée de la richesse et de la variété de la collection.

Damien : On m’a demandé de faire l’inventaire des disques vinyles qui n’avait plus été fait depuis quelques années. En manipulant les disques pour biper leur code barre, je prenais des photos avec mon smartphone de certains de ceux qui qui titillaient ma curiosité (par la pochette, par un nom, etc.), pour archiver une série de « points d’intérêt ». Mais quand Vincent, le responsable de la Collection commune m’a demandé de faire deux sélections de vinyles « Tutti frutti » pour donner une idée à Liège et à l’ULB-Ixelles de la richesse de la collection, je me suis dit que je ne pouvais pas faire cette sélection tout seul. Que, dès lors qu’il s’agissait de prospecter tous azimuts, on aurait moins de « points aveugles » à plusieurs et j’ai demandé à mes collègues Magda et Anne de participer.

Parcourir, manipuler, écouter collectivement les disques

Damien : Comme dans cette collection de vinyles (majoritairement non-réédités en CD), il n’y avait souvent pas ceux qu’on connaissait déjà mais par contre plein d’autres qu’on ne connaissait pas, pour faire ces sélections, il était important de les manipuler physiquement au cours de l’inventaire. De les avoir entre les doigts et devant les yeux, puis de les mettre sur la platine et de les écouter ensemble en bande-son de ce travail de vérification du catalogage de la collection. Personnellement, ces écoutes partagées pendant qu’on travaillait m’ont fait découvrir Colette Magny et changer d’avis sur Gérard Manset dont les disques que j’avais écouté seul jusque-là ne m’avaient pas convaincu.

Partager une découverte ou le souci de l’usager

Damien : Les disques retenus ont été ceux qui pour nous généraient une ambiance, qui installaient une atmosphère une fois qu’on les écoutait. Juste une pochette comique, mais un disque musicalement décevant glissé dedans, on se disait que c’était drôle deux minutes, que ça passe à la rigueur sur Instagram mais que ça allait frustrer ou énerver les usagers. Dans ce souci du public, dans cette envie de partager notre plaisir de la découverte, on essayait aussi de choisir des albums qui selon nous étaient bien du début à la fin, pas juste le temps d’une plage ou deux. Par contre, il n’y avait pas de critère d’importance dans l’histoire de la musique. Si un disque nous plaisait aujourd’hui en 2023, on ne se posait pas la question de savoir d’il avait cinq, vingt ou quarante ans.

Coups de cœur et disques marquants

Damien : Moi, j’ai quelques souvenirs de disques qui « m’ont pris à revers », qui m’ont surpris : par exemple le disque de musique pygmée qu’on a retenu ou les deux disques de musique suisse. La pochette du disque suisse ne m’attirait pas du tout, je m’attendais à une musique qui « vrille les tympans » mais j’ai été étonné dès le premier morceau : ce n’était pas du tout agaçant, même un peu planant ! Mais peut-être que ça marchait pour une plage mais qu’à la longue ça allait être pénible… Et pas du tout : au final, on a écouté deux fois le disque en entier en l’espace de quelques jours. Je trouvais cette musique super planante, on rentrait dans un trip un peu zen !

Magda : Je retiens la redécouverte de Fabrizio De André, que je n’avais plus écouté depuis quelques années.

La première fois que j’ai mis le disque de De André, ma collègue Anne s’est exclamée « Mais, c’est le Brassens italien ! ». Comme je n’écoute personnellement pas trop Brassens, j’étais un peu perplexe mais, ensuite, en faisant quelques recherches sur De André, j’ai appris que Brassens était son mentor, qu’il a traduit et chanté plein de chansons de Brassens en italien mais aussi qu’il n’a jamais osé le rencontrer de peur d’être déçu. Via l’écoute partagée d’un disque et une réaction à ce disque, on apprend plein de choses !


Philippe Delvosalle, août 2023