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Focus

Tchouler, ça défoule !

Expo Dites-le avec des pleurs
En ce moment, et jusqu’au 28 janvier, l’exposition « Dites-le avec des pleurs » vous invite à rire et pleurer au PointCulture Namur. Rencontre avec les artistes Ta douce, Tilde et Jeuhmeuh, qui croisent broderie contemporaine et répertoire musical international.

- Astrid Jansen (PointCulture) : Quelle est l’intention de votre exposition ?

Carine (Tilde) : C’est un espace d’expression et de réflexion sur la thématique des larmes…

Nina (Ta douce) : Mais c’est joyeux ! Et accessible.

Jérôme (Jeuhmeuh) : Concrètement, ce sont des mouchoirs en tissu sur lesquels nous avons brodé des paroles de chansons, évoquant les pleurs. On a fait toute une playlist Nina : [rires] Oui, je l’écoute en boucle depuis des semaines.

- Qui êtes-vous ? Comment le projet a-t-il commencé ?

Carine : Je travaille pour la revue jeunesse Philéas & Autobule, tout en menant des projets et créations personnelles, seule ou bien accompagnée. J’ai rencontré Jérôme grâce aux paniers culturels namurois Kilti. Dedans, il y avait ses Fluosaures, j’ai eu un gros coup de cœur, j’en ai une story Instagram et, de fil en aiguille, on s’est rencontrés. Nina, je l’ai connue grâce à Jérôme.

Jérôme : Je fais partie du collectif Chocs et ennui, où on fait de la sérigraphie, de la linogravure, de la microédition… Avant cette expo, on a déjà travaillé ensemble, j’ai travaillé sur la masculinité toxique déclinée en broderies avec Carine et puis, tous les trois, avec quatre autres artistes, on a réalisé une encyclopédie illustrée avec des dessins de fesses. On en a même fait une exposition sauvage.

Nina : J’avais lancé un concours pour l’un de mes t-shirts brodés et Jérôme a participé en envoyant une carte postale de dinosaure brodé, magnifique, que j’ai encadrée chez moi. Et voilà, on a commencé à travailler ensemble ! En tout cas, chacun dans notre coin, on brodait, et on s’est rencontrés une première fois en visio. Le thème des mouchoirs est vite sorti, on a le même humour, on aime les mêmes chansons. Ça s’est fait naturellement, tout est venu assez vite, le thème, le titre… Nous étions prêts après la première réunion !

- Le projet est-il lié à la crise sanitaire ?

Nina : Oui, le thème c’est ça aussi. La période est merdique, autant en faire quelque chose.

Carine : On a tous de bonnes raisons de pleurer ! Alors, allons-y à fond ! Mais on ne veut pas pousser au désespoir non plus. Il s’agit plutôt de pleurer un bon coup, en bonne compagnie, pour pouvoir ensuite aller de l’avant.

Jérôme : En tout cas, il y avait une condition : il fallait trouver un prétexte pour faire un karaoké ! [rires]

- Oser la tristesse, se défouler, par le rire, par les pleurs…

Carine : … pour ensuite passer à autre chose, et pourquoi pas réinventer le monde ! Parmi les éléments déclencheurs de l’expo, il y a l’idée que les larmes peuvent être jugées embarrassantes. Quand un enfant pleure on veut qu’il se taise vite, quand un adulte pleure on ne sait pas quoi faire... Ici, le fait d’en parler ouvertement, ça peut aider à voir les choses autrement, à considérer différemment les pleurs.

- Même si la question parait évidente, en quoi le mouchoir, comme support, est-il important ?

Carine : On avait envie de travailler avec le mouchoir, on a pensé à son utilité immédiate. En venant y broder des chansons où il est question de pleurs, on a joué avec le premier degré du support... On l’a pris tellement au sérieux, au pied de la lettre, que ça a créé un décalage, un second degré. Enfin, on espère ! On a essayé d’aller au bout du bout de la logique du mouchoir.

Jérôme : Le fait de lier ça à la culture populaire joue un rôle important aussi. On se débarrasse des côtés prétentieux ou austères que peut avoir la broderie. C’est une exposition qui parle à plein de gens. Le mouchoir, ça touche tous les publics…

Nina : On a exploité le sujet à fond, d’où le fait que nous avons beaucoup d’œuvres très drôles mais aussi moins, on aborde le sujet de manière plus grave par moment aussi. Et puis c’était drôle de chiner les mouchoirs ! On adore les brocantes, la seconde main. C’est fait partie de ce qui nous relie : une passion pour dénicher des objets.

- Vous avez un coup de cœur pour l’une des œuvres de l’exposition ?

Nina : Le « Dawson » de Jérôme est excellent, avec « Boys Don’t Cry ». Il est super efficace, très simple, il résume bien le fil rouge de nos créations. Mixer une chanson pop qu’on aime et un emblème comme Dawson, c’est magnifique. Mais bon, c’est dur de choisir un coup de cœur !

Jérôme : J’adore le « Au bord des larmes » de Carine. Cette broderie avec les canards propose un décalage – entre l’image et le texte – superbe et très drôle. J’aime aussi celle de Nina : « Aline pour qu’elle revienne », avec la représentation d’un chien perdu.

Carine : Moi, je choisis « Le téléphone pleure » de Jérôme, avec E.T. dessus. C’est sa deuxième broderie créée pour l’expo et en la découvrant, je me suis dit OK, ça va envoyer du lourd ! J’aime aussi beaucoup le « Crying at the discoteque » de Nina. Il est super beau, et représentatif de l’expo, car on a vraiment voulu faire un kaléidoscope de différentes larmes : des larmes de joie, de tristesse, de colère, de plein de choses !

- Quel impact espérez-vous avec cette expo ?

Nina : On espère que les gens vont rire. Que ça les touche en seconde lecture, aussi, chez eux… Qu’ils se décomplexent par rapport aux pleurs. Qu’ils se donnent le temps pour pleurer, qu’ils se l’autorisent. Qu’ils accordent du temps à leurs joies et leurs chagrins.

Carine : Dans la rubrique « changer le monde, changer les hommes », si ça peut aider à considérer les larmes autrement et mieux accueillir celles des autres, ce serait génial. Mais je tiens avant tout à ce qu’elle plaise à un public varié.

Jérôme : Si les gens peuvent rentrer chez eux et se dire que « la broderie, c’est cool », ce serait chouette aussi !


Retrouvez tous ces artistes sur Instagram : Ta douce, Tilde et Jeuhmeuh.

Et la playlist de l’expo sur Spotify.


L'exposition Dites-le avec des pleurs est accessible du 06 au 29/01, du mardi au samedi de 11h00 à 18h00 au PointCulture Namur.

Le 28/01, Afterwork | Klinex party avec Dégâts des eaux avec les artistes.

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