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Focus

Recycler pour voir et entendre

instruments, recyclage

publié le par Michael Avenia

Quand des musiciens parlent de la fabrication d’instruments à partir de matériaux de récupération à des fins éducatives…

Sommaire

L’intérêt est de réintégrer la conception d’instruments dans un environnement naturel et artisanal tout en sensibilisant à l’utilisation et à la préservation d’éléments naturels. Cette pratique permet la prise de conscience du milieu dans lequel on vit, naturel et industriel. C’est ce que nous appelons, la musique du paysage (1). Cette attention portée au son modifie la perception de l’environnement sonore que l’on ne perçoit souvent que quand il dérange. Parmi les matériaux aisément disponibles, les déchets. Le recyclage peut alors amorcer une réflexion sur le gaspillage et sur la place des objets au temps de la surconsommation. Il aide à prendre conscience de la mauvaise utilisation des déchets qui pourraient avoir encore une utilité pour soi ou pour d’autres (2). Ce n’est pas par la quantité d’objets recyclés que la pratique est intéressante mais parce qu’elle amène à poser un autre regard sur le monde. Déplacer l’objet dans un autre champ, le faire dévier de sa trajectoire initiale, conduit à enrichir sa perception de l’environnement, reconsidérer le modèle de société et réintroduire de l’imaginaire et de la poésie au quotidien (4).

La construction d’instruments commence par une véritable exploration de la résonnance des matériaux. Elle vise la connaissance directe et laisse s’émerveiller l’explorateur du monde, une démarche commune au savant et à l’artiste (5). Elle oblige à une réappropriation des étapes de la création musicale depuis la genèse du son (5). Taper, gratter, souffler dedans, dessus, frotter, secouer, rouler, percuter, effleurer, avec les mains ou avec un autre objet, plein, vide, tenu ou suspendu, autant de relations possibles et personnelles à développer. Cette approche expérimentale et peu couteuse restitue la musique au quotidien et à chacun, elle invite à être soi. Il ne s’agit donc pas d’un apprentissage de la musique au rabais (5).

Accorder une seconde vie à ce qui a été usé par l’usage et le temps pour fabriquer un instrument, c’est d’une part retrouver un chemin intuitif vers la musique, c’est aussi faire un pas de côté par rapport au modèle économique dominant pour être moins passif. Il s’agit globalement de retrouver des savoir-faire, de se réapproprier les processus et d’expérimenter un positionnement plus conscient tant sur le plan culturel que social pour élargir ses horizons. L’environnement devient un espace de création que l’on peut explorer et sur lequel on peut intervenir. Récupérer, recycler, détourner, soustraire les objets à leur destinée de rebus, devient alors un acte de résistance qui ancre la pratique au-delà de la simple anecdote de l’exercice ludique. 

Sources :

(1)     Entretien en février 2013 avec Solika Janssens et Alain Do, Compagnie Alfred de la Neuche, France
(2)     Entretien en février 2013 avec Julio Payno, Verterdere Sonoro, Espagne
(3)     Entretien en février 2013 avec Olivier Gobert, animateur à la Maison de la Pataphonie, Belgique
(4)     Entretien en février 2013 avec Max Vandervorst, luthier sauvage et pataphoniste, Belgique
(5)     D’après L’enfant, la musique et l’école – Angélique Fulin – Buchet/Chastel - 1992

Et Entretien en février 2013 avec Mélissa Azaïche, médiatrice culturelle & Benoit Poulain, luthier urbain - Lutherie Urbaine

 

Frédérique Muller