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Focus

Musique brute, handicap et contre-culture

Musique brute, handicap et contre-culture - Brutpop / Mathieu Mastin
Un documentaire étudiant la capacité d’abandon contenue dans les sonorités brutes et leur usage auprès d’un public en situation de handicap mental. Un témoignage bouleversant d’honnêteté et de spontanéité ! Ce 28 avril à PointCulture Bruxelles!

Le festival « What Is It ? » a ouvert ses portes le 30 mars dernier. Expositions, workshops, tables rondes s’articulent autour d’un seul et même propos : la création brute, le plaisir de la découvrir et de la diffuser. Orchestré par la « S » Grand Atelier et BrutPop, l’évènement regroupe des acteurs rattachés à divers secteurs comme les arts plastiques, la musique ou encore, le médico-social. PointCulture Bruxelles s’y associe lui aussi en proposant, pour la soirée de clôture du festival (le vendredi 28 avril), la projection du documentaire Musique brute, handicap et contre-culture en présence de son réalisateur, Mathieu Mastin, mais également de Anne-Françoise Rouche (directrice de la « S » Grand Atelier), d’Antoine Capet et de David Lemoine (fondateurs de Brutpop). Leur venue promet un bel échange, car ce sont eux qui nous accompagnent durant le documentaire, eux qui nous impressionnent par leur dévouement, leur engagement et leurs prouesses en termes d’avancées dans notre rapport (bien trop souvent) stéréotypé vis-à-vis des personnes en situation de handicap mental.

Faire évoluer notre vision des handicapés mentaux en cessant de les isoler.

« Les hommes ne descendent pas des singes mais plutôt des moutons » — ateliers Brutpop
Ces paroles tirées d’un morceau produit par les ateliers Brutpop (en charge de la bande son) rythment une minute (tout au plus) du documentaire, mais nous hissent à un degré de lucidité presque violent, qui participe à la puissance de ce film. Cette phrase nous rappelle très justement, qu’échapper aux conventions du genre humain, c’est-à-dire à la norme, est bien plus compliqué qu’il n’y paraît en regard d’une société qui a glorifié le formatage collectif. Que l’on soit en situation de handicap ou non, il est de plus en plus difficile de s’éloigner du troupeau sans en être complètement marginalisé.

Ce que nous montre Mathieu Mastin à travers son film, c’est que la démarche entreprise par les fondateurs de Brutpop et celle de la « S » Grand Atelier, s’inscrit dans leur désir (concrétisé) de faire évoluer la vision des (artistes) handicapés mentaux en cessant de les isoler, en s’intéressant à eux, en allant à leur rencontre et en leur laissant occuper la place privilégiée des personnes qui ne sont pas en situation de handicap mental. Les poser dans un rapport d’égal à égal.


Et si cette projection était une première étape vers la transformation d’un schéma mental commun biaisé ?

La musique brute est au cœur de ce documentaire éponyme. C’est par cet angle d’approche que nous sommes invités à entrer en contact avec les handicapés mentaux et à découvrir une facette caractéristique de leur rapport à l’art et au monde en général : leur spontanéité. Antoine Capet et David Lemoine l’ont d’ailleurs compris, que l’on soit handicapés ou non, la musique expérimentale favorise l’intuitivité. Lorsqu’ils chantent, lorsqu’ils mixent, lorsqu’ils écoutent, les sens en éveil, des sons imparfaits, des crépitements, on ne peut s’empêcher d’être ému par la beauté de leur lâcher prise et s’émerveiller devant leur perte de contrôle que peu (ou pas ?) d’artistes sans handicap peuvent se vanter d’avoir pu expérimenter. La musique brute comme vertu thérapeutique, permettant malgré tout une certaine contenance à celui qui l’écoute, qui la joue, qui la danse, qui la ressent tout simplement.

L’émotion provoquée par certains passages est souvent teintée de mélancolie, d’incompréhension et de révolte envers le conditionnement imposé par notre société ou envers nous-même, pour être assez faible que pour nous laisser nous y soumettre. Serions-nous tellement imbibés par notre système pour nous rendre compte de l’illégitimité de cette situation ? Et si cette projection cinématographique était une première étape vers la transformation d’un schéma mental commun biaisé ?


Alicia Hernandez-Dispaux


Vendredi 28 avril 2017 à 20h

PointCulture Bruxelles
145 Rue Royale
 - entrée par le boulevard Bischoffsheim
1000 Bruxelles




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