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Focus

Hommage – Vangelis in Heaven (1)

Vangelis
1. Forminx, Aphrodite’s Child et essais en solo...

Sommaire

Vangelis - chapeau

Vangelis, après avoir donné toute sa vie une âme aux synthés, a rendu la sienne un soir de mai.

Son prénom, à lui-seul, a conquis le monde de la musique électronique, de la musique de film et instrumentale. Un prénom en forme de bonne nouvelle, Evángelos, et un nom dont la première partie évoque le voyage et la légende, Odysséas Papathanassíou.

Bandeau CD Forminx - Aphrodite's Child - Début solos.jpg

Forminx - Aphrodite's Child

Ce voyage, il nous l’a proposé depuis Forminx, un groupe dynamique bien ancré dans la musique pop-rock et romantique des années 1964 à 1966, rencontrant un succès phénoménal auprès de la jeunesse particulièrement fan de ces Beatles grecs. La plupart des vingt-deux chansons de Forminx ont été composées par Vangelis, qui assurait les claviers.

En 1967, alors que s’installe la dictature des colonels dans son pays, il décide de partir tenter sa chance à Londres afin de trouver un meilleur environnement créatif, avec le chanteur Demis Roussos et le batteur Lucas Sideras. Ils sont cependant recalés à Paris en plein mouvement de mai 68 et décident d’y rester. Avec leur groupe Aphrodite’s Child, ils enregistrent, « Rain and Tears », une chanson calquée sur le Canon de Pachelbel et qui rencontre d’emblée un succès phénoménal. L’album End of the World sort la même année avec des titres oscillant entre une pop sixties, des ballades et des morceaux plus peaufinés d’influence psychédélique et teintés de racines grecques. En 1970, It’s Five O’Clock reprend le même mélange des genres, ajoutant un peu de flower-power et du country-rock. À l’orgue, au clavecin, au piano ou à la flûte, Vangelis compose la majeure partie des chansons de ces deux albums non dénués de beaux morceaux mais sans réel fil conducteur, au contraire du troisième opus, un monument du rock progressif conceptuel : 666.

666.jpg

À la fin de l’année, le trio accueille le guitariste Argyris Koulouris, qui n’avait pas pu travailler sur les deux premiers albums à cause du service militaire. Ils entrent dans le studio d’enregistrement avec un livret écrit par l’écrivain gréco-égyptien Costas Ferris, qui décrit l’évolution d’une troupe de cirque et de leur spectacle sur l’apocalypse sous chapiteau (acrobates, danseurs, animaux) tandis qu’à l’extérieur se déchaînent les éléments de la fin du monde, que les spectateurs pensent intégré à la représentation. La fin présente le grand combat entre le Bien et le Mal.

Les musiciens mettent neuf mois à jouer et à enregistrer les vingt-quatre morceaux à huis clos, passant de longues heures à improviser et à parachever cet oratorio-rock, composé, arrangé et produit par Vangelis.

Il est difficile de mettre un morceau en avant car tous se suivent et se complètent pour former un tableau allégorique. Toutefois épinglons le singulier « » (infini), érotique et sacrilège tant par le détournement des paroles de Saint Jean « Who was, is, is to come », utilisée à la première personne « I was, I am, I am to come », que par l’interprétation incroyable de l’actrice Irène Papas.

Le single tiré de l’album est « The Four Horsemen », paraphrasant le texte de Saint Jean (Apocalypse 6) et qui évoque quatre cavaliers apportant la maladie, la guerre, la famine et la mort. L’alternance entre la voix, haut perchée, de Demis Roussos sur des sonorités étranges aux claviers et l’instrumentation rock du refrain, ponctuée fortement à la batterie, donne un dynamisme particulier à cette chanson. Celle-ci a été reprise en 2021 par Isolde Lasoen, qui fait le lien entre la maladie que les cavaliers apportent et la Covid19.

Ce chef-d’œuvre culte du rock marque la fin du groupe dans lequel les tensions se répétaient et où chacun avait envie de projets solos. Il sortira seulement en 1972. Salvador Dali avait pourtant projeté de le mettre en scène à Barcelone, avec de nombreux cygnes portant de la dynamite prête à exploser et affluant vers la Sagrada Familia, tandis que des avions auraient bombardé le monument d’éléphants, d’hippopotames et de baleines…

Bandeau synthé

Les premières créations en solo

Vangelis n’a pas attendu la fin d’Aphrodite’s Child pour entamer sa carrière solo. Sa créativité se libère en 1969 via la musique du film érotique Sex Power du réalisateur-critique de cinéma Henry Chapier, puis lors de sessions de jazz-rock improvisé dont on a honteusement tiré deux vinyles illégaux, et surtout avec la musique de la série animalière L’Apocalypse des Animaux de Frédéric Rossif, en 1971. Une bande originale mélodieuse, évocatrice, légère (« La petite fille de la mer »), lente et raffinée (« La mort du loup »), profonde et ambient avant l’heure comme dans la « La création du monde ».

L’album, sorti en 1973, adopte un style qui laisse présager certaines créations futures de Vangelis dans les années 1970, plus particulièrement Entends-tu les chiens aboyer ? (Ignacio) du film de François Reichenbach en 1974 et La fête sauvage de la série documentaire de Frédéric Rossif en 1976.

En 1972, il sort Fais que ton rêve soit plus long que la nuit, un album concept expérimental, une « symphonie » de collages sonores, issus d’enregistrements qu’il a réalisés dans la rue pendant les événements de Mai 68. Il les relie entre eux par de lentes envolées aux claviers entrecoupées de chants de révoltes dont les textes étaient écrits sur les murs de Paris.

Le rêve est réalité - Jouissez sans entraves - Baisez sans carotte - C'est une nuit verte, celle des barricades — .

Bandeau synthé

1973 - Earth

1973 - Earth

De tous les projets qu’il a produits ou auxquels il a collaboré, Earth, en 1973, est l’un des plus personnels. Il plonge l’auditeur dans les racines grecques de Vangelis.

Earth établit un lien entre Aphrodite’s Child et ses productions futures qui utilisera les synthés, les percussions et les instruments d’une manière plus thématique. Le passé se retrouve davantage à l’écoute du rock « Come On », du psychédélique « Let It Happen » et de « He-O » un folk-rock bien balancé entre les solos de guitare et de piano.

Ce qui préfigure ses albums solos à venir est plutôt atmosphérique. Ainsi, le deuxième titre, « We are All Uprooted » démarre abruptement par un coup de tonnerre, juste avant une ondée qui sent la terre, celle que Vangelis et ses compatriotes ont quittée, mais qui renaît au plus profond de leur esprit « Nous avons canalisé nos racines vers l'impulsion de la lumière… Nous nous sommes reconnus… ». Un tempo hypnotique sert de support à cette mélodie orientale jouée au synthé et qui sonne comme un luth. Il reprendra l’idée de l’orage sur Soil Festivities en 1984 (un long morceau de dix-huit minutes). De même, cette imitation électronique du luth sera reproduite sur Odes (« Racines » et « Fire Dance »).

Débutant par des chants qui évoquent une tribu et qui fait indéniablement penser à la fin de l’album Obscured by Clouds (Pink Floyd), « Sunny Earth » clôt chaque incantation gréco-africaine par un coup de massue. S’enchaînent ensuite un jeu de questions-réponses entre le synthé-luth, la guitare et les percussions. Deux chansons apaisantes « My Face in the Rain » et « A Song » mettent en valeur la belle voix de Robert Fitoussi, qui deviendra célèbre en 1982 sous le nom de F.R. David (« Words »).

À l’exception de la guitare, Vangelis joue de tous les instruments, arrangeant et produisant l’album comme pour la majorité des disques qui suivront.

[Daniel Mousquet]

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