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Focus

Environnement et outils numériques – Partie 2 : créativité, horizontalité, gouvernance et asservissement.

villes du futur

ville, environnement, numerique, autonomie

publié le par Frédérique Muller

Dans le cadre de la Semaine Numérique (du 12 au 23 octobre), PointCulture propose, autour de quelques documentaires, un petit cadavre exquis et non exhaustif des réflexions sur les nœuds qui lient ensemble les opportunités liées au numérique et les dommages sociaux et environnementaux qu’ils entrainent. Partie 1 : déchets, exploitation des ressources naturelles, pollution. Partie 2 : créativité, horizontalité, gouvernance et asservissement.

Sommaire

Nouvelles formes d’expression et information participative

Le numérique permet de créer de nouvelles interfaces de communication mais aussi artistiques ou au service des projets écologiques. Ainsi, des associations environnementales ont pu développer des contenus spécifiques fondés sur le numérique. En voici quelques illustrations sur le thème de la forêt avec des cartes interactives :

Une carte des sons des forêts du monde

Une carte des arbres de Bruxelles, une forêt belge méconnue

une carte sur la déforestation


Avec la culture 2.0, le vocabulaire de l’horizontalité fait son apparition. Ce qui explique en partie le succès d’internet, c’est qu’il offre à chacun la possibilité de s’exprimer, d’écrire et de partager de l’information en plus d’y avoir accès. Cette profusion d’informations et cette multiplication des sources s’accompagnent en retour de la nécessité de comprendre les écueils potentiels liés à cette surabondance (fausses informations, etc.) et à la présence de « géants du web » qui monopolisent l’espace numérique et font intervenir des enjeux économiques.

Au sujet de l’actualité environnementale, les réseaux sociaux semblent faire office de nouvelle source de référence, et ce, pour le meilleur et le pire. Le climat est, par exemple, l’objet d’innombrables « fake news » souvent orchestrées par des lobbys. Une simple recherche sur Google (le moteur de recherche le plus utilisé dans le monde) en témoigne. En introduisant dans la barre de recherche : "Le réchauffement climatique est", l’algorithme (qui se base sur la fréquence de recherche des utilisateurs pour proposer des réponses) suggère pour compléter la phrase : « cyclique » ; « leurre ; « naturel » ou propose des questions : « est-il réel ? » Les résultats du consensus scientifique international sur le climat sont donc moins visibles sur le web que les propos climatosceptiques. Les résultats sont différents sur d’autres moteurs de recherche comme Ecosia.

Film : Les médias, le monde et moi

Le travail de journaliste est l'objet désormais, souvent, au mieux d’une sorte de désintérêt, au pire de critiques virulentes, et d’une grande méfiance de la part du public. Le film fait un tour d’horizon des questions qui se posent sur l’exercice de ce métier dans un contexte de surabondance d’informations, souvent peu nourrissantes, de « fake news », etc. Il va ensuite à la rencontre de formes nouvelles de journalisme, ici essentiellement numériques, pour penser l’évolution du métier : savoir créer des aspérités, donner matière à réfléchir, apporter de la valeur ajoutée et non se contenter de copier-coller, assumer un récit, créer des sortes de communautés de lecteurs qui peuvent participer au contenu, sont autant de pistes nouvelles ou d’idées fortes pour faire évoluer le métier.


Horizontalité et participation citoyenne

Grâce à certains outils et la culture de l’échange, le numérique contribue à la mise en place d’outils permettant plus facilement l’accès à l’information mais aussi l’expression des besoins, des envies, des revendications des citoyens. Il facilite aussi la mise en réseau.

Film : Des clics de conscience

Au départ d’une pétition lancée en faveur des semences paysannes potagères, le film déroule deux fils : celui du traitement des semences par la politique agricole et celui de la place de la voix citoyenne dans les décisions politiques aujourd’hui. Avec ce deuxième aspect, longuement développé dans le film, le spectateur découvre les dessous du processus de mobilisation par voie de pétition. Parmi les questions soulevées : une pétition peut-elle changer les choses ? Comment lancer une pétition ? Quel est son impact sur le pouvoir politique ? Comment lui permettre d’influencer la loi ? Pas à pas, le propos du film se précise. Il pose clairement la question de la place de l’expression du citoyen dans nos démocraties actuelles et des rapports de forces en présence et attribue à internet un rôle clé.


Gouvernance algorithmique et optimisation

Les processus démocratiques semblent tout autant soutenus que menacés par l’usage du numérique, et ce, particulièrement depuis le recours grandissant aux algorithmes prédictifs. Ceux-ci ouvrent la voie à une gouvernance dont les décisions sont conditionnées par des données produites par des algorithmes, et non issues d’un débat démocratique. Ainsi la norme dépend des pratiques observées et non d’un choix. Le projet collectif et l’espace de confrontation s’effacent au profit d’une « rationalité » représentée par le calcul.

Film : Les Villes du futur

Les « smart cities » (villes intelligentes) commencent à se multiplier. La technologie promet de garantir la sécurité et d’optimiser les transports et les dépenses énergétiques. Généralement, les projets consistent à mettre en place un système fondé sur la récolte de données générées par les comportements des citoyens. La vie de la ville est ainsi réduite à ses aspects techniques et à la gestion de flux dont il faut éviter la congestion. Le citoyen n'est plus invité à prendre part aux décisions. Celles-ci sont dictées par cette récolte de données. Les contextes sociaux, culturels, historiques, les désaccords sont des facteurs qui interviennent pas ou peu. De ces nouvelles villes où la vie semble confortable, sous la surveillance continue de caméras et de capteurs..., des citoyens commencent à douter. «... La ville n'a rien à voir avec l'idée d'optimisation. Il s'agit de frictions. Il s'agit de désordre. Il s'agit de se confronter à ce qui est différent. Lorsqu'on applique la mentalité d'un ingénieur au terrain de la ville, il y a un gros risque d’exclure du système toutes les choses qui produisent du sens et de la vitalité... ».


Assistance et asservissement

En quelques années, les data sont devenues partie intégrante de notre environnement quotidien. Nous les utilisons pour nous informer, communiquer, consommer, gérer nos loisirs et performances sportives, nous cultiver, jouer, etc. Nous en utilisons et en générons. Cette datasphère est aujourd’hui intimement liée à la sphère physique de nos vies. L’imaginaire du futur est imprégné de technologie, d’appareils connectés pour assister les gestes quotidiens. Cette assistance pose la question de l’autonomie, car les appareils font à notre place. Nous devenons donc dépendants des outils.

En matière d’éducation à l’environnement, cette assistance peut être problématique. Avoir par exemple recours à une application pour identifier une plante lors d’une balade est amusant et pratique mais cela a un coût. Plus encore, ces outils nous dépossèdent peu à peu de nos savoirs et de notre autonomie. Nos capacités à identifier et à interagir avec notre environnement, voire avec les autres, sont confiées à des outils numériques desquels nous devenons dépendants.

Film : 2040

Après cette courte introduction sur l'histoire des émissions de dioxyde de carbone, le narrateur présente l'objectif de son film. Père d'un jeune enfant, il veut croire qu'il est encore possible d'éclaircir un avenir assombri par l’ensemble des projections négatives. Il s'appuie sur des alternatives déjà utilisées aujourd'hui qui, mises à l’œuvre de manière plus globale, pourraient selon lui offrir une alternative à ce monde qui court à sa perte. Il se livre alors à un tour du monde qui lui permet de se prêter à un « exercice d'imagination factuelle ».

Chaque chapitre s'ouvre sur la parole d'enfants qui livrent leurs rêves d'avenir en fonction d'un mot-clé. Le spectateur découvre ensuite une mise en application d'un projet porteur d'espoir, puis une séquence de projection dans l'avenir en 2040 si cette pratique était largement déployée. Se succèdent des exemples de structures énergétiques décentralisées en micro réseaux, l'adoption du modèle du donut en économie pour ne plus dépasser les limites et réduire les inégalités, des voitures sans chauffeur à la demande, plusieurs pistes dans le domaine agricole : agriculture urbaine ; agriculture régénérative et agroforesterie ; la permaculture marine pour restaurer les océans ; l'émancipation des femmes.

Les visions de l'avenir nous plongent dans un univers futuriste très technologique. L'univers du futur reste ici séduit par la multiplication d'outils virtuels d'assistance à la vie quotidienne. Mais la question reste ouverte puisque le film se termine sur « Et vous, à quoi ressemble votre 2040 ? ».


Film : Hyperconnectés : le cerveau en surcharge

Un film qui dénonce l'injonction implicite d'être connecté, de répondre aux mails professionnels ou d'être présent sur les réseaux sociaux. Cette obligation se traduit par un stress croissant et par une moindre attention portée au présent (insatisfaction, fatigue, burn out, etc.).


Conclusion

L’outil numérique est, comme tout outil, le fruit d’un monde. Il est là où se nouent de nombreux fils, qui parfois tissent ensemble des pratiques aux résultats inédits et bénéfiques, parfois des tableaux funestes. Il est impossible de ne tirer que sur un fil sans imprimer une tension sur les autres. S’intéresser aux économies d’énergie ou aux ressources en métaux rares oblige à prendre en compte les inégalités entre les pays du Nord et ceux du Sud, ainsi que sur un rapport utilitaire et prédateur du monde. Pour qu’à l’avenir, le numérique devienne convivial, au sens d’Ivan Illich, il est important de considérer toute la toile.

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