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Critique

TROMATIC REFLEXXIONS

publié le

SÉLECTION DU MOIS DE SEPTEMBRE 2007 CD du mois : Bexar Bexar Von Südenfeld Randomnumber Colleen CD DU MOIS ROCK

(Mark E Smith & Mouse On Mars)
Techno rock plein pot, exubérant, crade et dansant, délicieusement décadent. [retour]

 

 

LIVRE (Roman)

Duong Thu Huong, « Terre des oublis », traduit du vietnamien par Phan Huy Duong. 794 pages, Sabine Wespieser Editeur, 2006
Le mari d’une vietnamienne des montagnes a été déclaré disparu à la guerre. La veuve honore sa mémoire et refait sa vie dans un vrai mariage d’amour et prospère. Le disparu revient ! ne pas revenir au héros qui a sacrifié sa jeunesse pour la patrie transformerait la vie du couple heureux en enfer social. Donc elle retourne vivre auprès de son premier mari qui se révélera une « épave de guerre »… Voilà pour la situation de base. Avec ça, l’écrivaine décrit subtilement la société vietnamienne, traditionnelle et moderne, la place de la femme, les ravages de la guerre, sa cuisine quotidienne... Elle ne tombe jamais dans la simplicité et la situation finale réserve plein de surprises, les solutions sont anti académiques. Entre temps on aura suivi le calvaire du «disparu» dans la jungle napalmée… Et elle aura brossé des portraits contrastés des deux hommes à travers leur histoire, leur évolution, leurs rêves, réussites et échecs. Très agréable à lire et instructif, la narration n’est jamais gratuite. [retour]

 

 

LIVRE (Histoire, sociologie)

Gérard Noiriel, « Immigration, antisémitisme et racisme en France (XIX-XXe siècle), Discours publics, humiliations privées ». 717 pages, Fayard 2007
Une brique. De ces briques fourmillantes d’informations, d’analyses, d’explications, qui donnent la possibilité de construire autrement notre perception du monde et redonne envie de militer pour une société fondée sur la connaissance des phénomènes qui la constituent et non sur la « fait-diversisation » systématique de toutes les énergies humaines. Tant les questions du langage raciste et antisémite qui imprègnent notre réalité de ses stéréotypes ne sont pas des questions de spécialistes: elles concernent notre positionnement par rapport à l’autre, elles conditionnent notre vision du monde. C’est donc un livre magistral, indispensable, fondamental. Il se situe en outre dans une actualité très concrète : toute la question de « l’identité nationale » mise en avant par Mr. Sarkozy. Gérard Noiriel ne fait pas de l’histoire pour l’histoire : impliqué dans la Cité Nationale d’Histoire de l’Immigration (il en était directeur, il en démissionne après les dernières élections françaises), il propose des pistes d’action dans ses conclusions. Il est vraiment nécessaire d’avaler ce genre de brique, de toute urgence. [retour]
http://fr.wikipedia.org/wiki/G%C3%A9rard_Noiriel




Marc Crépon, Bernard Stiegler : « De la démocratie participative. Fondements et limites. », 115 pages Editions Mille et une Nuits 2007
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Voici un petit ouvrage pour commencer à penser (sur) ce principe de « participation » qui est en train de tout envahir, comme un mot joker! Indispensable pour ne pas se laisser séduire par des usages cosmétiques. Au passage, les deux auteurs rappellent ce qu’est une pensée politique, un projet politique. Ils soulignent l’importance de conceptualiser aussi le potentiel participatif des technologies Internet pour ne pas en rester aux slogans. Par rapport aux textes plus théoriques et complexes, ce genre de bref opus limpide permet de clarifier des points précis, de rattacher la théorie à des réalités plus tangibles, plus immédiates. C’est la transcription de conférences organisées par l’association Ars Industrialis (www.arsindustrualis.org) [retour]

 

 

CINÉMA (en salle)

« 2 Days in Paris », Julie Delpy, 2006.
Agréable à regarder, déboires d’un couple franco-américain de passage à Paris (après Venise), courant après une vague romantique… Le dialogue et la confrontation amoureux sont parcourus du décalage entre « mentalités » européennes et américaines. Filon intéressant à suivre mais pas exploité à fond, c’est juste une épice. A part ça, sur base de la mauvaise compréhension du français de l’amant, plongé d’autre part dans une paillardise française qu’il cerne mal, le film fonctionne autour d’un vaste quiproquo progressif qui se termine dans un flux de bons sentiments. On rigole quelques fois. La presse a souligné la filiation Woody Allen : elle est là effectivement, le style en moins. [retour]

- Voir filmographie de Julie Delpy


« Le Quatrième Morceau de la femme coupée en trois », Laure Marsac, 2007
Il y a certes de la grâce dans ce film qui, en trois séquences de vie banale et ordinaire, trace avec pudeur le portrait d’une femme trouvant difficilement sa place, cherchant maladroitement à rentrer dans le vif du sujet. Avec ça, finalement, Laure Marsac interroge surtout pour elle (j’ai l’impression) ce qu’est le cinéma, comment faire du cinéma en fonction de ce qu’elle est, évite de rentrer dans des procédés trop évidents. Les scènes et les images sont des épures, rien de superflu, c’est plutôt stylé. Je pensais à cette phrase lue quelques heures avant : « Le pictogramme constitue la forme la plus économique possible dénoncés réflexifs de la langue sur elle-même et ses signes. » (Clarisse Herrenschmidt, « Les trois écritures »). Mais je ne veux pas taire l’impression d’un goût de trop peu, il manque quelque chose il y a un « défaut » qui stimule l’envie d’un peu plus de cinéma (le défaut permet justement cette réflexion sur ce qui manque dans le cinéma !) Malgré la petite part d’insatisfaction que laisse ce « genre » de film, je pense qu’il faut aller les voir, en priorité sur tous les autres, encourager ainsi ces cinéastes à poursuivre leur investigation du cinéma. Je lisais récemment une brève chronique du festival de Locarno dans Le Monde dont le propos à peu de chose près était : le cinéma indépendant, avec les nouveaux moyens de réalisation numérique, ça devient n’importe quoi, le niveau du festival est bas, c’est chiant, heureusement qu’il y a encore de bons films à portée commerciale ! » Quelle que soit la réalité du niveau esthétique de ce cinéma indépendant, le travail de ce critique est d’en rendre compte, avec des arguments, des analyses, des pistes de compréhension du phénomène, parce qu’autrement que restera-t-il du cinéma indépendant ! ? Formulé de manière aussi péremptoire, l’avis de ce critique me sidère et, j’avoue, je peine à le croire: le même phénomène s’est produit dans la musique, avec l’apparition des home studios et de toutes les facilités pour enregistrer son CD sans intermédiaires. Ca n’a pas engendré une diminution qualitative des expressions musicales. Que du contraire. Pourquoi en serait-il autrement pour le cinéma ! ? Mais ça nécessite d’adapter l’appareil critique, certainement… [retour]

- Voir filmographie de Laure Marsac

 

 

EXPOSITION

« Norman Dilworth, une évolution naturelle. Rétrospective », Musée Matisse, Le Cateau-Cambrésis. Jusqu’au 30 septembre.
Je ne connaissais pas Norman Dilworth, j’y vais sur les conseils d’un ami (Jean-Pierre Scouflaire). Le genre d’expo coup de foudre. Pour la valeur des œuvres montrées et pour la manière de les montrer. Chaque œuvre est le résultat d’un long processus de recherche, de mise au point, d’ajustement entre quelque chose d’intérieur et quelque chose qui appartient à la vastitude de l’univers. Des signes comme pour écrire ce que nous perdons l’habitude de dire et d’écrire. Pour signaler ce que nous ne voyons plus, l’invisible. Entre la sculpture, la peinture, le graphisme. L’installation est remarquable, aérée, respectueuse, elle laisse l’espace pour réfléchir, pour voir venir, tourner autour, de mur en mur, de salle en salle, la rétrospective articule les œuvres les unes aux autres, comme une phrase, comme une ligne de sens. (Dilworth est né en Angleterre en 1931, il a vécu et travaillé à Londres, Amsterdam, aujourd’hui à Lille. Il a senti le monde, il a exploré, il a une belle maturité.)
L’exposition s’inscrit dans une série que le Musée Matisse consacre à l’abstraction géométrique contemporaine. Très beau musée. En profiter pour jeter un coup d’œil sur la fondation Auguste Herbin… [retour]
Museematisse@cg59.fr

 

Norman Dilworth Norman Dilworth Norman Dilworth

 

 

L’AUBERGE

« L’épicerie », Maruéjols-lès-Gardon. Gard.
Cuisine régionale toute simple, certes, mais « étudiée », comme épurée, stylée. Choix limité, un menu avec deux options. Cannette à l’ail confit, lapin aux olives, côtes de porc panées… C’est réalisé à la perfection, il ne manque rien. Les salades, en entrée, sont variées sans être des fourre-tout approximatifs, les différents ingrédients bien mesurés, il n’y a pas de déséquilibre entre les différentes saveurs assemblées. Les produits sont de toute première fraîcheur et de qualité exceptionnelle. Le cadre est on ne peut plus « vacancier ». En haut d’une impasse ensoleillée, les tables sous la treille, le service cordial sans chichi…
C’est aussi vraiment l’épicerie du village. [retour]

L'auberge

Vous voulez réagir ? M’écrire? N’hésitez pas !
Pierre.hemptinne@lamediatheque.be

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On ignore quelle aura été, de son vivant, la contribution de ce Von Südenfeld à l'avancement de l'humanité. Il est en tout cas certain que, sous son panache, cette association momentanée entre le duo électronique allemand mutant Mouse On Mars et Mark E. Smith, l’irascible contremaître de l’inusable formation post-punk The Fall, est en passe de redéfinir les lois de la friction sonore. Une première amorce de rencontre entre les deux entités avait été entamée il y a deux ans avec That Sound Wiped, relecture de Wipe That Sound, titre qui figurait sur l’album Radical Connector (XM892L) du duo de Düsseldorf. L’essai a trouvé son prolongement avec Tromatic Reflexxions, disque d’électronique vacharde et pulsionnelle, fidèle à l’image de ses géniteurs.
Du côté de Mouse On Mars, la décennie écoulée aura vu le duo Jan St. Werner/Andi Toma (trio si l'on inclut le batteur/vocaliste Dodo Nkishi) tenter de rendre soluble kraut, pop et dub dans une électronique à la fois finement texturée et imprévisible. Un parcours atypique qui, en 2001, conduira MOM à intensifier ses exercices de construction/déconstruction de son propre vocabulaire et, à ses meilleurs moments, à se rapprocher d'essais pop dérangés. Quant à Mark E. Smith « always the same, always different » pour reprendre la célèbre formule de l’animateur radio John Peel, c’est au bas mot trente années de déclamations absurdes et bilieuses assénées au sein de The Fall avec une grande constance, malgré les incessants changements de personnel. Si l'enveloppe sonore du groupe est, pour l'essentiel, restée fidèle à un punk intransigeant aux accents country et kraut, le monde de la musique électronique n'est jamais resté totalement étranger au frightening world de M.E. Smith qui s'est déjà autorisé quelques notables sorties en compagnie de Colduct, Ghostdigital ou D.O.S.E.
Von Südenfeld, c’est un peu le Maréchal Blücher et le duc de Wellington lançant de conserve leurs armées, prêts à affaiblir les flancs de quelques pontes de l’electro-rock, LCD Soundsystem en tête. Intégrant, avec la maîtrise de tous les possibles excès, les qualités respectives des deux parties en présence (les déclamations en boucles infinies de Mark E. Smith, les grooves à la fois continus et imprévisibles de MOM), le trio pilonne ses titres avec l’énergie d’un groupe garage survitaminé, agit sur les corps mais parvient à ne jamais s’installer dans un ronron rythmique. La rencontre a priori contre nature du vieux matou punk avec les deux souris laborantines a accouché d’une hirsute Fledermaus (« chauve-souris » en allemand, également le titre d’ouverture du disque) aux amusantes gesticulations entre groove et grotesque. [retour]
Jacques De Neuville

 

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