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Critique

UP ABOVE

publié le

Depuis leur premier album éponyme paru en 1998, ce groupe de Chicago distille une musique exclusivement acoustique axée sur les timbres, les bourdons et les rythmes d’une instrumentation qui s’est élargie sur Up Above, le dernier album. La musique est […]

Depuis leur premier album éponyme paru en 1998, ce groupe de Chicago distille une musique exclusivement acoustique axée sur les timbres, les bourdons et les rythmes d’une instrumentation qui s’est élargie sur Up Above, le dernier album. La musique est ici moins austère, moins occidentale, plus chaleureuse, plus naturelle et plus enracinée dans diverses traditions folk que celle de leur précédent album intitulé 5 paru en 2003, également enregistré par Jeremy Lemos. Le quatuor semble avoir importé d’une récente tournée au Japon, outre quelques instruments traditionnels, un sentiment d’humilité et de légèreté qui embellit leurs compositions.
Cette musique a des allures de transe paisible, de méditation active. Elle tend vers l’abstraction par son aspect répétitif et par un étirement des timbres d’orgues, d’harmonium, de viole ou de violon. Mais des instruments plus proches de la terre, plus enracinés dans la vie, des instruments que l’on sait faire partie de la vie sociale de plusieurs peuples d’Asie et d’Afrique, lui apportent ce rythme vital et cette chaleur naturelle qui existaient grâce à de simples guitares acoustiques sur I’m Appealing, seconde plage de l’album C’mon paru en 2002. La lumière chaude d’Up Above est plus chatoyante et moins statique, elle provient toujours de beaux drones obtenus sans électronique, mais aussi de jeux moins monotones sur plus d’instruments au sein d’une même plage.
Town and Country ne respire plus la grisaille et a ouvert grand ses fenêtres sur les tonalités d’instruments d’autres campagnes. Par petites saccades et avec une grâce empreinte de modestie et de respect, les instruments ethniques prennent une place toute naturelle au sein des compositions. Ils ne sont pas de simples motifs exotiques: les musiciens les manipulent avec considération et une sensibilité toute fraternelle. Les karabas, castagnettes métalliques de tradition gnawa du Maroc, le guimbri, du Maroc, luth rectangulaire à trois cordes, instrument mélodique utilisé aussi comme percussion, la kalimba africaine et la mbira du Zimbabwe, caisses en bois sur lesquelles sont fixées des lames d’acier, les shakuhachi, flûtes en bambou du Japon, le tambura indien, long manche vertical pourvu de quatre cordes bourdonnantes prolongeant une caisse de résonance en bois, le slit drum, percussion creuse de bois fendu venu des Philippines, le khaen, orgue à bouche en pipes de bambou du Laos ou de Thaïlande…: tous ces instruments dans les mains de Jimi Dorling, Joshua Abrams, Ben Vida et Liz Payne véhiculent toute l’humanité dont ils sont conçus et révèlent peut-être aussi des tonalités nouvelles au sein d’orchestrations qui n’ont pas la même finalité que les musiques dites traditionnelles.
Par cet album, Town and Country se dégèle tout en lançant intelligemment et avec une sensibilité personnelle nourrie de musique de chambre, de free jazz, de minimalisme, des ponts entre tradition instrumentale et modernité acoustique.


PCO

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