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Critique

AUK/BLOOD

publié le

Comme Sussan Deyhim ou Sainkho Namtchylak avant elle, Tanya Tagaq Gillis est une musicienne qui se base sur des techniques issues de la musique traditionnelle, mais les dépasse et les transgresse pour créer une musique éminemment personnelle qui, au […]

Comme Sussan Deyhim ou Sainkho Namtchylak avant elle, Tanya Tagaq Gillis est une musicienne qui se base sur des techniques issues de la musique traditionnelle, mais les dépasse et les transgresse pour créer une musique éminemment personnelle qui, au final, n’appartient qu’à elle. Ce rapport fluide à une tradition qui pourrait être lourde et restrictive est ici débordé, enfreint, sans rébellion, mais avec légèreté. Tanya Tagaq est d’origine inuit, elle a grandi à Cambridge Bay, Nunavut mais n’a eu que peu de contacts avec les traditions vocales de sa région, le jeu de gorge inuit de ses ancêtres. Ce n’est que plus tard qu’elle se penchera sur cette tradition et en détournera la pratique pour élaborer son propre style de chant. Là où la coutume du jeu de gorge réclame la présence de deux femmes qui chantent en se faisant face, elle va développer une variante soliste, entremêlant les techniques de chant d’antan et une expérimentation musicale et vocale tout ce qu’il y a de plus contemporain. Cette modernité, cette originalité l’ont amenée à côtoyer d’autres musiciens, plutôt issus de l’avant-garde. Elle a ainsi collaboré avec le Kronos Quartet ou avec Björk, qui l’invitera pour la tournée Vespertine, et pour l’album Medulla. De même ce nouvel album, « Auk/Blood » est un album rempli de collaborations inattendues, comme un morceau avec Mike Patton ou deux avec Buck 65. Si le jeu de gorge était avant tout, comme son nom l’indique, un jeu, Tagaq en fait, elle, une part très importante et très sérieuse de son style musical et le détourne vers l’émotion, vers la part la plus brute, la plus vive de l’expression. C’est son caractère le plus primitif qui l’intéresse ici, celui proche du grognement, du cri, de l’animal. En contrepartie, comme pour contrebalancer par la sophistication la rugosité du chant, la rudesse de la voix, elle emballe ces cris et ces grognements d’arrangements de cordes atmosphériques qui brouillent encore le rapport avec la tradition. Mais la question n’est pas là, la musique de Tagaq est tout entière tournée vers une forme de libération, d’extase sensuelle et s’embarrasse peu de regards en arrière.

Benoit Deuxant

 

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