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Critique

CAN YOU DIG IT? [THE MUSIC AND POLITICS OF BLACK ACTION FILM

publié le

« Can You Dig It ? », compilation (double CD Soul Jazz, 2009)

 

 

Black is beautiful

 

Les années 50 et 60 ont vu arriver de nombreux artistes afro-américains dans le septième art, tels que le jeune Sidney Poitier ou le compositeur Quincy Jones. Petit à petit, ils seront de plus en plus présents sur le grand écran, en dépit des nombreux conflits raciaux qui régnaient alors aux États-Unis. Cela dit, tant l’image positive de l’acteur Sidney Poitier que les actions radicales des Black Panthers étaient plutôt de nature à décontenancer le public afro-américain qui avait bien du mal à se positionner, ne retrouvant sa propre réalité dans aucune de ces deux images. Il faudra donc attendre les années 70 et l’arrivée d’autres artistes - acteurs, cinéastes et musiciens - pour refléter plus justement le quotidien des communautés noires américaines.

La blaxploitation était née !

Alternative noire aux productions hollywoodiennes, ces films d’un genre nouveau ne proposaient pas seulement des histoires plus proches d’une certaine réalité sociale, mais aussi - et surtout - des bandes-son dans l’air du temps composées et interprétées par des artistes engagés et peu adeptes de la langue de bois, contrairement aux musiques politiquement correctes entendues à Hollywood.

C’est le chanteur-réalisateur Melvin Van Peebles qui ouvre la voie en 1970 avec Watermelon Man, comédie plutôt kafkaïenne dans laquelle un Blanc se réveille un matin dans la peau d’un Noir, un thème que reprendra Étienne Chatiliez pour son Agathe Cléry en 2008.

Dès 1971, la blaxploitation devient un véritable phénomène par le biais de Gordon Parks dont le polar Shaft deviendra culte: avec sa bande originale irrésistible qui vaudra à son compositeur, Isaac Hayes, trois Grammy Awards et l’Oscar de la meilleure musique de film, le succès de Shaft poussera les studios de la MGM à produire deux suites (et la Paramount à en faire un remake en l’an 2000), mais c’est du côté des productions indépendantes qu’il faudra chercher les meilleurs films, et surtout les meilleures musiques originales, comme celles de James Brown pour Black Caesar et Slaughter’s Big Rip-Off ou encore Curtis Mayfield pour Superfly, où soul, funk et jazz cohabitent avec charme et sensualité.

Il n’est d’ailleurs pas étonnant que le label Soul Jazz se soit penché sur les meilleures années des « Black Action Films » avec la compilation Can You Dig It ?

Depuis ses débuts en 1990, la petite compagnie britannique s’est toujours penchée avec joie et savoir-faire sur toutes sortes de curiosités issues principalement des musiques noires, aussi ne pouvait-elle pas faire l’impasse sur ce phénomène. Sur deux CD et un livret de 100 pages, le label rend hommage à celles et ceux qui ont fait de ce mouvement un véritable culte: de Roy Ayers à Bobby Womack en passant par Marvin Gaye, Willie Hutch et Solomon Burke, la sélection est impeccable d’un bout à l’autre et donnera sans aucun doute envie au néophyte d’explorer davantage l’importante discographie blaxploitation et ses perles telles que Shaft, Across The 110th Street ou Sweet Sweetback’s Baadasssss Song.

 

Catherine Thieron

 

Pour aller plus loin : la blaxploitation et la disco dans les musiques de films

 

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