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Critique

PEULS WODAABE, CHANTS DU WORSO

publié le

Disque exceptionnel, de par sa rareté et le sérieux avec lequel il aborde cette tradition d’un peuple nomade qui ose enfin exhiber ses chants et danses sur nos scènes. Peuple emblématique de ce qu’est l’élevage transhumant, les Wodaabe sont liés à […]

Disque exceptionnel, de par sa rareté et le sérieux avec lequel il aborde cette tradition d’un peuple nomade qui ose enfin exhiber ses chants et danses sur nos scènes. Peuple emblématique de ce qu’est l’élevage transhumant, les Wodaabe sont liés à l’existence du zébu, ils vivent avec les saisons et se déplacent avec un bagage d’une légèreté effarante qui trimballe pourtant une multitude de sens. Une fois par an, ils se rassemblent pour le worso, rite annuel où l’on célèbre mariages et naissances, où l’on règle les différends et où les jeunes dansent pour courtiser les filles. Cette pratique est un culte de la beauté physique. Les hommes se maquillent, les couleurs étant différentes selon les danses. Ils se parent de bijoux et d’autres artifices précieux et dansent des jours et nuits durant. Le dernier jour est réservé au gereol qui se termine avec l’élection par les jeunes filles du plus beau jeune homme de l’année. De tous les spectacles qu’il me fut donné de voir, celui-ci fut sans doute un des plus impressionnants et bouleversants, même s’il se déroulait sur une scène européenne, ce qui ne faisait d’ailleurs qu’augmenter le côté bouleversant de la prestation. Voir ces hommes rouler des yeux, les écarquiller, montrer leurs dents blanches, tourner la tête en tous sens, offrir de larges sourires, s’avancer l’un après l’autre, onduler légèrement, développer ce sens incroyable de la mise en valeur du corps, les voir chanter ces chants lancinants, sortes de polyphonies (notamment le tuilage) est une expérience à ne pas manquer si vous en avez l’occasion. Les écouter sur un CD entier, pour la première fois (Playasound en offrait une séquence sur le PS65009) est un événement dans l’histoire du disque. Le chant a capella est simple et complexe à la fois, rude et d’une beauté semblable à leur danse presque immobile, à leurs corps suggestifs sans être nus. Chants à réponses entre leaders et chœur, bourdons insistants, claquements ? des mains, martèlements ? des pieds, cris à contretemps font osciller les différentes danses entre ambiance lentement chaloupée et parade rythmée. Un must pour une discographie africaine.
Etienne Bours

 

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