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Critique

THERE WILL BE BLOOD

publié le

Voilà un film qui aura fait couler beaucoup de salive au sein de notre rédaction avant même que la moindre goutte d’encre ne se soit échappée de nos stylos.

 

Voilà un film qui aura fait couler beaucoup de salive au sein de notre rédaction avant même que la moindre goutte d’encre ne se soit échappée de nos stylos.
« Film sympatoche » pour les uns, « supercherie cinématographique » pour les autres, nous sommes néanmoins tombés d’accord pour dire qu’il n’y avait sans doute pas de quoi le porter aux nues.
D’ailleurs, pour sa sortie en DVD, on n’allait pas se priver !

Du roman d’Upton Sinclair, sobrement intitulé Oil, au film There will be blood, la modification du titre annonce un surcroît d’ambition qui, au final, le dénature par ce que les Grecs dénonçaient déjà sous le nom d’ubris. De fait: tout n’est qu’excès, dans ce film dont on expie chaque longue minute. A commencer par le jeu grandiloquent du trop célébré Daniel Day-Lewis. En réalité, il se montre à ce point acteur qu’on ne voit plus le personnage derrière son grand corps claudicant et ses véhéments discours copieusement postillonnés. Le reste de la mise en scène est à l’avenant, dépourvue de la moindre subtilité, aussi tonitruante qu’une symphonie de tambours et de cuivres, succession de vignettes qui clignotent et fatiguent : beaux paysages, morceaux de bravoure, orages émotionnels. Temps forts / temps morts. Sans oublier – mais c’est si limpide, n’est-ce pas? – l’indispensable métaphore de l’Amérique d’aujourd’hui, construite sur le sang de la terre (le pétrole) et le sang humain, violente, régressive, coupable: amen. Pour conclure, on se permettra un poncif à la mesure de cevaniteux chef d’œuvre: le mieux est l’ennemi du bien.

Catherine De Poortere

 

 

Pétrole et superstition

1Un soir de blues carabiné, je me suis assise devant mon écran pour regarder les deux heures et demie de « There will be blood ». Bien entendu (parce que j'en vois déjà qui ricanent), je ne m'attendais pas à la légèreté de «  Punch-Drunk Love », ni à l'univers débridé de «  Boogie Nights », mais ayant aimé tous les films de P.T.A. jusque-là (ajoutez à ceux mentionnés ci-dessus «  Hard Eight » et «  Magnolia »), je ne pouvais pas passer à côté de celui-ci qui m'avait déjà filé sous le nez lors de sa sortie en salle.

Une séance de rattrapage, pour ainsi dire.

Et puis, Jonny Greenwood aux commandes musicales, ça ne pouvait pas me laisser de marbre puisque, parallèlement à ses activités au sein de Radiohead, il s'est également illustré ces dernières années dans la composition avec, d'une part, la magnifique bande son de « Bodysong» en 2003, et d'autre part, en étant compositeur résident à la BBC en 2004.

Cette première incursion à Hollywood lui valut d'ailleurs d'être primé à la Berlinale 2008.

En parlant de prix, « There will be blood » n'en a pas manqué puisque Paul Thomas Anderson repartit avec l'Ours d'Argent à cette même Berlinale, Daniel Day Lewis recevant pour son rôle l'Oscar 2007 et le prix de la British Academy of Film and Television Arts en 2008.

Mais assez parlé du flacon, venons-en à l'ivresse: creusant son trou dans le milieu dès 1898, le chercheur d'or noir Daniel Plainview (impeccable Daniel Day Lewis) sillonne les Etats Unis à la recherche de nouveaux gisements, usant de méthodes parfois un peu cavalières comme tout commerçant qui se respecte. Se considèrant lui-même comme « pétrolier » (même si le terme anglais « oil man » me semble plus parlant) et « homme de famille » (« family man »), il ne manque pas de présenter son fils à peine sorti des couches comme son principal associé.

Arrivé en Californie pour effectuer de nouveaux forages, il se retrouve nez-à-nez avec une communauté bigote menée par le prêcheur Eli Sunday (excellent Paul Dano que l'on avait découvert dans « Little Miss Sunshine »).

Coups bas, mensonges et violence se succèderont jusqu'au face à face final.

« There will be blood » a quelque chose d'une success story à l'américaine, avec tout ce qu'elle peut comporter de graveleux, et son personnage principal est finalement assez proche de Howard Hugues dans «  Aviator ». Rattrapés par leur solitude, ces hommes d'ambition finissent par dégringoler de leur piédestal malgré toute une armée de domestiques et une fortune à ne plus savoir qu'en faire – à la différence qu'ici, Plainview semble totalement dénué de scrupules, n'ayant confiance en rien ni personne si ce n'est en lui-même.

D'ailleurs, le « coup de théâtre » annoncé par Le Soir au dos de la jaquette s'inscrit, selon moi, dans la logique de l'histoire et du personnage. Pas de quoi me clouer sur ma chaise.

La musique de Jonny Greenwood ne fait qu'ajouter à cette grandeur et décadence, mais les climats dramatiques ne m'ont pas toujours parus très adaptés au propos.

D'un point de vue technique, je n'ai rien à redire: P.T.A. est et reste un grand cinéaste avec une direction d'acteurs aux petits oignons, une photo superbe et des paysages à tomber par terre.

Comme remède anti-blues, j'ai vu mieux. C'est peut-être pour ça que je n'ai toujours pas ressorti le dernier Portishead.

La prochaine fois, je préfèrerai sans doute revoir « L'âge d'or du X » ou danser sur Datarock

Catherine Thieron

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