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Critique

LYCANTHROPY

publié le

Un mot, juste : adolescence. Enfin, ai-je presque envie de dire. À l'heure où tout, commercialement, tourne autour de cette période de l'existence, où tout (et la musique ne fait pas exception) est fait pour les jeunes, mais non par eux, dans un but […]

Un mot, juste : adolescence. Enfin, ai-je presque envie de dire. À l'heure où tout, commercialement, tourne autour de cette période de l'existence, où tout (et la musique ne fait pas exception) est fait pour les jeunes, mais non par eux, dans un but inavoué mais mal dissimulé de les soumettre, de les conditionner pour leur vie et leur épanouissement futur, Patrick Wolf fait figure d'exception. Tout est là pourtant de la rock'n roll star. Un mot rapidement sur sa biographie, le mythe qu'il essaie de construire (ou que les maisons de disque essaient de construire, autour du personnage, du produit) : fuite du cocon familial, errance, musique et gloire (enfin… ?), le schéma est bien connu. Les paroles un peu naïves parlent de tout ce qu'il est bon d'attendre : les amours douces amères, la solitude, la révolte et même des formules chocs, à scander ou écrire sur les bancs d'école (dans Bloodbeat par exemple : My blood beats black tonight ! / No need for comfort / No need for light).
Mais alors pourquoi donc Patrick Wolf est-il si différent des pops stars qui peuplent les murs des chambres des adolescents ? C'est qu'il donne l'impression de ne pas maîtriser ces paramètres, comme s'ils parlaient pour lui sans qu'il ne s'en rende compte. En fait, son travail est ailleurs. Il veut partir sur des terres inconnues, et y travaille, tantôt au violon, tantôt à la guitare, au piano ou à la programmation. Finalement ses chansons parlent d'autre chose et en ce sens sont tout sauf le stéréotype de l'adolescence trop souvent véhiculé par la musique populaire. Au fait, peut-être Patrick Wolf et sa candeur dérangent-ils ? Serait-il quelque part par ignorance et implication dans sa musique (parce qu'on sent malgré ses influences variées, une unité, une voix) contestataire ? S'il est connu et adulé, c'est d'un petit nombre. Son label, intéressant au demeurant (avec des groupes comme Xiu Xiu, les Georges Leningrad, Rafaël Toral entre autres), n'est ni un major ni un label important à l'heure actuelle dans le milieu pop-rock.
Qu'est-ce qui cloche et fait obstacle à cette gloire qu'on sent vouloir poindre en lui comme une excroissance ? Son intelligence ? Cela ne m'étonnerait pas. Cette qualité se retrouve dans ses compositions, complexes dans leurs arrangements, leurs textures. Plaisantes, elles mélangent musique électronique et acoustique. Il y a aussi des clins d'yeux qui ne trompent pas (la chanson To the lightouse, en référence au roman éponyme de Virginia Woolf, tiens, tiens). Bref, si Patrick Wolf, du haut de ses vingt-trois ans, est un adolescent, c'est au même titre que Serge Gainsbourg ou Boris Vian qui, par leur culture et leur curiosité, posaient à leur manière un regard amusé et grave sur l'époque dans laquelle ils vivaient. Crions-le sur tous les toits !


MC

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