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Critique

TORREMOLINOS 73

publié le

On le voit de plus en plus souvent, le cinéma espagnol de qualité ne se résume pas uniquement aux films de Pedro Almodovar. Pour preuve, ce premier long métrage signé Pablo Berger est un vrai petit trésor de jouissance à plus d'un titre.

On le voit de plus en plus souvent, le cinéma espagnol de qualité ne se résume pas uniquement aux films de Pedro Almodovar. Pour preuve, ce premier long métrage signé Pablo Berger est un vrai petit trésor de jouissance à plus d'un titre.
Alfredo Lopez est colporteur, travaillant pour une société qui vend des encyclopédies. Son métier n'est ni des plus lucratifs, ni des plus faciles, surtout lorsqu'il pleut des cordes et que les portes vous claquent au nez les unes après les autres. Heureusement pour Alfredo, une fois le soir venu, le cauchemar est presque terminé. Il ne lui reste qu'à subir une dernière humiliation face à sa propriétaire qui lui réclame le loyer et il peut enfin rentrer chez lui et retrouver sa femme Carmen qui l'attend avec un bon repas chaud. C'est qu'ils s'aiment ces deux là et qu'ils seraient le plus heureux des couples si seulement ils pouvaient avoir un enfant. Les fins de mois étant ce qu'elles sont, la perspective d'élever un bébé est reportée à plus tard. C'est alors que la roue semble tourner pour les Lopez quand Alfredo apprend qu'il a l'occasion de voir augmenter son salaire de façon plus que substantielle. Pour cela, son employeur lui demande tout simplement de filmer ses ébats amoureux avec sa propre femme sous couvert d'une étude scientifique commandée depuis la Suède. Alors, si l'amour n'a pas de prix, le filmer en a un, lui! Très vite, le couple Lopez se prend au jeu et Alfredo, développant un certain talent à mettre en scène ces petites séquences, se met en tête d'écrire un scénario pour un long métrage.
Torremolinos 73 est une très bonne surprise arrivée en DVD. Pablo Berger signe et réalise un premier film original, piquant et ne tombant jamais dans la vulgarité. Il s'amuse, et nous amuse, avec ce couple transformé en acteurs de film porno. Le film bénéficie d'une coproduction hispano-danoise, une première dans l'histoire du cinéma, ce qui explique la présence de l'excellent acteur danois Mads Mikkelsen vu dans Green Butchers ou plus récemment Adam's Apples (tous deux de Anders Thomas Jensen). Et comme si une surprise ne suffisait pas, là où l'on s'y attend le moins, le film prend tout à coup une tournure beaucoup plus dramatique et profonde. Car au-delà des différentes situations comiques engendrées par la vision des petits films pornos amateurs et de cette ambiance kitch des années 70, il y a aussi l'histoire d'un pays encore sous le régime franquiste, d'un homme qui réalise son rêve à n'importe quel prix, d'une femme prête à tout pour avoir un enfant.
Il faut le voir pour le croire, mais il y a du Ingmar Bergman dans ce film.


Brigitte Segers

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