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Critique

A71

publié le

Chevaux fous

 

 

Chevaux fous

 

Étrange, parfois, comme la mode ne peut être qu'un éternel recommencement: à l'heure où les magazines de papier glacé ne jurent que par les pin-up, la route d'un revival rock'n'roll pourrait bien passer par l'A71, l'autoroute Clermont-Ferrand/Paris qui donne son titre au premier album de Mustang.

Fidèle au traditionnel schéma basse-batterie-guitare, le trio clermontois passe avec brio soixante ans de culture musicale à la moulinette : du rock'n'roll aux yéyés en passant par de subtiles touches électroniques, Mustang se déchaîne tel un cheval fou sur des mélodies diablement accrocheuses et des textes délicieusement naïfs dans un esprit 100% pur punk, car il faut bien l'être un peu pour s'essayer à ce genre d'exercice à l'heure actuelle. C'est d'ailleurs d'autant plus étonnant que Jean Felzine (chant, guitare), Johan Gentile (basse) et Remi Faure (batterie) n'ont que la petite vingtaine et, déjà, une maturité musicale surprenante par la grâce de la médiathèque municipale de Clermont-Ferrand où les jeunes gens empruntaient de la musique des années 50 et 60.

mustangÉvitant avec élégance de tomber dans la parodie, ces trois garçons plein d'avenir prennent toutes les tendances à contre-pied, se moquant bien de l'air du temps. Et c'est sans doute ce qui fait de cet A71 un album frais et entier : Mustang multiplie les influences tout en restant à chaque instant d'une authenticité déconcertante, que le trio raille gentiment ses contemporains (Le Pantalon), lorgne sur Nino Ferrer période Mirza (Pia Pia Pia) ou rende un vibrant hommage à maman comme put le faire en son temps le King (Maman Chérie). Si les textes peuvent prêter à sourire, ils sont tellement en adéquation avec l'énergie musicale que jamais ils ne sombrent dans le ridicule, ce qui, en chanson française, n'est pas une mince affaire ! Le groupe a eu le bon goût de ne pas être un imposteur de plus à l'heure de la mondialisation, revendiquant avec force ses origines tant linguistiques que musicales. Il est d'ailleurs intéressant de noter que Jean Felzine commença par traduire des chansons américaines lorsqu'il se mit à écrire – Je M'Emmerde n'est d'ailleurs rien d'autre qu'une variation sur le 1969 des Stooges.

Variété des temps modernes, A71 a le mérite d'être un album original et audacieux en cette période de soupes indigestes. Un album rare qui, espérons-le, permettra à ses prometteurs géniteurs de faire une belle et longue carrière.

Catherine Thieron

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