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Critique

« Mirano 80. L’espace d’un rêve », un film de Thomas Purcaro Decaro et Luc Jabon

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Un documentaire revient sur la grande aventure humaine qui a entouré ce lieu mythique des soirées bruxelloises, le Mirano Continental. A travers des images d'archives et des entretiens avec les différents.es protagonistes de cette épopée, le film permet de remettre en lumière une diversité pluridisciplinaire sous influence new-yorkaise et parisienne à laquelle est venue se greffer une programmation assez singulière à la sauce belge. Une immersion salutaire et inspirante au sein d'un microcosme hétéroclite d'artistes et de programmateurs.trices qui ont su faire de ce Bruxelles des années 1980 une plaque tournante pour des créateurs.trices à l'imagination débordante.

C'est dans l'effervescence culturelle et sociale des années 1980, sur les cendres encore tièdes d'un ancien cinéma situé dans la commune de St Josse que naquit le Mirano Continental. Ce fut d'abord à l'initiative d'une bande d'amis qui se lancèrent quelques années plutôt dans l'organisation de soirées qu'une boite de nuit nommée Le Canotier fit son apparition. Le lieu accueillit des concerts à un rythme soutenu, on put ainsi y voir des artistes comme Jonathan Richman, Cherry Vanilia, les Flamin’ Groovies ou encore les Stinky Toys (le premier groupe d’Elli Medeiros et de Jacno). Les formations belges furent aussi présentes quoique dans une moindre mesure. On note le passage, à plusieurs reprises, d’Hubble Bubble, le groupe punk au sein duquel Plastic Bertrand fit ses premiers pas en tant que batteur. Parfois, le Canotier n’hésite pas ouvrir ses portes à des aventures avant-gardistes. Ainsi Wayne County (qui se rebaptisera Jayne County), la première chanteuse rock transsexuelle, issue du courant glam punk avec son groupe The Electric Chairs, y effectue un détour. Plus inspiré par le Studio 54 de New York ou Le Palace parisien c'est pratiquement la même équipe qui allait cette fois s'approprier un nouveau lieu hors norme. Dès l'ouverture de cette toute nouvelle discothèque, le 25 mars 1981, le Mirano deviendra durant quelques années le lieu de rencontres de toutes les forces vives créatrices au sein d'un paysage bruxellois qui à l'époque était encore socialement et en terme d'activités plus proche d'une ville de Province que de la Région de Bruxelles-Capitale telle que nous la connaissons aujourd'hui.

Très rapidement ses fondateurs sont convaincus que le Mirano devra se démarquer par la création musicale via des DJ novateurs et par une mise en scène d'installations et de décors hors normes. C'est ainsi qu'au gré de différentes thématiques certaines soirées feront date comme "la soirée romaine" et "la soirée sauvage". A chaque fois un public assez sélect et trié sur le volet répond présent et participe par des déguisements toujours plus excentriques à la réussite de ses soirées. Le spectacle est sur la scène mais surtout et avant tout au sein même du public ! Le Mirano Continental a ainsi vu défiler des centaines d'évènements, souvent d'envergure internationale. De nombreux artistes et créateurs.trices, tous domaines confondus et provenant d'horizons divers et variés ont rendu palpable l'évolution des modes musicales (Funk, Disco, Synthpop, New Wave, New Beat,...), vestimentaires et technologiques de cette période charnière bien avant le basculement dans l'ère numérique. Les réalisateurs de ce documentaire (Thomas Purcaro Decaro et Luc Jabon) ont su capter les témoignages de l'équipe fondatrice tout en questionnant des créateurs.tirces et des programmateurs.trices qui ont participé à l'édification de ce lieu assez hors normes. Moins underground et arty que le Plan K (situé rue de Manchester à Molenbeek), le Mirano se différenciait en tant qu'espace d'émancipation entre autres en faveur de la communauté homosexuelle dans son ensemble. Le lieux aura été une sorte de laboratoire à inventivité pour la musique, le design, la mode, le théâtre, les concerts et les soirées plus dancefloor. On notera toutefois une forme de délitement progressif de cet état d'esprit où l'insouciance et la spontanéité ont hélas très vite laissé place à un formatage dans lequel la rentabilité et un certain confort ont finalement pris le dessus sur l'avant-garde et la curiosité des débuts.

Au final, le film fait la part belle aux images d'archives rythmées par l'utilisation des musiques de l'époque qui sont le véritable fil rouge de ce documentaire qui permettra peut-être au monde de la nuit actuellement en souffrance suite à la crise sanitaire de se réinventer et d'aller puiser dans une forme de spontanéité très Do it yourself un renouveau qui lui permettrait de se réapproprier de nouveaux espaces de libertés.


David Mennessier

image de bannière tirée du documentaire / (c) Image Création productions


Mirano 80. L'Espace d'un rêve sur Auvio

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