Originaire de la petite île Ngor au large de Dakar au Sénégal, Magou intègre à sa musique toutes les influences traditionnelles de la musique de l’Afrique de l’Ouest et les registres musicaux du Sénégal actuel. Entre folk, musique mandingue traditionnelle, accents mbalaax et salsa, il promène sa voix rauque sur les accents de sa guitare et chante les préoccupations sociales d’une bonne partie de ses concitoyens. Chantre actuel d’une Afrique exsangue dont le seul regard, que souvent nous lui portons, relève encore de trop d’exotisme. En woloof, mais aussi en français, dans la pure lignée des griots, il soulève les questionnements par un premier titre révélateur. « Africa Yewul » (réveille-toi) n’est autre que l’appel lancé à la conscience devant l’urgence. Textes engagés, sur mélodies attrayantes voilà la force. Les airs s’enchaînent avec allégresse entre folk bluesy et salsa mandingue matinée de kora. Parfois la voix se fait plus puissante, forçant l’écoute et c’est là qu’il nous emmène, l’air de rien, un peu plus loin que des brèves rêveries poétiques Dakaroises.
(Mandingue était un empire qui recouvrait certaines partie du Mali, de la Guinée, du Burkina Faso, de la côte d’Ivoire au XI)

Brigitte Lebleu