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Critique

SYMPHONIE 9

publié le

La Neuvième est de retour, inouïe !

 

La Neuvième est de retour, inouïe !

krivine« La Neuvième » l’œuvre intemporelle par excellence, l’immensité musicale promettant le ridicule éternel au commentateur inexpérimenté. Tout a été dit, que reste-t-il à découvrir après tant de discours et d’interprétations, tant d’extases et de superlatifs, tant d’hommages et reprises cinématographiques, tant d’hymnes et de sauces montées « à la neuvième » !? C’est là la richesse du classique où l’infini des nuances disponibles de la lecture n’est jamais épuisé et peut toujours, par magie, révéler un monument sous un angle inattendu, le dépouiller de ses attributs monumentaux et libérer sa respiration palpitante originelle. C’est ce qui se passe avec Krivine et La Chambre Philharmonique, ensemble au fonctionnement particulier qui consacre beaucoup de temps à entretenir le désir de musique, par l’étude, la lecture, l’échange, la réflexion. Chaque partition est abordée comme un monde à (re)penser de fond en comble. « La neuvième » est rajeunie, rapprochée, on peut à nouveau la tutoyer ! L’excitation à se jeter dans ses vagues, sa puissance et ses turbulences, est toute neuve. Krivine a su déjouer la grandeur stéréotypée attribuée à l’ultime symphonie de Beethoven, sa redoutable martialité métaphysique, ses certitudes assénées. Sa version est plutôt animée d’une pulsation entre doute et affirmation, soit une humanité retrouvée. L’œuvre est vraiment incroyable et impossible à embrasser d’un seul commentaire. Mais, après une écoute globale, on peut nouer des histoires singulières avec de multiples passages précis. Ainsi, la cavalcade haletante du deuxième mouvement, une sorte de marche en avant résolue, solaire, fougueuse souvent jouée comme uniquement conquérante et irrésistible. Avec Krivine, l’exaltation beethovénienne décochée d’un trait, cache un point de croix zélé, ailé, un point dépressif, dans le gouffre, un point vers le haut, radieux, selon une dynamique proche du dialectisme hégélien. Agitation fascinante. J’ai un faible pour les premières minutes du troisième mouvement où le compositeur organise un ressac indistinct dans le ruissellement entrecroisé de phrases ébauchées, lumière irisée et atmosphère réconfortante. C’est un refuge immatériel où germent les forces fragiles d’une renaissance, c’est juste posé et, par touches successives, on assiste au flux vulnérable d’une aube mélodique, si évidente qu’elle semble se former dans les neurones de l’auditeur et irradier tout autour. La chair de poule romantique qui a fait crier au divin n’est jamais loin ! Sans restaurer l’antinomie entre musique savante et non savante, il y a une richesse de formulation – raffinement du vocabulaire et de la syntaxe – qu’il faut faire « toucher » à ceux et celles qui n’y ont jamais prêté attention. Par exemple, pour faire vague et vaste, « les nouvelles générations » !

PH

 

 

 

 


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