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Critique

KPT.MICHIGAN

publié le

Sélection du mois de février 2005 > Gros plan sur...


Le plus captivant dans ce disque, c'est la combinaison de sensibilités musicales radicalement différentes voire antagonistes, parfois d'une plage à l'autre, mais le plus souvent au sein du même morceau. Rapprochement ou confrontation de rythmiques à la fois robotiques et désuètes, un brin boogie woogie électro , section rythmique me rappelant l'un des groupes autrichiens les plus étonnants qui soient, Attwenger, confrontation donc avec un multiple jeu de guitares, d'une part électrique fuzz jusqu'aux coudex, bourrée de feedback à dégommer tout mélomane qui se respecte, d'autre part acoustique très agréable par sa douceur et sa sobriété, un peu plus rare malheureusement, ou encore, répétitif et dégageant les harmonies chères aux minimalistes. Combinaison complexe qui intègre aussi une écriture pop adroite et sensible, dont les mélodies franches ne sont pas sans rappeler les Beatles, les Beach Boys, Syd Barrett et Beck pour ne citer que des noms commençant par la lettre B. Combinaison inattendue incluant une sorte d'automutilation musicale sous forme d'assauts électroniques noise dont l'ampleur et les textures rappellent carrément Merzbow. Des façades de beau bruit qui s'ouvrent çà et là sur des structures plus fines et un usage plus harmonieux, plus pop du sampling.
C'est un album éclectique qui fera inévitablement les frais de ce rejet du compromis et dérangera probablement les amateurs qu'il pourrait facilement ravir par ce recours irrésistible au bruit, à un certain «enlaidissement», à une sorte de sabotage de l'esthétique établie, mélomane, au profit d'une autre : plus provocatrice. Une sorte de refus de la beauté «facile», de la tranquillité.
Prenez Some People Cry, on dirait du Beck au mieux de sa forme pour ce qui est du rif acoustique et des paroles, mais ce genre de petites mélodies jaillissent sans prévenir hors des «scories électroniques» comme les nouvelles pommes de terre que l'on récolte dissimulées au fond d'un sillon boueux.
Don't Time Fly ? combine cette rythmique amusante et mécanique, une sorte de caisse claire doublée d'une basse, avec un chant doux ramené à une phrase où vient se greffer une guitare électrique frottée façon Velvet Underground ou Tony Conrad.
Alliance tout au long de l'album de cet esprit pop, ce souci de la mélodie simple et attachante, de rythmiques débonnaires et de son destructeur. The Summer Sessions , plage introduite par une alternance de silence craquelé et de démesure électronique, révèle ensuite une tendre atmosphère folk conçue autour de trois accords acoustiques.
Les influences 60's, rock psychédélique et songwriting rapprochant Donovan et Syd Barrett (toutes proportions gardées) sont contrebalancées, noyées ou émergent d'un amour pour la démesure sonore et pour un minimalisme qui prend différentes formes, la plus émouvante résidant peut-être dans la plage 8 Evry noW and theN, combinaison de piano, de craquements de vinyles et de souffles.
Un album risqué, inégal, ambitieux, vilain petit canard boiteux qui a tout pour plaire et déplaire.
Un petit bijoux imparfait comme on les aime de ce côté-ci du réseau.
Michael Beckett, musicien basé en Allemagne, incarne principalement Kpt. Michigan. Le premier album de ce projet s'appelle Player Player , sorti en 2003 sur Aesthetics Recordings. Label à suivre en matière de productions « rock » parallèles : L'Altra, Windsor For The Derby, Pulseprogramming, The Eternals…
Michaell Beckett a un projet en cours avec Köhn, musicien belge passionnant, sous le nom de Superb Reverb et il joue aussi dans le groupe rock Beautiful New Born Children.
Signalons enfin que Schneider TM, dont la réputation n'est plus à faire en électro, joue sur ce second album de Kpt. Michigan en compagnie d'autres musiciens non-identifiés.
(Pierre-Charles Offergeld, Liège)

 

 

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