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Critique

BLACK BLUES [VERSION ÉLECTRIQUE]

publié le

« Guitar-hero » ou « anti-hero » ?

« Guitar-hero » ou « anti-hero » ? Avec Keiji Haino, les deux à la fois. Il a ce brillant démonstratif, audacieux, cette manière de s'élancer, en prenant des risques, vers des figures rares. Et en même temps, ce plaisir de se saborder, rabaisser, faire des coups tordus, saloper le travail avec un feeling de samouraï ! Avec Keiji Haino, de même que la voiture la plus inoffensive, poussée à bout, peut devenir un bolide de mort, la moindre ballade se transforme en épopée excessive, diabolique. Associant les traditions des instruments à cordes japonais (shamisen, répertoire de cours ou de geishas) aux archétypes du blues et aux morceaux de bravoure psychédéliques, il joue dans l'outrance. Guitare éviscérée. Le chant dégueule une part d'ombre excessive, c'est de l'encre noire, très noire, qui déborde, éclabousse comme de l'acide. Théâtral, convergence entre les vocaux légendaires de la musique pop et offices shamaniques, aux confins de pratiques d'exorcisme. Écorché vif. On peut sans doute y voir une filiation avec la violence sociale recrachée jadis par les mouvements artistiques japonais, après la guerre, et qui s'inscrivaient dans un interventionnisme néo-dada… Keiji Haino a une discographie importante, disponible à la Médiathèque. Le recours à l'outrance ne doit pas conduire à amalgamer toutes ses productions : l'écoute permet de déceler des finesses, des nuances, des directions différentes, une complexité de la démarche. Sa notoriété, la reconnaissance dont il jouit (notamment sur la scène new-yorkaise où Thurston Moore le classe parmi les guitaristes ‘performers' les plus impressionnants, ne permet pas non plus de trop vite l'excommunier dans le « n'importe quoi ».

( Pierre Hemptinne, Charleroi )

 

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